en cas de refus, le licenciement toujours possible


Vaccination Covid obligatoire : en cas de refus, le licenciement toujours possible

VACCIN OBLIGATOIRE. Sur BFM TV, la ministre du Travail Elisabeth Borne a rappelé que le licenciement en cas de refus était toujours possible mais il sera moins « encadré ».

[Mis à jour le 27 juillet 2021 à 09h25] La vaccination obligatoire pour toutes et tous n’est pas encore à l’ordre du jour même si Emmanuel Macron y pense. En revanche, elle est bien actée pour les personnels soignants des hôpitaux et Ehpad avec le vote de l’Assemblée et du Sénat. Sur TV, la ministre du Travail Elisabeth Borne a fait un rappel à l’ordre BFM, expliquer qu’il ne faut pas laisser aux salariés qu’il ne peut pas y avoir de licenciement. On avait souhaité dans la loi encadrer la façon dont on pourra le cas échéant avoir recours au licenciement », si un employé qui doit présenter un pass sanitaire refuser de se faire vacciner. « Le projet de loi initial disait notamment que ce licenciement « ne pouvait pas intervenir avant deux mois et qu’il s’accompagnait d’indemnités. Le Sénat a supprimé cette disposition », explique Elisabeth Borne. « Ça ne veut pas dire qu’il ne peut pas y avoir de licenciement : il est moins encadré, peut-être qu’il pourra intervenir plus tôt. »

Qui est concerné par la vaccination obligatoire en France ?

Le vaccin ne deviendra obligatoire que pour les personnels soignants des hôpitaux et des Ehpad, mais dans une très grande acceptation. Dans son discours du 12 juillet annonçant la mesure, Emmanuel Macron est en effet allé plus loin que ce qui était pronostiqué dans les médias avec une vaccination obligatoire pour tous « les personnels soignants et non soignants des hôpitaux, des cliniques, des maisons de retraite, des établissements pour personnes en situation de handicap, pour tous les professionnels ou bénévoles au contact des personnes âgées ou fragiles, y compris à domicile ». Selon France info, ce sont ainsi 700 000 personnes qui sont concernées par la vaccination obligatoire.

Dans un avis daté du 6 juillet, le Conseil scientifique plaidait déjà pour cette obligation vaccinale des soignants. Les experts ont rappelé que « le choix d’un métier de santé s’accompagne d’une responsabilité professionnelle vis-à-vis des personnes/patients que l’on accompagne » y compris en matière de vaccination. Ils ont également appuyé « la recommandation du Conseil d’Orientation de la Stratégie vaccinale d’aller vers ‘une obligation vaccinale des soignants' ». Le Conseil scientifique entendait également élargir la cible de l’obligation vaccinale « à d’autres catégories, comme les ‘aidants’, le personnel des services à la personne ou l’ensemble des professionnels (non sanitaires) exposés et exposants à un risque pour autrui. » Des arguments repris par de nombreux représentants du gouvernement depuis.

Les pompiers font bel et bien partie des professions pour lesquelles la vaccination devrait devenir obligatoire. Mais sept syndicats représentatifs des sapeurs-pompiers ont d’ores et déjà demandé le retrait de l’obligation de vaccination pour leur profession. S’ils ne se prononcent pas « contre la vaccination », ils s’élèvent « contre son obligation », « la contrainte » et le « climat de défiance » qu’elle instaure, comme l’a indiqué Sébastien Delavoux, de la CGT des agents Sdis, sur France Info. « On ne s’est pas donné les moyens de convaincre les pompiers de se faire vacciner », s’est-il défendu estimant que « cette manière de l’imposer sous la menace d’une sanction a rebuté les hésitants ». La vaccination obligatoire pourrait pousser certains volontaires à mettre leur engagement entre parenthèses pointent également les syndicats.

Interrogé dès le mardi 13 juillet sur le sujet, Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, a rejeté l’idée de rendre également la vaccination obligatoire auprès des policiers. Le pass sanitaire, « c’est pour des personnels qui travaillent dans des lieux où le pass sanitaire est exigé pour les usagers », at-il expliqué sur Europe 1, précisant que « ce n’est pas la même situation » pour les policiers . « Les policiers ne travaillent pas dans les établissements… Enfin, ce n’est pas la même situation ! Les policiers sont certes au contact du public… » at-il toutefois bégayé. Cette décision, même si elle n’est pas contestée, car la majorité des policiers sont désormais vaccinés, suscite l’interrogation des syndicats comme le syndicat majeur du corps de commandement de la police nationale, CFE-CGC.

La question de la vaccination des enseignants a aussi été posée, alors que la rentrée 2021 fait craindre une démultiplication des contaminations. A ce stade, elle n’est pas prévue par le gouvernement. Le ministre de la Santé Olivier Véran a indiqué sur RMC dès le 13 que les professeurs ne seront pas appelés en juillet par l’obligation vaccinale, le corps enseignant étant « au contact de personnes qui ne sont pas fragiles ». Le ministre de l’Éducation allait dans ce sens jours plus tôt sur LCI, en estimant néanmoins que ces sujets « continueront à être sur la table jusqu’à la rentrée ». « Etant donné qu’une grande majorité des professeurs se font vacciner. On n’a pas besoin de mettre en place un système d’obligation », at-il ajouté. Et Jean-Michel Blanquer de chiffrer de 70% à 75% des enseignants ayant reçu une première injection et à 90% ceux qui en avaient l’intention début juillet.

Jean Castex a confirmé le 21 juillet sur TF1 que les enseignants ne devaient pas avoir à répondre à la vaccination obligatoire, reprenant les mêmes arguments. Concernant les élèves, la vaccination obligatoire n’est pas non plus à l’ordre du jour. Lors de son intervention, le Premier ministre a tout de même indiqué qu’une campagne de rentrée de vaccination serait mise en place dès la scolaire dans les collèges et lycées, même si le pass sanitaire n’y sera pas demandé. Le dispositif sera également proposé aux enseignants non vaccinés, mais sans obligation.

Le projet de rendre la vaccination obligatoire ne concerne pas directement les voyages ou les sorties, comme aller au restaurant, dans un lieu culturel ou dans un centre commercial. Toutes ou partie de ces sorties seront en revanche soumises dès cet été à la détention d’un pass sanitaire, elle-même conditionnée en grande partie à une vaccination. Pour obtenir un pass sanitaire, il faudra en effet présenter un certificat de rétablissement du Covid-19 ou un test PCR ou antigénique négatif de moins de 48 heures. Un test qui deviendra payant à l’automne. Seule alternative à ces deux contraintes : justifier d’un cycle de vaccination complet (2 doses pour les vaccins le demandant) et respecter le délai d’immunité après la dernière injection.

Les salariés de ces établissements, autrement dit les employés de bars, de restaurants ou encore de cinémas, seront de fait, soumis eux aussi à la détention d’un pass sanitaire à partir du 30 août.

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La date limite pour les soignants et les personnels soumis à l’obligation vaccinale est limitée au 15 septembre. « A partir du 15 septembre, des contrôles seront effectués et des sanctions seront prises », a indiqué Emmanuel Macron. L’extension du pass sanitaire à de nombreux lieux recevant du public (bars, restaurants, cinémas, théâtres et lieux culturels, train, avion etc.), s’étalera quant à elle jusqu’au mois d’août. Les employés des secteurs concernés comme les employeurs bénéficient d’un délai pour mettre en conformité : l’obligation du pass sanitaire ne s’applique à ces professions qu’à compter du 30 août.

Lors de son allocution du 12 juillet, Emmanuel Macron a laissé entendre qu’il pourrait généraliser l’obligation si le nombre de personnes vaccinées n’était pas suffisant pour contenir l’épidémie, mais il a préféré faire, pour l’heure,  » le choix de la confiance ». Le gouvernement a tout de même donné un coup de pouce à la campagne de vaccination en élargissant l’utilisation du pass sanitaire. Depuis ce 21 juillet et a fortiori à partir du mois d’août, la présentation du pass sanitaire, donc d’une preuve de vaccination complète ou d’un test PCR négatif de moins de 48h, va devenir la condition sine qua non pour se rendre dans des lieux accueillants du public. Dans le courant du mois d’octobre, la gratuité des tests PCR prendra fin. L’idée derrière ces nouvelles mesures est explicite et assumée : « faire peser les restrictions sur les non-vaccinés plutôt que sur tous » comme l’a expliqué le chef de l’État.

Plusieurs instances sont prononcées ailleurs pour une vaccination obligatoire contre le Covid. C’est le cas de la Haute autorité de Santé, qui désormais publiquement que « l’obligation vaccinale pour les professionnels au contact de personnes vulnérables est justifiée », mais également que le dispositif peut s’étendre à toute la population, comme indiqué dans un avis du jeudi 15 juillet.

« Des contrôles seront sujets et des sanctions prises » à partir du 15 septembre, a expliqué Emmanuel Macron au des personnes soumises à l’obligation vaccinale. Les personnels soignants qui ne seront pas vaccinés à cette date ne pourront plus travailler et ne seront plus payés, a également expliqué Olivier Véran. Les employeurs, agences régionales de santé, directions d’établissements, assurance maladie « seront habilités à effectuer des contrôles, comme ça existe déjà dans le droit commun, pour d’autres maladies ».

La ministre du Travail Elisabeth Borne a donné des précisions, évoquant une « suspension du contrat de travail » qui sera prévue dans le projet de loi pour les soignants et professionnels non vaccinés au 15 septembre. Ces derniers ne seront donc plus rémunérés. Cette suspension vaudra aussi pour les salariés des établissements soumis au pass sanitaire à partir du 30 août et qui ne répondraient pas à cette obligation. La durée de la suspension sera précisée dans le projet de loi. Elisabeth Borne a indiqué sur BFMTV le 20 juillet qu’après les deux mois de suspension, si le salarié n’a toujours pas de pass sanitaire pour reprendre le travail, celle-ci être prolongée à la demande de l’employeur. Mais ce dernier aura également la possibilité de licencier les salariés concernés pour motif personnel, avec l’obligation de verser une indemnité. La ministre a néanmoins prôné le dialogue, évoquant notamment « la possibilité pour le salarié de convenir avec son employeur de prendre des RTT ou des jours de congés » ou « de convenir d’une affectation, dans un endroit » non soumis au pass sanitaire .

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La vaccination obligatoire a fait son chemin dans l’esprit des autorités à cause de la conjonction de deux éléments clés. D’abord, depuis la fin juin, l’épidémie de coronavirus est en plein rebond. Une quatrième vague est déjà en cours, portée principalement par la variante Delta qui est devenu majoritaire. Emmanuel Macron a indiqué ce lundi 12 juillet que le variant Delta était « trois fois plus contagieux que la souche d’origine » du coronavirus et « s’engouffre dans toutes les parties du monde non couvertes par la vaccination ». Il a notamment craint des hospitalisations en hausse en France dès le mois d’août et à martelé que le vaccin était la meilleure arme dans la « course de vitesse » lancée contre cette variante. Le vaccin « divise par 12 les contaminations et protège à 95% contre les formes graves » du variant Delta, at-il assuré.

Le deuxième élément ayant poussé les autorités à faire avancer la question de la vaccination obligatoire est le coup de frein dans les rendez-vous de première injection depuis la fin juin. , la faible proportion de principaux soignants vaccinés inquiète les autorités depuis plusieurs semaines, alors même qu’ils sont en première ligne dans les hôpitaux et les Ehpad, au contact de publics parfois fragiles et que le Covid-19 a plusieurs fois été cité parmi les maladies nosocomiales. Dans un courrier du gouvernement aux directeurs d’établissements le 29 juin, le gouvernement s’inquiétait que « seuls 55% des professionnels aient reçu au moins une dose ». Ce chiffre devrait progresser rapidement comme celui des rendez-vous de premières injections. Entre les annonces d’Emmanuel Macron le lundi 12 au soir et le mercredi 14 à la mi-journée, plus de deux millions de Français avaient déjà pris des rendez-vous sur Doctolib en vue de se faire vacciner.

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