Covid19. La colère du gérant d’une salle de sport d’Auterive après un contrôle de son établissement


Installée à Auterive, la salle California gym est ouverte uniquement pour les personnes disposant d'une prescription médicale.
Installée à Auterive, la salle California gym est un temps restée ouvert pour les personnes disposant d’une prescription médicale. (© Gymnase de Californie)

Depuis plus de 34 ans, Alex Sentenac est à la tête de la salle de sport Gym en Californie installer à Auterive. Le mardi 23 février 2021, les gendarmes remarquent plusieurs véhicules stationnés devant cet établissement censé être fermé en raison des restrictions liées à la lutte contre la pandémie de Covid-19.

Les militaires procèdent à un contrôle dans le cadre de leurs opérations de surveillance du bon respect des mesures sanitaires en vigueur pour les établissements recevant du public.

Un décret qui permet une ouverture à titre dérogatoire

A l’intérieur de la salle, se trouve neuf clients. Le gérant explique aux gendarmes être autorisé à ouvrir pour certains publics spécifiques, à titre dérogatoire, dans le cadre d’un décret paru le 30 janvier 2021.

Celui-ci autorise en effet les salles de sport à accueillir les sportifs professionnels ou de haut niveau et les personnes en possession d’une prescription médicale pour des activités physiques adaptées et encadrées dans le cadre d’une affection de longue durée ou d’un handicap reconnu par la Maison départementale des personnes handicapées.

Les gendarmes vérifient les prescriptions médicales et documents établis par le gérant. Mais ils émettent certains doutes au passage. Avant de quitter les lieux. L’affaire aurait pu en rester là. Mais elle va rebondir au bout de plusieurs jours avec la publication d’un article relatant ce contrôle dans la presse quotidienne.

«On me fait passer pour un voyou!»

Si Alex Sentenac assure n’avoir fait l’objet d’aucune contravention ou mise en demeure de la préfecture à la suite de ce contrôle, l’article explique que le gérant a bel et bien été verbalisé ainsi que ses clients. Ces derniers sont alors rédigés comme des «Sportifs clandestins» et le patron de la salle de sport est accusé d’avoir voulu «Exploiter une petite faille dans le système».

Estimant être sali sur la place publique, le gérant de la salle de sport ne tarde pas à réagir. Il décide d’exposer à son tour sa version des faits dans les médias en rappelant l’existence du décret sur lequel il fonde l’ouverture de sa salle à quelques-uns de ses clients:

«On me fait passer pour un voyou alors que je n’ai exploité aucune faille et que je n’ai accueilli aucun sportif clandestin comme il a été écrit dans cet article de vos confrères! Il y a un décret qui date de janvier et me permet d’ouvrir pour certaines personnes qui ont une prescription médicale. Très peu de salles font ce choix, car cela ne concerne que quelques personnes seulement et ont peut-être peur aussi de représailles de la concurrence. Mais moi, cela fait 34 ans que je suis là et la salle, c’est ma vie! J’ai donc décidé d’ouvrir pour ces personnes qui sont dans l’obligation de pratiquer du sport et dont je peux moi-même encadrer la pratique grâce à mon brevet d’État. Vous croyez qu’après tout ce que j’ai construit depuis 34 ans, j’aurais pris le risque de faire la connerie ouverte ma salle dans l’illégalité? »

Pour la préfecture, il y a bien eu verbalisation

Contactée par nos soins pour évoquer ce dossier, la préfecture de la Haute-Garonne livre quant à elle une version bien différente de ce contrôle. Elle assure en effet que celui-ci s’est bien soldé par une sanction à l’adresse du gérant et de certains clients présente ce jour-là:

« Le gérant de la salle de sport à l’enseigne California gym a fait l’objet d’une verbalisation. Seules trois personnes, munies d’une prescription médicale attestant que leur pratique sportive s’inscrive dans le cadre du traitement d’une affection de longue durée, n’ont pas été verbalisées sur les neuf personnes qui se livraient à la pratique d’une activité sportive. « 

Il a installé une station de sport en plein air

Soucieux de ne pas laisser tomber sa clientèle dans cette période difficile, le patron de California gym rappelle par ailleurs qu’il est allé jusqu’à investir un budget consécutif dans l’installation, en janvier 2021, d’une station de sport extérieur sur un espace vert situé devant sa salle.

« Cela permet aux abonnés, généralement les plus jeunes, de pratiquer le sport en extérieur puisque cela est permis. Et ça les demande justement d’aller embêter les médecins pour leur demander des prescriptions médicales de complaisance … Dans le même temps, je n ‘ ouvre la salle des personnes qui pour la plupart sont âgées et dispose d’une prescription médicale pour des affections de longue durée ou du sport adapté. Cela ne représente même pas une trentaine de personnes par jour à l’intérieur de la salle, quand j’en accueillais près de 200 avant la pandémie. Cela n’a rien à voir avec une activité normale! Et tout se fait dans le respect des protocoles et des règles sanitaires. « 

La station sportive installée par Alex Sentenac sur l'espace vert situé à l'extérieur de son établissement.
La station sportive installée par Alex Sentenac sur l’espace vert situé à l’extérieur de son établissement. (© Gymnase de Californie)

Mais là aussi, cette installation en extérieur a attiré quelques soucis au patron de l’établissement. «J’ai reçu mardi 23 mars une amende de 500 € pour l’ouverture irrégulière de mon établissement le mercredi 17 mars à 18 h 01. Sachant que j’ai décidé de fermer ma salle depuis le 15 mars, je suppose que l’on me sanctionne car des personnes ont mis du sport sur la station extérieure, une minute après le début du couvre -feu… Si c’est ça, c’est vraiment petit! », peste Alex Sentenac.

«Je ne sais plus qui a raison, qui a tort…»

Dans le flou, le patron de California gym avait en effet décidé de fermer temporairement son établissement à la mi-mars. «Parce que je ne sais plus qui a raison, qui a tort…», lance-t-il un brin dépité.

Comme beaucoup de gérants de salles de sport, Alex Sentenac n’espère plus qu’une seule choisie aujourd’hui: pouvoir rapidement rouvrir son établissement dans des conditions normales. «Honnête citoyen, j’aspire à travailler comme tout un chacun en toute sérénité, en ces temps particulièrement difficiles et à ce que la vérité soit rétablie», souligne-t-il.

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