Bilan de l’épisode d’intempéries dans le sud-est


Par Cyrille DUCHESNE, météorologue

Du 3 au 4 octobre, un épisode d’intempéries exceptionnel a concerné la partie sud-est de la France, en lien avec un important conflit de masses d’air entre de l’air chaud remontant d’Afrique du Nord et de l’ air beaucoup plus frais arrivant par l’Atlantique. This situation a été propice à de puissants orages accompagnés de très fortes intensités de pluie, de crues éclairs et d’inondations.

Une dégradation de grande ampleur a commencé le samedi 2 octobre en raison d’une perturbation très active dans le nord-ouest. Cette dernière est à l’origine des records de pluie en 24 heures sur le sud de la Bretagne et les Pays de la Loire (102 mm à Nantes contre 63 mm en moyenne). Dans le même temps, une dépression s’est creusée sur l’ouest de la Méditerranée faisant remonter l’air humide et instable du golfe du Lion vers les Cévennes, où des pluies diluviennes ont été observées pendant plusieurs heures.

460 mm de pluie : un record absolu !

Les pluies se concentrent sur une zone géographique assez restreinte des Cévennes, en limite des départements de la Lozère et du Gard et s’étendant en direction de l’Ardèche. Dans cette zone, une convergence des vents et une alimentation en air saturée en humidité, lieu de Méditerranée, a été à l’origine de très fortes intensités de pluie et d’une importante activité électrique. À Villefort en Lozère, sur un relevé pas moins de 435 mm en 12 heures, et 460 mm en 24 heures. De tels cumuls de pluie à l’échelle du département de la Lozère n’avaient jamais été enregistrés. En Ardèche, 272 mm ont été relevés en 24 h à Barnas. Le record de 340 mm en 24 heures du 7 octobre 1970 n’a donc pas été battu.

Déluge à Marseille, sur une partie du Var et de la Haute-Corse

Après avoir touché les Cévennes, les intempéries se sont décalées vers la région PACA et la Corse dans la nuit et la journée du lundi 4 octobre. La responsable, une dépression circulant au large de la Provence vers la mer de Ligure, et générant des lignes orageuses avec des pluies très intenses, mais sur des couloirs assez restreints géographiquement, d’où la difficulté de la prévision. Un déluge s’est abattu en fin de nuit et début de matinée sur Marseille et Cassis, où plusieurs quartiers ont été inondés. À la gare de Marseille-Vaudrans, il est tombé 173 mm en quelques heures, soit plus de deux fois ce qui tombe habituellement en octobre (79 mm). À partir du milieu de matinée et dans l’après-midi du 4 octobre, les orages se sont décalés un peu plus à l’est. Ils ont affecté la région de Brignoles où les cumuls estimés ont atteint entre 200 et 250 mm (cumuls base sur la réflectivité des radars, car il n’y a pas de station météo d’observation dans cette ville). Sur le nord-ouest du département, les localités de Varanges et Régusse ont observé d’importants cumuls avec respectivement 177 mm et 191 mm, soit deux mois de précipitations. Enfin en Haute-Corse, de violentes averses orageuses ont touché les régions de Solenzara et d’Alistro sur la côte orientale de l’île. Avec 214 mm à Alistro, il est tombé deux fois ce qu’il tombe en moyenne au mois d’octobre sur cette ville.

Un évènement moins intense qu’il y a un dans les Alpes-Maritimes

Cet épisode d’intempéries n’a rien de comparable avec celui survenu dans les Alpes-Maritimes et la vallée de la Vésubie, le 2 octobre 2020. Il était tombé 500 millimètres en 24 heures, soit l’équivalent de 4 mois de pluie. Dans les Alpes-Maritimes, les cours d’eau avaient alors subi une crue éclair, passant de paisibles filets d’eau à de redoutables torrents surveillant des inondations catastrophiques emportant tout sur leur passage. Des routes, des ponts, mais également de nombreuses habitations avaient été emportées par les flots, avec un bilan humain qui avait été très lourd.

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