Cheops Technology, stratégie gagnante à l’ombre des géants du cloud


Au dernier moment, le deal a capoté. Cheops Technology était lancée depuis de longs mois dans un dossier d’acquisition d’un acteur américain de services informatiques au profil similaire au sien. Mais en mai dernier, Nicolas Leroy-Fleuriot a finalement lâché l’affaire.

« Ce sont des Américains qui ont joué à l’Américaine, résume le dirigeant girondin. Les conditions qu’ils ont voulu imposer au dernier moment ont pas été acceptables. Avec un peu de recul, c’était vraiment une grosse opération , représentant neuf mois de boulot acharné, mais cela reste une belle expérience et ce n’est que partie remise. »

Pas de regrets donc, et l’envie de repartir sur le front californien d’ici quelque temps reste toujours bien présente. Car Nicolas Leroy-Fleuriot en est certain, le destin de Cheops Technology passera un jour par les USA pour au moins trois raisons:

« La possibilité de mutualiser des ressources et d’avoir des équipes sur place, avec 9 heures de décalage horaire, permettant d’assurer un service étoffé 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Le fait que pour adresser le marché américain, il faut une présence obligatoire sur place. Et enfin, parce qu’une acquisition préalable aux Etats-Unis rendra notre expansion internationale plus facile car elle nous crédibilisera, avec un impact psychologique fort. « 

ETI et établissements de santé dans la cible

Dans l’immédiat, Nicolas Leroy-Fleuriot remet le développement international à plus tard et confirme à La Tribune avoir finalisé l’acquisition d’une société française, dans les tuyaux depuis quelques mois. Le dirigeant n’en dira pas plus pour le moment, mais explique que ce rachat était stratégique pour renforcer les compétences de Cheops Technology et déployer sa nouvelle offre annoncée cet été, « la plus complète et personnalisée pour couvrir l’ensemble des besoins des ETI « . Car la société de Canéjan vise principalement les entreprises de taille intermédiaire et les établissements de santé. Elle vient d’ailleurs de signer avec Lafuma et plusieurs mutuelles françaises. Partenaire proche de Hewlett-Packard, Cheops Technology regarde de près ce qui se passe en Amérique du Nord. Et visiblement, ce qu’y voit Nicolas Leroy-Fleuriot le conforte dans sa stratégie:

« Les entreprises américaines ont pris le virage du cloud très tôt. Rapidement, elles ont externalisé leurs systèmes d’information dans le cloud public avec des acteurs tels qu’Amazon Web Services ou Microsoft. Aujourd’hui, elles ont la gueule de bois car en réalité, elles n’ont pas externalisé que leur centre de données. Cela n’a rien réglé pour elles en termes de coûts opérationnels et d’externalisation des compétences, alors qu’on leur avait vendu des économies importantes. Les questions de disponibilité des services et de réversibilité (lorsque le client veut récupérer ses applications et données ou les transférer à un autre prestataire cloud – NDLR) sont très présentes. « 

Miser sur le cloud privé et hybride

Plutôt que l’hyper-industrialisation des offres du cloud public, Cheops défend une stratégie hybride basée « sur le meilleur des trois mondes: une partie des infrastructures chez nos clients, certains types d’applications non critiques dans le cloud public, et les applications critiques et les services gérés dans le cloud privé mutualisé qui garantit leur fonctionnement et pour lequel nous déployons une palette de services personnalisés.« 

Cheops Technology a également profité du premier semestre pour recomposer son capital. Nicolas Leroy-Fleuriot restant le PDG, une holding, Khephren, associé les principaux managers de l’entreprise, un acquis à 80,58% du capital de la société. Cette dernière vise désormais d’ici quelques années, sans horizon précis, les 150 millions de chiffre d’affaires, après avoir dépassé les 104 M € lors du dernier exercice. A l’abri de la concurrence du cloud public d’Amazon, Google et Microsoft grâce à son positionnement orientés services gérés, l’ETI girondine a présenté de nouvelles offres cet été. Notamment en direction de la téléphonie, de la visioconférence avec une offre professionnelle et à prix maîtrisé, annoncée plus fiable que les solutions de type Skype, ou encore en direction du wifi avec une proposition qui vient en réponse aux besoins en couverture des entreprises (achat de bornes et déploiement, maintenance …). Car le cloud / services managés n’est qu’une des quatre divisions de Cheops, certes celle qui croît le plus vite mais qui vient en appui des trois autres: infrastructures, modernisation technologique, réseau-sécurité et communication unifiée.

A quelques jours de l’inauguration de l’extension du siège social de la société à Canéjan, Nicolas Leroy-Fleuriot relève également un autre phénomène: les tensions sur le marché de l’emploi.

« Depuis le début de l’année, on très vigilant sur le sujet. Nous avons des salariés chassés car être passé par Cheops est une bonne carte de visite. Et ça chasse à des salaires surréalistes! On se refuse à surpayer car sinon à la première crise, le risque est de s’enrhumer. Il manque clairement de profils sur le marché, en raison du trou dans la formation qui s’est produit il y a quelques années, du manque de féminisation de ces métiers et de l’attraction combinée de Bordeaux et de sa région. « 

Cheops, qui s’approche des 500 salariés, a donc choisi de mettre en place des contre-mesures pour maintenir sa propre attractivité: primes sur objectifs, ainsi que salle de sport assortie d’un entraîneur sportif une fois par semaine, salle de sieste , espace de restauration … au sein du nouveau siège social.



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