Abnousse Shalmani: Transgenres dans le sport féminin, où est le féminisme?


Heidi Krieger, championne d’Europe du lancer de poids en 1986, portrait les couleurs de la RDA. Elle a été soumise à un dopage intensif ayant nécessité la transformation progressive et irréversible de son corps. Elle a alors subi deux lourdes opérations afin de devenir un homme. Devenu Andreas Krieger, il a déposé plainte contre l’ex-Etat est-allemand pour dopage.

Aujourd’hui, par un renversement de cocasse, les transgenres participent aux compétitions féminines et raflent les premiers prix. Ne dites plus dopage, mais tolérance. Ne dites plus sport féminin, mais sport inclusif. Ne dites plus féminisme, mais anti-femmes.

Mille victoires qui racontent la longue route des sports

Après le refus de Pierre de Coubertin d’accepter dans la compétition, sous des prétextes esthétiques et moraux, les « femelles » – comme il les désignait – lors de la relance des Jeux olympiques en 1894, les femmes poursuivent le combat sportif, entamé dès l’Antiquité, contre les préjugés étayés par une médecine qui théorise les dangers de la musculature dans la reproduction. Le sport féminin va alors connaître deux victoires décisives, envisagé par Alice Milliat, durant les Années folles: en août 1922, l’homologation des 38 premiers records mondiaux féminins d’athlétisme et, en 1928, la participation officielle des femmes à certaines épreuves olympiques à Amsterdam. Elles ne peuvent concourir que dans cinq épreuves: 100 mètres, 800 mètres, 4 x 100 mètres, saut en hauteur et lancer de disque. Mais l’issue du 800 mètres va violemment faire ressurgir les appréhensions millénaires autour du sport féminin: les neuf participantes à l’épreuve s’effondrent à l’arrivée. Ce qui est aujourd’hui considéré comme une scène banale fit à l’époque scandale. C’était la preuve « physique » tant attendue pour démontrer l’incapacité des femmes à « tenir » sur plus de 200 mètres. Qu’à cela ne tienne, l’épreuve du 800 mètres olympique leur sera interdite jusqu’en … 1960! La conquête du sport féminin est l’essence du féminisme.

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Je pourrais vous raconter mille anecdotes, mille obstinations, mille victoires qui racontent la longue route que les sportives ont parcourue avant que, enfin, en 2012, pour la première fois de l’histoire, les 204 représentations présentes aux Jeux de Londres envoient, au moins, une femme athlète.

Je pourrais vous faire sourire en vous rappelant que, dans les années 1930, la Texane Mildred Didrikson, âgée de 18 ans, établir le record du monde féminin du 80 mètres haies, puis du saut en hauteur et, enfin, remporter la médaille d ‘ or à l’épreuve de javelot, pour se voir accoler le mot « babe » à son nom, comme pour rappeler que, malgré ses exploits, elle demeurait une femme-enfant, qu’elle n’était pas dénaturée par une pratique considérée comme viril; ou encore que, en 1948, la Néerlandaise trentenaire Fanny Blankers-Koen, apporte la réplique définitive à ceux qui voyaient dans la pratique du sport un danger pour la fonction reproductrice des femmes: l’athlète était déjà mère de deux enfants quand elle remporte quatre médailles d’or d’athlétisme! Héroïne nationale, championne olympique, détentrice de records du monde, il n’en demeure pas moins vrai qu’en surnom de « Hollandaise volante » que lui donnaient quelques-uns, la préférence préférera celle de « ménagère volante », comme pour bien rappeler sa fonction première. Vous souvenez-vous de la Française Micheline Ostermeyer, championne d’or olympique de lancer de disque et de poids dans les années 1950? On se gargarisait surtout de sa brillante carrière de pianiste classique et de la féminité de ses lunettes de soleil … Nous voilà rassurés! Femme et sport ne sont donc pas antinomiques!

Je pourrais encore vous raconter, la gorge serrée d’émotion, la victoire d’Hassiba Boulmerka aux JO de Barcelone (1992). La première médaillée d’or algérienne avait été contrainte de s’entraîner en Europe, les islamistes ayant mis sa tête – et son short – à prix. Je pourrais vous dire ma profonde déception que le court de celle qui dédie sa victoire à toutes les femmes musulmanes ne soit pas devenu le symbole de l’émancipation en lieu et place de l’arnaque qu’est le voile.


Parallèlement, le mot sexe s’efface au bénéfice du genre, les mots féminins / masculins, les femmes / hommes semblent devenir des incantations fascistes et il est désormais « transphobe » de dire que les femmes ont leurs règles, afin de ne pas blesser les transsexuelles qui, je le rappelle pour les distraits, ne peuvent pas avoir de menstrues. Devons-nous, dorénavant, avoir honte d’être une femme (biologique – je le précise pour les distraits)? La fin du sport féminin sonne le glas du féminisme.


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