France : l’inflation remonte, mais reste raisonnable


L’inflation augmente plus fortement que prévu, mais reste raisonnable
Une hausse de l’inflation en février était attendue, mais pas aussi forte. L’inflation en France s’est établie à 3,6% contre 2,9% en janvier (prévision du consensus Reuters à 3,2%). L’indice harmonisé des prix à la consommation (IPCH), important pour la Banque centrale européenne (BCE) et permettant des comparaisons européennes, s’est établi à 4,1% contre 3,3% en janvier. Les prix de l’énergie restent de loin le plus gros contributeur à l’inflation des prix à la consommation (+21% sur un an). Mais les détails montrent que les pressions inflationnistes se généralisent, la croissance des prix des services, des biens manufacturés et de l’alimentation s’accélérant en février. Pour ces différentes catégories de produits, la croissance annuelle des prix reste néanmoins proche de 2 % (1,9 % pour l’alimentation, 2,2 % pour les services et les produits manufacturés).
A l’exception des prix de l’énergie, l’inflation en France reste aujourd’hui raisonnable et en ligne avec l’objectif de la BCE, ce qui n’est pas le cas dans les autres pays européens.
L’inflation en France est plus faible que dans le reste de l’Europe et devrait le rester
Ainsi, même si l’inflation augmente fortement en France, elle reste inférieure à l’inflation dans les autres pays européens. Selon les données de janvier (les dernières permettant des comparaisons car les données de février ne sont pas encore publiées pour la zone euro), l’indice d’inflation harmonisé est plus faible en France (3,3%) que dans tous les autres pays de la zone euro (5,1% en moyenne) . Cet écart entre la France et ses voisins européens s’explique principalement par les prix de l’énergie, qui n’ont pas autant augmenté en France qu’ailleurs (voir graphique ci-dessous). Cela est dû aux actions mises en place par le gouvernement français pour limiter l’impact de la hausse des prix de l’énergie sur les ménages, notamment le « bouclier tarifaire » qui verrouille le prix du gaz à son niveau de 2021.

Par ailleurs, le plafonnement du prix de l’électricité à une hausse maximale de 4 % en 2022 joue également un rôle important : la composante électricité de l’IPCH n’est en hausse que de 4 % en France contre une moyenne de plus de 27 % dans les zone euro. Au final, la moindre hausse des prix du gaz et de l’électricité conduit à moins de pressions inflationnistes sur tous les secteurs de l’économie française que dans la zone euro, donc aussi à une moindre inflation hors énergie. Nous nous attendons à ce que l’inflation en France reste inférieure à celle de la zone euro tout au long de l’année. Cependant, la situation en 2023 pourrait être pire du fait de la réduction des mesures gouvernementales et de la base de référence plus basse en France : l’inflation pourrait alors être plus élevée en France qu’ailleurs en Europe.

L’énergie contribue moins à l’inflation en France que dans le reste de l’Europe

L’inflation remontera, tandis que la croissance chutera
Malgré les mesures prises par le gouvernement, la hausse des prix de l’énergie continuera d’affecter l’économie française dans les mois à venir. En particulier, la hausse des prix du gaz et du pétrole – et donc du carburant – devrait continuer à pousser l’inflation à la hausse. Par ailleurs, les pressions inflationnistes sous-jacentes continueront de se renforcer dans les mois à venir, notamment via les lignes de production compte tenu de la forte hausse des prix à la production et des enquêtes de conjoncture qui laissent présager de très fortes hausses de prix à venir. Selon les données de l’INSEE, l’évolution prévue par les chefs d’entreprise des prix de vente dans le secteur manufacturier a très fortement rebondi en février, après avoir légèrement baissé en janvier. Dans le secteur des services, l’indicateur de prix attendu continue d’augmenter et se situe à son plus haut niveau historique. Ces éléments laissent présager que l’inflation restera élevée en 2022, mais aussi en 2023.

De plus, la situation actuelle en Ukraine nous obligera probablement à revoir nos prévisions. En raison du conflit, les prix de l’énergie pourraient rester plus élevés plus longtemps, poussant nos prévisions d’inflation encore plus haut. En revanche, nos prévisions de croissance seront revues à la baisse, notamment pour les deuxième et troisième trimestres. Le choc des prix de l’énergie pèsera sur les entreprises et les ménages, impactant négativement la croissance. La confiance risque également de se détériorer, ce qui limitera encore la croissance de l’activité économique. Cela dit, à ce stade, nous continuons d’anticiper un scénario de croissance et ne prévoyons pas de récession.
Source : ING



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