Des réalités économiques difficiles attendent le prochain dirigeant britannique


La course quasi-présidentielle distrayante pour devenir le prochain Premier ministre du Royaume-Uni se terminera enfin lundi. Pour le candidat gagnant, les sommets de la victoire feront rapidement place à la réalité de la tâche à accomplir. Le nouveau dirigeant héritera d’une économie fragile. La Grande-Bretagne devrait entrer dans une longue récession alors que la crise de l’énergie se fait sentir, les revenus réels des ménages devant connaître leur plus forte baisse depuis des générations. L’inflation est à deux chiffres et devrait encore augmenter. Pendant ce temps, le pays peine toujours à surmonter les faiblesses structurelles qui ont soutenu sa croissance terne depuis la crise financière de 2008.

Si l’on en croit les sondages, la favorite, Liz Truss, battra l’ancien chancelier, Rishi Sunak, et se verra confier le contrôle de l’économie. La campagne de Truss a offert peu d’assurance qu’elle aidera résolument les ménages et les entreprises à traverser la tempête économique actuelle, sans parler des défis à plus long terme. Son programme de faible imposition et de petits États a séduit les membres du parti conservateur qui choisissent le nouveau chef. En tant que Premier ministre, ses priorités vont changer et elle devra revoir son approche.

La première priorité de son cabinet sera d’amortir l’impact de la flambée des coûts énergétiques. Les ménages font face à une augmentation de 80% de leurs factures à partir d’octobre, tandis que de nombreuses entreprises prévoient au moins une multiplication par quatre. Truss a hésité à fournir des « aumônes », mais a envisagé de réduire la TVA et de suspendre les écoprélèvements. Ce dernier ne ferait que bricoler sur les bords, et les deux seraient mal ciblés. Ne pas soutenir directement au moins les ménages et les entreprises les plus vulnérables serait catastrophique pour l’économie, sans parler de ses chances électorales de 2024. Elle devra dépenser des milliards, surtout si les prix du gaz restent élevés.

Alors que davantage d’emprunts seront nécessaires pour gérer la crise immédiate, les 30 milliards de livres sterling supplémentaires de Truss en promesses d’annuler les augmentations de l’assurance nationale et la hausse prévue de l’impôt sur les sociétés risquent de saper les finances publiques. La dette publique représente environ 96% du PIB du Royaume-Uni, le plus élevé depuis le début des années 1960. Et contrairement au lendemain de la crise financière et de la pandémie – lorsque certains ont appelé à davantage d’emprunts pour stimuler la croissance – les taux d’intérêt augmentent désormais également, ce qui rend le service de la dette plus difficile. Toute marge de manœuvre budgétaire est susceptible d’avoir diminué. Cela signifie que la dynamique de la dette à long terme pourrait devenir insoutenable.

L’étirement des deniers publics sera encore plus difficile avec d’autres questions urgentes. L’inflation pèse davantage sur les budgets de la santé et de l’aide sociale. Pendant ce temps, le soutien aux factures doit s’accompagner d’efforts pour améliorer l’efficacité et accélérer le passage aux énergies renouvelables et à l’énergie nucléaire. Le programme à long terme ne peut pas non plus être ignoré. Pour stimuler la productivité – et niveler l’économie comme promis – il faudra des engagements en matière de compétences et d’infrastructures, pas seulement des réductions d’impôts.

Quelque chose devra donner. Il sera difficile pour Truss de reconsidérer ses engagements fiscaux compte tenu de leur rôle central dans la campagne. Alors qu’elle a déjà exclu de lever de nouveaux impôts, elle pourrait au moins échelonner son projet d’impôt sur les sociétés. Une augmentation significative de l’emprunt pourrait également être une option, bien qu’irresponsable, et susceptible de nécessiter des taux d’intérêt plus élevés. Négliger davantage le NHS coûterait plus de vies. Négliger la productivité signifiera que les ambitions admirables de Truss pour une économie à forte croissance et, en fin de compte, à faible taux d’imposition resteront une chimère.

Truss devra passer de la campagne à la gouvernance. Ce n’est pas une transition transparente dans le meilleur des cas, et encore moins pendant une crise économique. Ce sera encore plus difficile si Truss reste fermement attachée à ses idéologies. Gouverner nécessite des choix difficiles. Plus ces choix sont ignorés, plus ils deviendront difficiles.

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