La France va retirer plus de 2 000 soldats du Sahel africain | Nouvelles du monde


Par ANGELA CHARLTON et CARLEY PETESCH

PARIS (AP) — La France retirera plus de 2 000 soldats d’une force anti-extrémisme dans la région du Sahel en Afrique d’ici le début de l’année prochaine et fera plutôt pivoter sa présence militaire vers des forces régionales spécialisées, a déclaré vendredi le président Emmanuel Macron.

Macron a annoncé le mois dernier une future réduction de la présence militaire de la France, arguant qu’elle n’est plus adaptée aux besoins de la région. La force française Barkhane, opérant au Mali, au Tchad, au Niger, au Burkina Faso et en Mauritanie, avait également rencontré l’opposition de certains Africains.

Après des discussions vendredi avec les dirigeants des pays africains concernés, Macron a annoncé que la France réduirait ses effectifs à 2.500 à 3.000 hommes sur le long terme. Le pays compte actuellement 5 000 soldats dans la région.

Le dirigeant français a insisté sur le fait que son pays n’abandonnait pas ses partenaires africains et continuerait à les aider à combattre les groupes liés à Al-Qaida et au groupe État islamique.

Caricatures politiques sur les dirigeants mondiaux

Caricatures politiques

« La France n’a pas la vocation ou la volonté de rester éternellement au Sahel », a déclaré Macron. « Nous sommes là parce qu’on nous a demandé d’être. »

Les troupes françaises sont présentes au Mali depuis 2013, lorsqu’elles sont intervenues pour forcer les rebelles extrémistes islamistes à quitter le pouvoir dans les villes du nord du pays. L’opération Serval a ensuite été remplacée par Barkhane et a été élargie pour inclure d’autres pays dans le but d’aider à stabiliser la région du Sahel dans son ensemble.

Les militants islamiques, cependant, ont continué à lancer des attaques dévastatrices contre les militaires qui les combattent ainsi que de plus en plus contre les civils.

Des centaines de personnes sont mortes depuis janvier dans une série de massacres visant des villages à la frontière du Niger et du Mali.

Alors que les gouvernements du Sahel ont adopté l’aide militaire de la France, certains critiques ont comparé leur présence à un vestige de la domination coloniale française.

La France se concentrera au cours des six prochains mois sur le démantèlement de l’opération Barkhane et la réorganisation des troupes, a déclaré Macron.

L’armée française fermera les bases de Barkhane à Tombouctou, Tessalit et Kidal dans le nord du Mali au cours des six prochains mois, et commencera à reconfigurer sa présence dans les semaines à venir pour se concentrer particulièrement sur la zone frontalière agitée où se rencontrent le Mali, le Burkina Faso et le Niger.

Le président nigérien Mohamed Bazoum, s’exprimant aux côtés de Macron, a salué le soutien et la formation militaires français, mais en termes africains.

« L’essentiel est que la France maintienne le principe de son soutien, de sa coopération et de son soutien aux forces armées de nos différents pays. Nous avons besoin que la France nous donne ce que nous n’avons pas. Nous n’avons pas besoin que la France nous donne ce que nous avons déjà », a-t-il déclaré, sans plus de précisions. Il a reconnu les défaillances des forces armées locales mais a également salué leur courage dans la lutte contre les extrémistes.

La présence militaire de la France à l’avenir se concentrera sur la neutralisation des opérations extrémistes et le renforcement et la formation des armées locales, a déclaré Macron. « Il y aura aussi une dimension de réassurance (…) pour rester en permanence prêt à intervenir rapidement en appui des forces partenaires », notamment via l’aviation militaire du Niger et du Tchad.

Cette nouvelle structure « nous semble mieux répondre à l’évolution de la menace », a-t-il déclaré. Une fois la réorganisation terminée, a-t-il déclaré, « l’opération Barkhane sera fermée ».

Certains experts affirment que la décision de la France pourrait être liée à l’instabilité politique croissante au Mali.

L’annonce de Macron en juin est intervenue quelques jours après que le chef du coup d’État au Mali, le colonel Assimi Goita, a prêté serment en tant que président d’un gouvernement de transition, renforçant son emprise sur le pouvoir dans la nation ouest-africaine après avoir effectué son deuxième coup d’État en neuf mois.

Fin juin, le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté à l’unanimité une résolution prolongeant la mission de maintien de la paix de l’ONU au Mali, ravagé par la crise, et a déclaré qu’il était « impératif » que le gouvernement militaire organise des élections présidentielles et législatives comme prévu en février prochain.

Le conseil a maintenu les plafonds de la force de l’ONU à 13 289 soldats et 1 920 policiers internationaux, mais il a demandé au secrétaire général Antonio Guterres de faire une recommandation sur le niveau de force compte tenu des niveaux croissants d’insécurité et de violence physique contre les populations civiles du centre du Mali.

Petesch a rapporté de Dakar, Sénégal. Masha Macpherson à Paris a contribué.

Copyright 2021 The Associated Press. Tous les droits sont réservés. Ce matériel ne peut être publié, diffusé, réécrit ou redistribué.

Laisser un commentaire