face à un déficit « inédit », la Cour des comptes demande « d’agir sur les dépenses »


Les Sages estiment qu’il faut agir sur les ressorts structurels de la dépense, mieux cibler certaines prestations de solidarité et poursuivre la réforme de la gestion des organismes.

Plombé par l’épidémie de Covid-19, le déficit de la sécurité sociale devrait atteindre le niveau record de 44,4 milliards d’euros cette année avant de refluer à 25,5 milliards d’euros l’an prochain si évidemment la situation sanitaire s’améliore.

Pour la Cour des comptes, il convient d’agir dès maintenant « afin de sauvegarder dans la durée du système ».

Dans un rapport, les Sages expliquent qu' »une augmentation des recettes affectées au financement de la sécurité sociale apparaît peu envisageable. Il n’apparaît pas non plus souhaitable, compte tenu de la trajectoire budgétaire dégradée des finances publiques, d’affecter à la sécurité sociale des recettes de l’État ».

Il s’agit (comme souvent) donc d’agir sur le levier des dépenses. La Cour préconise donc une série de mesures d’abord « structurelles ».

  • Elle souhaite l’accélération des groupements hospitaliers de territoires (GHT) qui permettent « une gestion plus économe ». Mais la Cour des comptes regrette que « certains GHT réunissent un nombre trop faible d’établissements sanitaires pour être en capacité d’atteindre les objectifs de la réforme ».
  • Il s’agit également de revoir le système de financement par dotation des activités hospitalières organisées en deux sources de financement qui augmentent en 2019 un total de près de 11 milliards d’euros. « L’existence de chevauchements entre les différentes enveloppes financières et un empilement croissant de lignes budgétaires, difficilement compréhensibles par les établissements de santé, appellent une simplification de ces financements et une répartition plus claire des responsabilités dans leur attribution entre administration centrale et agences régionales de santé », peut-on lire.
  • La Cour des comptes veut que l’État se penche sur la dépense des dispositifs médicaux (15 milliards d’euros). « Il apparaît nécessaire d’agir en parallèle sur l’actualisation des listes de remboursement, la pertinence et l’observance des prescriptions, et l’optimisation des achats par les établissements de santé ».

Deuxième hache pour limiter les dépenses, le meilleur ciblage des prestations de solidarité.

  • Concernant les minima de pensions de retraite, des mesures comme l’indexation des salaires sur les prix utilisés pour le calcul de la retraite qui ont été assurés à pleine carrière et ascendante, et peuvent pénaliser ceux qui ont connu des périodes de chômage ou touché des salaires faibles.
  • La Cour souhaite également une clarification pour les très petites retraites. « Conçu pour augmenter la retraite de salariés ayant une carrière complète, il bénéficie à des personnes ayant des carrières à temps partiel ou incomplètes. De plus, la complexité des dispositifs conduit à ce que près d’un demi-million de personnes ayant pris en charge leur retraite voient leur dossier rester durablement en attente de règlement définitif ».
  • Enfin, l’action sociale de la branche famille « n’a pas pu atteindre les objectifs fixés de création de places en crèche, avec un taux de réalisation de 63%, et les inégalités territoriales restent ». « Au vu de l’importance des financements publics mobilisés (5,8 milliards en 2019), il est nécessaire d’apporter à ces dispositifs améliorations les indispensables pour offrir aux familles un service de qualité sur l’ensemble du territoire ».

Enfin, dernier ax pour retrouver une trajectoire de baisse du déficit, la poursuite de la réforme de la gestion des organismes.

  • Réduire les erreurs. Les Sages soulignent qu’il est « nécessaire de réduire le nombre d’erreurs affectant le versement des prestations, qu’elles soient au détriment des finances sociales ou des bénéficiaires. Toutes les branches confondues, ces erreurs se sont élevées à au moins 5 milliards en 2019 et sont en nette augmentation, en nombre comme en volume, ces dernières années ». « L’automatisation des processus de gestion, la dématérialisation des déclarations pour éviter les erreurs de saisie et le renforcement des contrôles a posteriori sur les pièces et sur la place permettraient de limiter ce phénomène », préconise la Cour.
  • L’adaptation de l’organisation des branches de prestations du régime général de sécurité sociale et la modernisation de la gestion du recouvrement par le réseau des Urssaf apparaissent également pour améliorer la qualité du service et réduire les coûts.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business

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