Bernardo Silva, Europe, Ranieri, 2017… Rencontrez Ricardo Carvalho


Présent dimanche dernier au Stade Louis-II pour assister au grand match entre l’AS Monaco et Lille (0-0), l’ancien défenseur des Rouge et Blanc – qui a fêté ses 45 ans jeudi -, en a profité pour évoquer ses meilleurs souvenirs de sa fois la Principauté.

Il a laissé une trace indélébile dans la mémoire des supporters de l’AS Monaco. Cependant, les supporters du club de la Principauté peuvent encore lui en vouloir d’avoir empêché l’équipe de Didier Deschamps de remporter la plus prestigieuse des compétitions européennes.

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Mais c’est avec le professionnalisme et la bienveillance qui le caractérisent que Ricardo Carvalho a permis au Club de retrouver sa gloire d’antan dès 2013. Dans les tribunes du Stade Louis-II pour le choc contre le LOSC dimanche dernier (0-0), le l’ancien défenseur portugais, qui a fêté ses 45 ans jeudi 18 mai, en a profité pour évoquer son passage en Principauté. Voici l’interview complète. 🎙

Bonjour Ricardo. Tout d’abord, on imagine que c’est toujours spécial pour vous de revenir au Stade Louis-II…

Bien sûr ! C’est toujours un plaisir, car l’AS Monaco a été un club important pour moi. C’est vraiment très spécial, alors quand j’en ai l’occasion, j’en profite pour revenir ici. J’ai surtout de très bons souvenirs qui me reviennent, et c’est pour ça que j’aime être au Stade Louis-II.

Pourtant votre histoire avec les supporters du Club n’a pas bien commencé (référence à la finale de Ligue des Champions 2004)…

(Sourire) C’est le destin je dirais ! A l’époque c’était très important pour le FC Porto et pour moi de se retrouver en finale de cette compétition. C’était aussi une très belle opportunité pour l’AS Monaco de remporter ce trophée. Mais avec le recul je pense que notre victoire était méritée, sans faire offense à ce magnifique club.

Honnêtement avec le recul, je donne tout le crédit au coach. Il a bien su gérer l’équipe, même si ce n’était pas facile la première année. Mais on a réussi à finir à la deuxième place en Ligue 1 et à qualifier l’AS Monaco pour la Ligue des Champions. C’est juste dommage qu’il soit parti, car il méritait de continuer son parcours ici.

Ricardo CarvalhoÀ propos de Claudio Ranieri

D’ailleurs il ne doit pas rouler de son incroyable parcours cette année-là. Aller au bout, c’était top ! Et puis neuf ans après, je suis venu jouer ici. Même si j’étais déjà âgé, je me sentais bien et j’étais persuadé que je pouvais aider le Club à progresser et à grandir dans le championnat.

Une histoire qui devait durer un an, et qui s’est finalement prolongée !

(Il sourit) Oui c’était imprévu, puisque quand j’arrive j’ai déjà 35 ans, et je signe seulement pour une année. Mais je me sentais en forme encore une fois, et je pensais pouvoir apporter à l’équipe, au Club. Donc j’ai continué l’aventure, ça a duré trois ans finalement et c’était parfait ! Je me souviens que je jouais presque tout le temps, et c’était vraiment important pour moi de sentir que je pouvais aider l’AS Monaco à progresser.

Parlez-nous de Claudio Ranieri, qui vous fait venir en Principauté à ce moment-là.

A l’époque, Claudio avait tout fait pour ramener le Club en Ligue 1. Nous sommes arrivés à plusieurs, avec des jeunes joueurs comme des éléments plus expérimentés comme moi, Eric Abidal et Jérémy Toulalan. Le Président avait aussi beaucoup investi pour faire venir João Moutinho, James Rodriguez et Radamel Falcao, qui était la star !

Pour grandir, il faut avant tout gagner des matchs, et c’est ce que nous avons commencé à faire en 2013. Nous avons toujours été sur le podium à cette période-là, en terminant deuxièmes ou troisièmes. C’était important, car nous avions une très bonne équipe et notamment de jeunes talents.

Ricardo CarvalhoSur la saison 2013-2014

Honnêtement avec le recul, je donne tout le crédit au coach. Il a bien su gérer l’équipe, même si ce n’était pas facile la première année. Mais on a réussi à finir à la deuxième place en Ligue 1 et à qualifier l’AS Monaco pour la Ligue des Champions. C’est juste dommage qu’il soit parti, car il méritait de continuer son parcours ici.

Vous avez connu de sacrés joueurs durant votre passage, en plus de cette génération 2017 qui émergeait…

C’est vrai ! Pour grandir, il faut avant tout gagner des matchs, et c’est ce que nous avons commencé à faire en 2013. Nous avons toujours été sur le podium à cette période-là, en terminant deuxièmes ou troisièmes. C’était important, car nous avions une très bonne équipe et notamment de jeunes talents. Je me souviens de Yannick Carrasco, de Lucas Ocampos, de James Rodriguez.

Maintenant beaucoup d’entre eux sont dans les meilleurs clubs d’Europe, comme Bernardo Silva, qui est aujourd’hui l’un des meilleurs joueurs du monde. Kylian Mbappé également, qui a commencé à jouer avec nous et qui était une grosse surprise. Un phénomène !

Ricardo CarvalhoSur les jeunes talents passés par la Principauté

Ensuite Tiémoué Bakayoko est arrivé, de même que Fabinho et Thomas Lemar. C’était top ! Sur une équipe grandiose, mais c’était vraiment important de gagner pour faire progresser ce groupe. Et c’était notre rôle en tant que joueurs plus âgés, d’accompagner l’équipe vers le succès.

Jusqu’à connaître une première épopée européenne en 2015, avec là encore une jeune génération !

C’est le pied ! On avait envie de montrer qu’on avait de bons joueurs, capable de faire tomber de grosses équipes comme on l’a fait avec Arsenal. Nous n’avions pas mis de limites dans ce groupe ! C’était important de montrer qu’on avait la capacité de faire tomber les Gunners. Et deux ans après, l’équipe a continué à grandir et a gagné la Ligue 1. C’était crucial pour le Club.

Connaissez-vous le rôle que vous avez joué pour remettre l’AS Monaco à sa juste place ?

(Sourire) Bien sûr, mais j’ai juste fait mon travail avec mes coéquipiers. Je ne peux pas oublier d’autres joueurs plus âgés qui m’ont permis de faire cela lorsque les rôles ont été inversés. Nous avons essayé de donner des conseils aux jeunes joueurs en leur expliquant de ne pas se fixer de limites, et de continuer à grandir.

Et maintenant, beaucoup d’entre eux sont dans les meilleurs clubs d’Europe, comme Bernardo Silva, qui est aujourd’hui l’un des meilleurs joueurs du monde. Kylian Mbappé aussi, qui a commencé à jouer avec nous et qui a été une grosse surprise. Un vrai phénomène ! Aujourd’hui encore, l’équipe ne cesse de progresser. C’est incroyable et c’est une source de fierté pour moi d’avoir participé à ce travail.

Je rappelle aussi qu’on a perdu aux tirs au but ici mais c’était en Coupe de la Ligue (en 2014-2015 contre Bastia, 0-0, 6-7 aux tirs au but, ndlr). Il me semble que João Moutinho et Bernardo Silva ont raté leurs tentatives. On a ri dans le vestiaire parce que j’ai dit que c’était les Portugais qui nous avaient empêchés de passer (rires).

Ricardo CarvalhoAux tirs au but

Si vous aviez un souvenir à retenir de ces trois années passées ici, lequel choisiriez-vous ?

La première année a vraiment été la plus importante ! Nous avons lancé le projet alors que le Paris Saint-Germain était quasiment intouchable. Malgré tout, nous avons fait match nul au Parc des Princes, pour montrer que nous pouvions rivaliser avec cette équipe. C’était un signe de bon augure ! Cette année a vraiment été charnière pour le Club puisque nous avons pris la deuxième place qualificative pour la Ligue des Champions.

Le seul regret de cette saison est-il de ne pas avoir opté pour la Coupe de France ?

Oui c’est certain. Je rappelle aussi qu’on a perdu aux tirs au but ici mais c’était en Coupe de la Ligue (en 2014-2015 contre Bastia, 0-0, 6-7 aux tirs au but, ndlr). Il me semble que João Moutinho et Bernardo Silva ont raté leurs tentatives. On a ri dans le vestiaire parce que j’ai dit que c’était les Portugais qui nous avaient empêchés de passer (rires).

Mais pour le Club au final, c’est vrai que gagner un trophée reste une partie de notre histoire, c’est différent. La route du succès est longue et je suis heureuse d’avoir participé à ce voyage. J’ai fêté le titre de champion en 2017 comme si c’était moi qui avais gagné la Ligue 1 (sourire) !

Avez-vous suivi les exploits de vos anciens coéquipiers ?

Oui, j’étais content, je m’en souviens très bien car c’était ma dernière année et je suis allé jouer en Chine à Shanghai. J’ai regardé les cinq derniers matchs avec un stress incroyable pour suivre le score et les résultats. C’était phénoménal ! J’étais vraiment très content, même si je sais que ce n’était pas le mien (rires).

Il venait de la réserve de Benfica, et on en a parlé entre nous, car il y avait déjà pas mal de lusophones avec des Brésiliens comme Fabinho, Wallace… On s’est dit : « Encore un joueur qui parle portugais ! »

Ricardo CarvalhoÀ propos de Bernardo Silva

Mais c’est normal, j’ai entretenu de très bonnes relations avec le Club, qui m’a toujours bien traité ! Je me suis vraiment senti chez moi ici et d’ailleurs j’ai acheté une maison (rires) ! J’aime vivre ici et l’AS Monaco est vraiment spécial pour moi.

Si vous deviez choisir un joueur avec qui vous avez joué ici, ce serait qui ?

Je pense à deux ou trois pour être honnête. A l’époque, Bernardo Silva était une surprise, car je suis portugais mais je ne le connaissais pas ! Il venait de la réserve de Benfica, et on en a parlé entre nous, car il y avait déjà beaucoup de lusophones avec des Brésiliens comme Fabinho, Wallace… On s’est dit : « Encore un joueur qui parle portugais ! » Quand on l’a vu sur le terrain, on a compris que c’était un phénomène. La façon dont il peut contrôler le ballon, même mauvais, car il lui colle au pied ! Il était incroyable.

Et puis il y a Thomas Lemar, parce qu’il avait l’œil pour faire la bonne passe, et le sens du rythme. Il était très compétitif. Et Fabinho ! Parce qu’il a beaucoup grandi quand il a changé de poste, pour jouer au milieu de terrain. En défense, il était bon avec nous, mais en tant que numéro six, il a progressé très rapidement en tant que joueur.

Il y a toujours des supporters très passionnés, surtout sur la route ! On a toujours senti le soutien des fans, partout en France. Alors il faut aussi que les gens viennent en masse au Stade Louis-II, c’est indispensable !

Ricardo CarvalhoSur les supporters monégasques

Un autre?

Comment n’ai-je pas mentionné Falcao ? C’était vraiment un attaquant obsédé par les buts. Dommage qu’il ait eu cette grave blessure la première année en Coupe de France face à une équipe amateur. C’était un joueur de haut niveau comme personne d’autre, et c’était un attaquant de haut niveau ! Mais si je ne devais en choisir qu’un, je dirais quand même Bernardo Silva.

As-tu un petit message pour les supporters monégasques qui t’ont gardé dans leur cœur ?

Ce qui est important pour moi, c’est de voir que comme pour la ville elle-même, les gens aiment venir ici. Il reste encore un long chemin à parcourir pour remplir le Stade Louis-II, car il est important pour les joueurs et le Président de voir que les supporters aiment venir ici. Il y a toujours des supporters très passionnés, surtout sur la route ! On a toujours senti le soutien des fans, partout en France. Alors il faut aussi que les gens viennent en masse au Stade Louis-II, c’est indispensable !

Un dernier mot sur votre rôle dans l’équipe du Portugal…

C’est vrai, j’ai commencé cette mission en mars. J’ai été invité par le nouvel entraîneur Roberto Martinez à faire partie du staff. Je travaille plus avec les défenseurs et les aspects tactiques au niveau défensif pour le Portugal. Je suis ici pour aider, et c’est une fierté de le faire pour mon pays.



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