Analyse-La gauche française réussit le pari électoral, mais l’unité n’est pas si facile | Nouvelles du monde


Par John Irish et Layli Foroudi

PARIS (Reuters) – Le nouveau bloc de gauche français est sur le point de devenir la plus grande force d’opposition au parlement, mais rester uni présentera un test précoce alors que la majorité du président Emmanuel Macron cherche des alliés dans la gauche modérée pour faire passer son programme de réforme.

Macron était sur le point de perdre sa majorité absolue à l’Assemblée nationale après que les projections indiquaient un parlement suspendu qui verrait l’alliance de gauche Nupes remporter 175 à 200 sièges, triplant presque le score de ses partis combinés en 2017.

Le bloc rassemble pour la première fois en 20 ans la France insoumise (LFI), le Parti socialiste, les Verts et les communistes d’extrême gauche – sous la direction du vétéran d’extrême gauche eurosceptique Jean-Luc Mélenchon.

Il a fait campagne pour abaisser l’âge de la retraite de 62 à 60 ans, augmenter le salaire minimum et plafonner les prix des produits essentiels. Mais au sein de l’alliance, il existe des différences majeures, de l’Europe au nucléaire et à la police, qui ont été mises de côté pour la campagne mais qui seront ciblées par les opposants.

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« La déroute du parti présidentiel est totale et aucune majorité claire n’est en vue », a déclaré Melenchon à ses partisans enthousiastes. « C’est l’échec du macronisme et l’échec moral de ceux qui nous font la leçon. »

Clémentine Autain, l’un de ses principaux lieutenants, a déclaré que les résultats étaient une justification de la stratégie de la gauche.

« Il s’agit d’un rassemblement des forces pour une transformation sociale et écologique sur la base d’un profond changement de société », a-t-elle déclaré.

Au-delà du triomphalisme, la question est désormais de savoir si l’alliance peut tenir. Le parti LFI de Melenchon, qui devrait gagner environ 90 députés, un peu moins que prévu dans les sondages d’opinion, voudra diriger la gauche au parlement.

Mais les socialistes et les verts pouvant créer leurs propres groupes parlementaires, il n’est pas certain qu’ils soutiendraient LFI sur tous les sujets lorsqu’ils s’opposeraient à la majorité.

Dimanche, de hauts responsables de Macron tentaient déjà de creuser un fossé entre les différentes factions de l’alliance Nupes, accusant LFI d’être un parti des extrêmes et une force non constructive au parlement au cours des cinq dernières années.

« Combien de fois avez-vous rejoint le Front national au parlement ? Le ministre de la Justice Eric Dupont-Moretti a posé la question au pilier de LFI Manuel Bompard sur France 2. « Les extrêmes se rejoignent. »

Corinne Narassiguin du Parti socialiste, qui a donné à la France deux présidents depuis la Seconde Guerre mondiale et a été un moteur de l’intégration européenne, a déclaré que le temps nous dirait si l’alliance survivrait ou si elle n’était qu’une machine électorale.

« Comme dans d’autres groupes de coalition en Europe, nous serons d’accord sur des points et nous aurons des points de divergence », a-t-elle déclaré à Reuters. « C’est une expérimentation, c’est la première fois qu’on fait élire un groupe en tant qu’intergroupe et c’est notre responsabilité envers les électeurs (de le garder ensemble). »

En signe de la manière dont la majorité au pouvoir pourrait agir dans les prochains jours, la porte-parole du gouvernement Olivia Grégoire a offert une branche d’olivier à certains opposants.

« A droite et à gauche, il y a des modérés, des socialistes modérés… il y a des gens qui sur certains projets de loi ils seront à nos côtés », a-t-elle déclaré à France 2. « C’est une main ouverte à tous ceux qui veulent faire du pays Avance. »

(Reportage par John Irish et Layli Foroudi; Montage par Daniel Wallis)

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