Aborder l’élimination des contaminants émergents difficiles des eaux usées


Actuellement, les systèmes de traitement laissent passer en moyenne la moitié des contaminants émergents présents dans les eaux usées. Cependant, les scientifiques développent de nouvelles technologies pour rendre les infrastructures plus efficaces et éliminer les contaminants restants qui seraient autrement rejetés dans les cours d’eau. Jean-François Blais, spécialiste du traitement de l’eau et de la décontamination environnementale à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS), a collaboré avec des scientifiques canadiens pour examiner les technologies de traitement actuelles et émergentes. Grâce à cet examen, l’équipe a déterminé l’efficacité d’élimination d’un type particulier de contaminant qui provoque une perturbation hormonale : les perturbateurs endocriniens.

Technologies efficaces

L’une des technologies les plus prometteuses est l’ozonation. L’ozone, un puissant gaz oxydant, décompose les polluants par une réaction chimique. C’est précisément cette technologie qui a été choisie pour la station d’épuration Jean-R.-Marcotte, où convergent toutes les eaux usées de Montréal. Une autre méthode prometteuse dans le traitement de l’eau est l’adsorption avec du charbon actif. En plus d’être peu coûteux, ce matériau permet de filtrer et d’absorber efficacement les contaminants, qu’il soit sous forme de poudre ou de granulés.

Dans sa revue, le professeur Blais s’est également concentré sur les procédés d’électro-oxydation et les bioréacteurs à membrane. La première méthode utilise deux électrodes pour dégrader les polluants. La seconde combine une membrane (pour filtrer une partie des contaminants) et des organismes biologiques (pour dégrader ce qui la traverse).

Ces deux approches sont développées à l’INRS, dans le professeur Patrick Droguic’est Laboratoire d’électrotechnologies environnementales et procédés oxydants.

« Toutes ces technologies émergentes ont l’avantage de pouvoir être ajoutées aux stations d’épuration existantes, principalement en aval des systèmes actuels », explique le professeur Blais.

Ultimement, ils pourraient améliorer la performance des technologies de traitement de l’eau existantes sans nécessiter de changements majeurs aux installations municipales.

La question du lac Saint-Charles

Ces différentes options de traitement des eaux usées ont des implications concrètes pour les municipalités. La Ville de Québec, notamment, s’est rapidement intéressée à ces méthodes de traitement novatrices suite à des inquiétudes quant à la qualité de l’eau de sa principale source d’approvisionnement en eau, le lac Saint-Charles. Elle a donc mandaté l’équipe de l’INRS pour trouver des solutions efficaces à ce problème, ainsi que pour raccorder son réseau d’égout.

« De nombreuses résidences éloignées utilisent des fosses septiques et des champs d’absorption », explique Blais. Nous voulions identifier des alternatives, comme des systèmes de traitement autonomes pour les maisons, pour les connecter sans sacrifier la santé de nos plans d’eau.

En avril 2021, le professeur Blais, la professeure Sophie Duchesne, agente de recherche Geneviève Rioux, et Priscille Ahossi, étudiante à la maîtrise en études professionnelles en sciences de l’eau, ont déposé un rapport d’évaluation et de recommandation décrivant les solutions que la Ville pourrait mettre en place.

Référence: Azizi D, Arif A, Blair D et al. Un examen complet des technologies actuelles d’élimination des perturbateurs endocriniens des eaux usées. Environ Rés. 2022;207:112196. doi : 10.1016/j.envres.2021.112196

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