CNews devra payer 200000 euros d’amende après des propositions d’Eric Zemmour contre les migrants


Eric Zemmour, lors d'un débat à Paris en avril 2019. Ses propositions contre les mineurs isolés ont une valeur à la chaîne CNews 200 000 d'amende pour l'incitation à la haine.

Le 29 septembre 2020 dans l’émission Face à l’info sur CNews, les «Limites à la liberté de communication et la liberté éditoriale des médias audiovisuels» ont été franchies. Ainsi en a jugé le Conseil supérieur de l’audiovisuel, qui a prononcé, mercredi 17 mars 2021, une sanction de 200 000 euros à l’encontre de la chaîne d’info du groupe Canal +, qui s’apprête à la contester.

Ce jour-là Eric Zemmour avait estimé que les mineurs isolés étrangers venaient «Rien à faire ici». «Ils sont voleurs, ils sont assassins, ils sont violeurs, c’est tout ce qu’ils sont. Il faut les renvoyer », avait déclaré le polémiste, sans que son assertion soit critiquée ou combattue de manière significative. C’est la première fois qu’une chaîne d’information continue fait l’objet d’une sanction pécuniaire de la part du CSA.

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«Caractère violent et répété»

«Il est naturel que les débats qui traversent la société trouve toute leur place dans les médias audiovisuels, y compris sous une forme polémique, explique l’instance dans un communiqué publié le jeudi 18 mars en début d’après-midi. Néanmoins, la loi fixe des limites à l’exercice de cette liberté ».

En l’occurrence, elles ont été outrepassées à plusieurs niveaux. D’abord, l’obligation de ne pas inciter à la haine ni d’encourager les comportements discriminatoires n’a pas été respectée. «Le caractère violent et répété du vocabulaire employé par le chroniqueur, stigmatisant les mineurs étrangers isolés en insistant sur les dangers qu’ils exposaient en termes d’actes criminels, traduit l’expression vif sentiment de rejet à leur regard», a jugé le CSA.

Le CSA s’agace de la situation de récidive dans laquelle se trouve la chaîne

Ensuite, la chaîne a failli à son obligation de maîtrise de l’antenne. «Aucune réaction rigoureuse n’a été apportée à ces déclarations par les personnes en plateau», insiste l’instance pointant, sans la nommer, la présentatrice Christine Kelly, dont la réaction était restée pour le moins timorée. Regret supplémentaire: alors que l’émission était diffusée en léger différé, et que les problématiques proposées étaient pu être retirées avant leur diffusion, il n’avait rien été.

Enfin, le CSA s’agace de la situation de récidive dans laquelle se trouve la chaîne. La même émission avait en effet «Donné lieu à une mise en demeure», le 27 novembre 2019, et poussé le comité d’éthique du groupe Canal à alerter la chaîne. Ce collège avait expliqué que «La position centrale donnée à M. Zemmour», «Son statut d’invité permanent» et le fait qu’il intervienne «Sur les sujets mêmes» pour avoir été condamné par la justice créaient «Un risque spécifique».

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Ce même comité avait estimé ce risque dépassé le 29 septembre, avait été amené à regretter que «Le plus souvent, les propos qu ‘[Eric Zemmour] tient ne sont plus des répliques pour partie spontanées (…) mais des éléments éditoriaux, exprimés sans réelle contradiction, rédigés comme tels, et donc assumés et même revendiqués par la chaîne ».

A l’automne, la déclaration de M. Zemmour avait provoqué un tollé général, une condamnation ferme de la Société des rédacteurs de la chaîne, et l’ouverture d’une enquête par le parquet de Paris pour «Provocation à la haine raciale» et «Injures publiques à caractère raciste».

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