Dans un livre, Carlos et Carole Ghosn dénoncent « l’abandon » et la « nonchalance » de la France


Ensemble, toujours retrace les 14 mois qui ont suivi l’arrestation de l’ex-PDG de Renault-Nissan au Japon. Le milliardaire a notamment des mots très durs pour le gouvernement, et en particulier pour Bruno le Maire.

Après son arrestation au Japon pour malversations financières suivies de son incarcération pendant 130 jours, après une fuite rocambolesque au Liban en décembre 2019 et une conférence de presse retransmise sur toute la planète, Carlos Ghosn parle à nouveau, cette fois dans un livre écrit avec sa femme Carole.

Dans « Ensemble, toujours » aux éditions de l’Observatoire, en librairies la semaine prochaine, le 3 mars, les époux Ghosn règle leurs comptes. Le Journal du Dimanche, qui dévoile les bonnes feuilles de l’ouvrage, explique que l’ex-PDG de Renault-Nissan revient aussi sur son arrestation à l’aéroport de Tokyo, sa détention en prison, et sur l’action des autorités françaises, particulièrement dénoncée. .. Extraits:

« Dans les premières semaines de mon arrestation, le gouvernement français a montré quelques signes d’intérêt pour moi en demandant à la justice japonaise que je rentre en France et en l’assurant que je repartirais au Japon au moment du procès. Hélas, cette sollicitude pour ma personne n’a pas fait long feu… Le contraste entre ce que je subis et la nonchalance du gouvernement français me choque énormément « , écrit Carlos Ghosn, dans un passage révélé par le JDD daté de ce jour.

« Mon abandon ‘officiel’ par la France », poursuit l’ancien PDG, « a lieu le 11 janvier 2019, quand les Japonais refusent de me libérer à l’issue de ma première garde à vue et qu’ils me chargent d ‘ une nouvelle accusation qui va sceller mon sort. Le gouvernement français décide qu’arrivant quasiment à l’âge de la retraite, je dois abandonner mes fonctions et qu’il nommera un nouveau patron pour Renault. le ‘soldat Ghosn’! Tout ça pour ne pas exploser l’Alliance et tenter de rétablir les relations avec Nissan qui l’a pourtant provoqué en remettant en cause ladite Alliance. « 

Bruno Lemaire: « cynique »

« L’émissaire de toute cette opération n’est autre que Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie et des Finances. Le contraste entre ce que je subis et la nonchalance du gouvernement français me choque énormément », assène Carlos Ghosn.

« D’un côté, les politiques répètent faire tout ce qu’ils peuvent pour moi et en appellent au respect de la présomption d’innocence et de l’autre, Bruno Le Maire déclare sur RTL, le 20 janvier 2019: Je n ‘ ai aucun jugement à porter sur le système judiciaire japonais, alors qu’il en connaît les dysfonctionnements. Qu’il ajoute: son cynisme « .

L’affaire Carlos Ghosn est loin d’être terminé. Le 24 février dernier, un tribunal d’Istanbul a condamné trois ressortissants turcs à la prison pour avoir aidé l’ancien patron dans sa fuite du Japon vers le Liban.

La procédure judiciaire turque a permis de mettre en lumière les conditions spectaculaires de la fuite du magnat déchu vieilli de 66 ans, qui, poursuivi au Japon, a quitté le pays en se cachant dans une malle pour instrument de musique.

Carlos Ghosn, détenteur de trois nationalités (française, libanaise et brésilienne) et qui fait l’objet d’une demande d’arrestation d’Interpol, reste hors d’atteinte des juges japonais, car le Liban n’extrade pas ses ressortissants. La justice libanaise lui a cependant interdit de quitter le pays.

Outre le procès principal au Japon, Carlos Ghosn est aussi concerné par plusieurs enquêtes judiciaires en France, portant notamment sur des soupçons d’abus de biens sociaux chez Renault et la filiale actuelle de Renault-Nissan, RNBV.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business

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