entre Nice et le XV écossais, une «histoire d’amour» en ovaleie – Libération


Coupe du monde de rugby 2023 en Francedossier

La chose est peu connue, mais le rugby écossais et la capitale azuréenne nouent des liens étroits depuis 2018. Ce dimanche 24 septembre, l’Ecosse sera presque à domicile pour affronter les Tonga à l’Allianz Riviera.

Le bus bleu a tiré le frein à main au beau milieu de la promenade des Anglais. C’est ainsi que, le 4 septembre à midi, les rugbymen écossais ont débarqué dans leur ville hôte. A Nice, la photo d’équipe est immortalisée face à la mer ; la cérémonie d’accueil est officiée sous les palmiers. Alors, forcément, la deuxième ligne Scott Cummings parle «de jolies plages, de beaux paysages», le talonneur Ewan Ashman disserte sur « la chaleur ». Ce n’est pourtant pas la carte postale qui a fait de Nice le camp de base du XV du Chardon. Depuis plusieurs années déjà, le rugby écossais et la capitale azuréenne nouent des liens étroits. Si bien que ce dimanche 24 septembre, l’Ecosse sera presque à domicile pour son deuxième match de poule de la Coupe du monde face aux Tonga, à 17 h 45, à l’Allianz Riviera.

«Ils sont un peu chez eux»

Leurs crampons ont déjà encrassé les pelouses niçoises. De 2018 à 2020, quatre joueurs de l’équipe nationale ont inscrit leur nom sur les feuilles de match du club local. D’un côté, de jeunes pépites écossaises en manque de temps de jeu – l’Ecosse ne dispose que de deux franchises professionnelles. De l’autre, un Stade niçois en attente de fraîcheur et d’ardeur. Le deal est signé : une première dans le monde du ballon ovale français. «Ensuite, ils ont fait une très belle carrière, se réjouit auprès de Libération le président du Stade niçois, Régis Brandinelli. Ça s’est arrêté au moment du Covid où tout le monde s’est recentré sur ses activités. Mais on a gardé des liens extrêmement forts. Et ça a participé à les faire venir ici plutôt qu’ailleurs. Ils sont un peu chez eux.» Du gagnant-gagnant. En échange de la formation des jeunes, la fédération écossaise est arrivée avec un apport financier (tenu secret) et des conseils logistiques. «On a été impliqué dans la conception de la salle de musculation, donc on pourra s’entraîner comme on le fait chez nous, expose le team manager en charge des opérations sportives de l’Ecosse, David Edge. On a pu apporter des changements, perfectionner certaines choses pour que l’on se sente ici comme à la maison.» L’équipe s’est déplacée à deux reprises «pour s’habituer aux installations et à l’hôtel». Le staff a fait le voyage une dizaine de fois «pour garder des contacts, suivre l’évolution des aménagements et planifier le séjour pour cette Coupe du monde». «Nous avons choisi Nice, poursuit David Edge. On a l’habitude d’avoir toutes les installations sur un même site, ce qui est le cas ici. On pourra aller de la salle vidéo à la salle de musculation, au terrain. Tout ça en une journée.»

Une relation intime est née. « Il y a une histoire d’amour entre Nice et Edimbourg, s’aventure même son maire, Christian Estrosi. C’est sans doute l’un des plus anciens jumelages qui existent entre Nice et une autre ville du monde.» Dans les deux communes résonne le même coup de canon à la mi-journée, pour indiquer l’heure aux administrés. C’est l’Ecossais Sir Thomas Coventry qui a effectué le premier tir sonnant midi, en 1863. Et c’est encore l’Ecossais Tobias Smollett qui est à l’origine d’une partie du tourisme niçois. Le romancier décrit si merveilleusement la ville qu’il convainc les familles fortunées anglo-saxonnes d’y résider dès la fin du XVIIIe siècle. Aujourd’hui, une rue porte même son nom.

Nice, une ville de rugby ?

Nice n’est pas une ville de rugby. Il n’y a qu’à entendre le haut-parleur accueillir le XV du Chardon en annonçant l’arrivée de « nos amis anglais » ou voir le peu de Niçois se déplacer pour la cérémonie d’accueil. Les organisateurs se démènent pour distribuer les drapeaux bleu et blanc prévus pour l’occasion. Et les Ecossais ont eu du mal à trouver des poids de 70 kilos pour leur entraînement dans les magasins de la ville. « Si ! C’est une ville de rugby ! A condition qu’on joue à bon niveau, rectifie le président du Stade niçois. Il nous manque encore une petite étape. Nice a été longtemps en première division et le stade était tout le temps plein. Ça va revenir. Ce genre de partenariat aide beaucoup.» Régis Brandinelli assistera à «Tous les matchs» de l’Ecosse. Malheureusement, ce sera sans le petit protégé David Cherry. Le plus niçois des Ecossais, le seul des quatre formés à Nice sélectionnés en équipe nationale pour le Mondial, qui a rencontré sa compagnie sur la Côte d’Azur, a chuté dans les escaliers de l’hôtel il y a dix jours. Une commotion qui signe son retour à la maison.

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