Comparer les paquets pandémiques de l’UE et des États-Unis passe à côté


L’écrivain est président de l’Eurogroupe et ministre irlandais des finances

La comparaison est inévitable dans les moments de grands défis. La sagesse de l’ancien président américain Theodore Roosevelt selon laquelle «la comparaison est le voleur de la joie» vient à l’esprit dans les contrastes entre la taille des plans de relance et la force des prévisions économiques.

Les comparaisons réduisent les efforts importants et historiques déployés pour stimuler nos économies et pour développer et déployer des vaccins à une vitesse sans précédent. Les 27 pays de l’UE se sont unis, veillant à ce que les plus touchés économiquement soient soutenus et que tous les États membres aient accès aux vaccins. Ces efforts coordonnés soutiennent des dizaines de millions de personnes.

Cette unité peut avoir un coût à court terme pour les membres les plus importants et les plus forts de notre syndicat, mais eux et tous les autres bénéficient de notre unité à plus long terme. Nous avons appris au fil des siècles les liens profonds à travers notre continent et la réalité selon laquelle la croissance d’un pays aux dépens de ses voisins n’est pas durable.

À cette fin, rien qu’en 2020, l’Europe a mis en œuvre des aides budgétaires égales à 7% du produit intérieur brut et des aides à la liquidité de 17% du PIB, tandis que les chiffres de relance américains étaient de 10% et 7,7%. Il y a une différence, mais elle n’est pas aussi importante que certains le suggèrent. De manière critique, l’accent mis sur l’échelle sous-estime la taille et la nature transformationnelle du soutien fourni, en particulier pour l’économie de l’UE.

Des différences importantes existent. L’UE a choisi de concentrer sa réponse sur la protection de l’emploi grâce à des programmes de maintien de l’emploi pour maintenir les personnes au travail, plutôt que de compter sur les paiements de transfert directs. Les gouvernements des États et locaux américains, qui ont dû réduire leurs dépenses car, contrairement au gouvernement fédéral, ils doivent équilibrer leurs budgets, ont licencié 1,3 million d’employés. L’Europe a maintenu les emplois dans la fonction publique.

En effet, la politique budgétaire favorable de l’UE, combinée à la suspension des règles budgétaires et à la mise en place d’un cadre temporaire pour les aides d’État, a permis aux gouvernements de mettre en place des niveaux de soutien budgétaire sans précédent. Les trois filets de sécurité européens, dont SURE, qui a engagé 100 milliards d’euros pour protéger les travailleurs contre le risque de chômage, complètent les réponses nationales.

Les décisions de politique monétaire et les orientations prévisionnelles de la Banque centrale européenne, qui ont préservé des conditions économiques favorables, sont indispensables. Les mesures prises ont protégé des millions d’emplois et de moyens de subsistance et amorti l’impact de la crise pandémique sur les entreprises. Leur effet positif peut être vu dans la façon dont la hausse du chômage a été contenue par rapport à la baisse de l’activité économique.

En plus de ces soutiens, le paquet de l’UE pour la prochaine génération et le mécanisme de relance et de résilience entraîneront des dépenses supplémentaires de 750 milliards d’euros à compter de cette année. Cette initiative, un programme de subventions et de prêts d’urgence financé par une dette commune temporaire, aurait été impensable avant la pandémie.

Les ministres des finances de la zone euro sont unis dans l’approche selon laquelle, tant que la crise sanitaire n’aura pas cessé et que la reprise n’aura pas été fermement engagée, nous protégerons notre économie avec le soutien nécessaire. On prévoit que l’économie américaine reviendra à ses niveaux d’avant la pandémie en 2021, tandis que celle de l’UE devrait le faire d’ici 2022. Un an est long dans la triste durée de cette maladie.

En réponse, nous avons convenu d’une orientation budgétaire de soutien dans la zone euro pour 2021 et 2022, dont l’importance est renforcée par l’augmentation des restrictions de santé publique liées aux coronavirus annoncées ces derniers jours.

Les actions sont importantes, mais leur succès est tout ce qui compte vraiment pour les citoyens que nous servons. La mise en œuvre rapide du RRF et des mesures nationales supplémentaires conduiront nos économies à traverser la crise du Covid-19. La réalité est que la plupart des prévisions de croissance ne reconnaissent pas le plein impact du FRR ou des mesures nationales. De plus, chaque jour, nous voyons plus de personnes se faire vacciner et nous prévoyons avoir plus de 300 millions de vaccins en Europe d’ici mai – une étape vitale vers la normalité.

Mais il n’y a pas de place pour la complaisance; l’urgence est primordiale. Les efforts économiques européens de l’année dernière étaient une approche de défis sans précédent, mais fraîche et exigeante. Nous comprenons cela. Nous sommes déterminés à les relever.

Les analogies d’un concours peuvent persister, mais il ne s’agit pas d’une course au plus gros plan de relance. Ce sont les résultats qui comptent, les moyens de subsistance sauvés et le niveau de vie retrouvé. Le fait que les mesures de relance budgétaire aux États-Unis et en Europe soient le double de celles de la crise financière mondiale de 2008 montre que les participants se rendent compte de la gravité mortelle du défi.

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