La France fait face à des perturbations des transports le jour de la grève nationale


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La France a fait face à des perturbations mardi après que les syndicats ont appelé à une grève nationale des transports, alors qu’ils restent dans l’impasse avec le gouvernement à cause de débrayages dans les dépôts pétroliers qui ont provoqué des pénuries de carburant.

Les effets étaient déjà visibles au hub parisien Gare de Lyon tôt mardi, avec des trains de banlieue bondés dégorgeant des flots de passagers sur les quais toutes les 15 voire 20 minutes.

La navetteuse Leonore Lopez a déclaré que son voyage à Paris depuis une petite ville en dehors de la capitale avait pris une heure de plus que d’habitude.

« C’était un peu pénible », a-t-elle déclaré.

La grève plus large intervient après que les travailleurs de plusieurs raffineries de pétrole et dépôts exploités par le géant de l’énergie TotalEnergies ont voté pour prolonger les débrayages.

Leur action revendicative a gravement perturbé la distribution de carburant dans tout le pays, mais particulièrement dans le nord et le centre de la France et la région parisienne.

Les automobilistes se sont précipités pour faire le plein alors que la grève du carburant, qui dure depuis près de trois semaines, paralyse l’approvisionnement d’environ 30% des stations-service françaises et a eu un effet d’entraînement sur tous les secteurs de l’économie.

« Le temps des négociations est terminé »

Le gouvernement du président Emmanuel Macron a utilisé des pouvoirs de réquisition pour forcer certains grévistes à retourner ouvrir des dépôts de carburant, une décision qui a exaspéré les syndicats mais qui a jusqu’à présent été confirmée par les tribunaux.

Le ministre des Finances, Bruno Le Maire, a déclaré plus tôt qu’il était nécessaire d’utiliser des pouvoirs de réquisition pour rouvrir les raffineries et les dépôts.

« Le temps des négociations est révolu », a déclaré Le Maire à la chaîne BFMTV.

« Il y a eu un accord », a-t-il ajouté, évoquant l’accord conclu la semaine dernière entre TotalEnergies et deux syndicats majoritaires, mais que la CGT d’extrême gauche rejette.


Le représentant de la CGT chez TotalEnergies, Eric Sellini, a déclaré à l’AFP que les grévistes se réuniraient mardi soir pour décider de leur prochain déplacement.

Le patron de la CGT, Philippe Martinez, a suggéré lundi que le gouvernement « se mette autour d’une table » avec les syndicats pour discuter d’une augmentation du salaire minimum en France.

Trains annulés

Les syndicats de gauche CGT et FO ont appelé mardi à une grève nationale pour la hausse des salaires, et contre les réquisitions gouvernementales d’installations pétrolières, menaçant notamment de paralyser les transports publics.

Cette action est le plus grand défi des syndicats à Macron depuis qu’il a remporté un nouveau mandat présidentiel en mai.

Le journal Libération a publié en première page une caricature de Macron balayé et accroché au bord d’un mégaphone géant diffusant le message de manifestants en colère.

Les syndicats d’autres industries et du secteur public ont également annoncé des actions pour protester contre le double impact de la flambée des prix de l’énergie et de l’inflation globale sur le coût de la vie.

L’opérateur ferroviaire SNCF connaîtra de « graves perturbations » avec la moitié des services ferroviaires annulés, a déclaré le ministre des Transports Clément Beaune.

À la gare de Toulouse, dans le sud-ouest de la ville, Frédéric Mercier-Handisyde était arrivé deux heures plus tôt pour se rendre à Paris.

« Je pensais qu’il y aurait probablement des perturbations, alors j’ai planifié à l’avance », a déclaré l’ingénieur de 58 ans, tout en ajoutant qu’il soutenait les grévistes.

« Les vrais salaires augmentent »

Un sondage du groupe Elabe a révélé que 39% des Français soutenaient l’action de mardi, tandis que 49% la désapprouvaient.

Le patron de la CGT, Martinez, a déclaré à la radio RTL que ce seraient « les travailleurs qui décideraient » si la grève à la SNCF se poursuivait pendant la période chargée des vacances scolaires de fin octobre.

« Les cheminots sont déterminés à obtenir de vraies augmentations salariales », a écrit sur Twitter Laurent Brun, le patron du syndicat CGT des cheminots.

Les services de banlieue en région parisienne et les services de bus seraient également impactés, a indiqué l’opérateur RATP.

Mais le système de métro de Paris intra-muros semblait en grande partie épargné.

Au-delà des travailleurs des transports, les syndicats espèrent faire émerger du personnel dans des secteurs tels que l’industrie alimentaire et la santé.

Le ministère de l’Education a déclaré que moins de 6% de ses travailleurs avaient débrayé, bien que ce taux ait atteint 23% pour les écoles professionnelles.

Leur action lancera ce qui devrait être un automne et un hiver tendus alors que Macron cherche également à mettre en œuvre sa politique intérieure phare de relèvement de l’âge de la retraite en France.

La pression économique en partie causée par l’invasion de l’Ukraine par la Russie, ainsi que l’échec du parti de Macron à obtenir une majorité absolue lors des élections législatives de juin, ne font qu’ajouter à l’ampleur de la tâche.

(AFP)

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