Carment and Co.: La politique étrangère du Canada montre une nation à la dérive


Au cours de la dernière année, la rhétorique libérale n’a pas suffi à reconquérir la position du pays en tant que puissance moyenne avec influence et fierté à l’échelle mondiale.

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Comment le Canada se porte-t-il sur la scène mondiale? Et quelles sont les options du pays pour aller de l’avant?

Le rapport annuel sur la politique étrangère de l’Université Carleton cherche à répondre à ces questions, en évaluant le gouvernement selon trois critères: tenir les promesses électorales et les engagements du mandat ministériel; performance globale; et la responsabilité.

Le bulletin de 68 pages examine le bilan du gouvernement en matière de diplomatie, de défense, de sécurité, de commerce, d’environnement et de changement climatique, de développement, d’immigration et de réfugiés au cours des deux dernières années.

Le gouvernement Trudeau a reçu un «C» cette fois-ci, sa pire performance depuis le début de l’évaluation du bilan libéral en 2015. (À titre de comparaison, les étudiants diplômés de Carleton obtiennent la botte s’ils reçoivent quelque chose de inférieur à «B-».)

Le gouvernement a fait des progrès dans certains dossiers mais, face à l’émergence de nouveaux défis, il n’a pas réussi à mettre en œuvre une politique étrangère claire, forte et consciente de lui-même. La défense, la diplomatie et le développement sont parmi les moins performants de notre analyse, tandis que l’environnement, le commerce et la sécurité se sont légèrement mieux comportés.

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Avec un gouvernement minoritaire instable en main, les libéraux se retrouvent avec l’immense défi de remettre l’économie du Canada sur les rails, tout en s’efforçant de garantir un ordre international fonctionnel. La rhétorique libérale à elle seule s’est avérée insuffisante pour reconquérir la position du Canada en tant que puissance moyenne avec influence et fierté. Nous avons abaissé la note des libéraux en diplomatie à «D +» pour cette simple raison: le gouvernement n’a fourni aucune orientation stratégique en matière de politique étrangère depuis 2015.

Bien qu’il puisse y avoir plus de cas dans lesquels le Canada se rabattra sur les affirmations selon lesquelles il peut et renforcera les institutions internationales, d’autres pays tracent une voie indépendante, cherchant à travailler de manière constructive avec la Chine et les États-Unis.

Une leçon diplomatique pour les responsables de la politique étrangère du Canada est qu’ils doivent accorder beaucoup plus d’attention à ce qui se passe en Asie. Malheureusement, tant les libéraux que les conservateurs semblent intéressés à travailler avec l’Inde, le Japon, Taiwan ou l’Indonésie, par exemple, parce que ces pays sont un moyen de contrebalancer la Chine. Ces partenariats sont mesurés en fonction de leur utilité, une stratégie qui est loin d’être suffisante pour assurer la prospérité économique du Canada.

Un bon indicateur de la position perçue du Canada dans le monde est sa candidature ratée pour un siège au Conseil de sécurité des Nations Unies (CSNU).

L’Inde et la Chine, ainsi que des pays en développement et européens apparemment sympathiques, se sont opposés à la campagne du Canada pour un siège. Ces défis ont forcé les libéraux à lancer un effort de dernière minute pour sauver la candidature vouée à l’échec.

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Le Représentant permanent du Canada auprès des Nations Unies a tenté de convaincre les autres pays membres que ces efforts pour affaiblir la candidature du Canada reposaient sur un portrait du Canada qui était, pour l’essentiel, incompatible avec ce que le Canada «défendait». Même ceux qui n’accordent pas beaucoup d’importance à l’ONU, ou considèrent qu’un siège du CSNU est inutile, doivent considérer cet échec comme un indicateur de la diminution de la position diplomatique, quelle que soit la marque (libérale ou conservatrice) en place.

Avec la mise en œuvre en cours de trois accords commerciaux majeurs, le commerce n’était pas en passe de dominer l’agenda des libéraux: des élections américaines polarisées, des tensions croissantes avec la Chine et la dévastation économique du COVID-19 présentaient des défis majeurs pour le gouvernement fédéral. Face au protectionnisme croissant et aux chaînes d’approvisionnement mondiales menacées, le gouvernement Trudeau a opté pour une stratégie commerciale réactive.

Plus près de nous, les scandales dans les secteurs de la défense et de la sécurité du Canada ont détourné l’attention des questions qui importent le plus, comme l’établissement d’une relation moins dépendante avec les États-Unis, l’établissement d’une approche plus équilibrée à l’égard de la Chine et de la Russie et la promotion des valeurs et des intérêts canadiens à l’étranger au moyen d’accords commerciaux. et diplomatie.

Pour être juste, la présidence de Donald Trump et le COVID-19 exercent une pression et des contraintes considérables sur le processus décisionnel en matière de politique étrangère du Canada, mais le gouvernement ne peut pas continuer à blâmer les acteurs ou événements externes pour ses propres lacunes. Prendre la responsabilité d’une politique étrangère à la dérive est la première étape pour remédier à la situation, suivie d’un engagement légitime en faveur de la transparence et de la responsabilité.

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En fin de compte, le Canada doit se débarrasser de ses illusions de grandeur et prendre au sérieux sa politique étrangère et sa place dans le monde. Il est dans l’intérêt du pays d’avoir ces conversations maintenant.

Alors que les rumeurs d’une élection tourbillonnent, notre bulletin, qui en est maintenant à sa sixième année, cherche à faire participer le public à la discussion sur la politique étrangère et à fournir une analyse juste et rétrospective de l’activité du Canada sur la scène mondiale.

David Carment est professeur d’affaires internationales à l’Université Carleton. Il est rédacteur en chef du Canadian Foreign Policy Journal et membre de l’Institut canadien des affaires mondiales. Ted G. Fraser et Sydney Stewart sont des candidats à la maîtrise à la Norman Paterson School of International Affairs de Carleton.

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