Changement climatique et faim à Madagascar : un blog du Coordonnateur résident des Nations Unies |


Issa Sanogo, le Coordonnateur résident des Nations Unies à Madagascar, s’est récemment rendu dans la région et a expliqué à UN News comment le changement climatique rend la vie de plus en plus difficile pour les personnes qui y vivent et comment l’ONU aide ceux qui en ont besoin.


Issa Sanogo, Coordonnateur résident des Nations Unies à Madagascar, rencontre une jeune fille qui avait reçu une aide alimentaire.

ONU Madagascar

Issa Sanogo, Coordonnateur résident des Nations Unies à Madagascar, rencontre une jeune fille qui avait reçu une aide alimentaire.

« Nous avons commencé la visite à Betroka, une zone connue pour son insécurité en raison de la présence de ‘Dahalo’, le nom local des voleurs de bétail, qui est maintenant confrontée à l’insécurité alimentaire due à la sécheresse résultant de la faible pluviométrie.

Nous nous sommes ensuite déplacés plus au sud vers Amboasary et Ambovombe, deux zones situées dans des terres arides, où nous avons rencontré des populations confrontées à de mauvaises récoltes. Ici, près de trois millions de personnes souffrent des conséquences de deux sécheresses extrêmes consécutives. Dans la ville d’Amboasary Atsimo, environ 75 % de la population est confrontée à une grave famine et 14 000 personnes sont au bord de la famine.

Voilà à quoi ressemblent les véritables conséquences du changement climatique, et les gens ici n’ont rien fait pour mériter cela. Néanmoins, j’ai vu qu’ils sont prêts à relever le défi, avec notre soutien immédiat et à moyen terme, et à se remettre sur pied.

Dans le village de Marovato, situé à seulement huit kilomètres d’Ambovombe, les personnes n’ont pas été ciblées pour obtenir de l’aide, car elles sont considérées comme faisant partie de la population urbaine et ne répondent donc pas aux critères d’aide.

Cependant, ces personnes ont été considérablement affectées par les tempêtes de sable; toutes leurs terres cultivées sont ensablées et ils ne peuvent rien produire. La plupart des régions du sud sont déjà en situation d’urgence nutritionnelle, il est donc inévitable que les femmes et les enfants soient encore plus touchés si nous n’intervenons pas.


Le changement climatique a conduit à une désertification rampante dans certaines parties du sud de Madagascar.

ONU Madagascar

Le changement climatique a conduit à une désertification rampante dans certaines parties du sud de Madagascar.

Le système des Nations Unies au travail

En intégrant et en coordonnant davantage d’aspects de l’aide humanitaire, nous pouvons avoir un impact toujours plus grand sur les communautés, et j’ai vu par moi-même les nombreuses manières dont les différentes parties du système des Nations Unies travaillent en étroite collaboration, dans des domaines allant de la distribution alimentaire et les initiatives d’assainissement, aux soins de santé prénatale et reproductive et aux projets agricoles.

Par exemple, nous nous sommes arrêtés dans le village de Behara, qui est classé comme étant proche d’une situation de famine. C’est l’une des communautés qui subissent quotidiennement les conséquences désastreuses d’une crise qu’elles n’ont pas créée. Là-bas, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et le Programme alimentaire mondial (PAM) fournissaient des kits nutritionnels aux enfants de moins de cinq ans pour traiter la malnutrition aiguë modérée et sévère. Les mêmes communautés ont également bénéficié de services de santé reproductive, de consultations prénatales et obstétricales fournis par le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA).

Les habitants de Behara sont constamment endettés : chaque fois qu’ils reçoivent des transferts en espèces, ils doivent rembourser leurs dettes avant même de pouvoir penser à subvenir à leurs propres besoins. Nous devons créer un filet de sécurité pour aider ces personnes piégées dans un cercle vicieux d’endettement, et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) explorent des moyens d’intégrer les soins et les services de santé qui peuvent améliorer les moyens de subsistance, donc que la population puisse devenir plus résiliente.

En allant plus au sud vers la mer, j’ai retrouvé espoir grâce à l’enthousiasme que j’ai vu des personnes travaillant dans une plantation de sisal, qui a reçu l’aide du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). Quelque quatre hectares de sisal ont été plantés, mais les personnes rencontrées voulaient en cultiver davantage, car le sisal permet d’arrêter la progression des dunes de sable, ce qui protège leurs terres agricoles de l’invasion de sable qui peut rendre plus difficile les cultures.


De nombreux enfants du sud de Madagascar souffrent de malnutrition.

ONU Madagascar

De nombreux enfants du sud de Madagascar souffrent de malnutrition.

« La saison de la faim approche »

Les donateurs ont généreusement contribué à l’appel éclair que nous avons lancé au début de l’année, fournissant plus de 40 millions de dollars, ce qui a permis à quelque 800 000 personnes de recevoir une aide vitale.

Cependant, la sécheresse a duré plus longtemps que prévu et les fonds reçus sont insuffisants pour couvrir les besoins actuels et futurs. Il faut agir maintenant : les cultures annuelles sont un problème qui deviendra probablement une nouvelle crise lors de la prochaine campagne agricole. La résilience est la solution, et il est urgent de mettre en œuvre des solutions à long terme menées par le gouvernement. Cependant, à l’heure actuelle, les gens ont besoin de soutien et d’aide humanitaire pour se remettre sur pied et gagner leur vie.

La saison de la faim approche. Nous risquons de voir des personnes qui ont enduré la sécheresse prolongée entrer dans la période de soudure sans les moyens de se nourrir, sans argent pour payer les services de santé, ou envoyer leurs enfants à l’école, avoir de l’eau potable et même des semences pour plante pour la prochaine saison agricole.

Si nous n’agissons pas rapidement, nous serons confrontés à une crise humanitaire beaucoup plus grave.

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