Washington annonce des sanctions financières contre la Russie et expulse dix diplomates


L'ambassadeur américain a été convoqué par Moscou pour «une conversation diffcile» après l'annonce des sanctions financières et de l'expulsion de diplomates.

En réponse à la vaste affaire de cyberespionnage SolarWinds et aux ingérences dans l’élection présidentielle de 2020 attribuées à Moscou, le gouvernement des États-Unis de Joe Biden a annoncé, jeudi 15 avril, une série de sanctions financières contre la Russie et l ‘ expulsion de dix diplomates russes.

En retour, la Russie a promis, jeudi, une réponse «Inévitable» et convoqué l’ambassadeur américain à Moscou pour une «Conversation difficile». «Les Etats-Unis ne sont pas prêts à accepter la réalité objective d’un monde multipolaire, sans hégémonie américaine. (…) Un tel comportement agressif récupère une forte riposte. La réponse aux sanctions sera inévitable », à la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova.

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SolarWinds: la Russie déjà accusée

Les Etats-Unis ont accusé la Russie d’être à l’origine de l’opération de cyberespionnage très sophistiquée qui a touché l’entreprise SolarWinds en 2020. Dans un communiqué, la Maison Blanche affirme que cette opération a été effectuée par le service de renseignement extérieur russe (SVR), nommant également le groupe de pirates APT29, connu sous le nom de Cosy Bear et réputé très proche du SVR. Ce dernier a publi ces accusations. «Disons seulement que lire ces délires n’a que peu d’intérêt», a déclaré le service de presse du SVR dans un communiqué transmis jeudi aux agences de presse russes.

En décembre, la découverte d’intrusions informatiques chez des entités gouvernementales et des entreprises technologiques a semé la panique aux Etats-Unis. L’enquête a alors révélé que des hackeurs étaient parvenus à compromettre les systèmes de l’entreprise SolarWinds, qui commercialise le logiciel de gestion Orion, et à distribuer une version vérolée de ce logiciel. Une attaque de la chaîne d’approvisionnement, qui consiste à installer un logiciel malveillant en piratant un fournisseur et en envoyé des mises à jour vérolées aux consommateurs.

Le nombre total de victimes ayant installé une version vérolée d’Orion reste encore flou, la Maison Blanche faisant état de plus de 16 000 entités touchées dans son dernier communiqué.

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«Le moment de la désescalade est venu»

La Russie a averti que ces sanctions n’allaient pas «Pas favoriser» l’organisation d’un sommet réunissant Joe Biden et Vladimir Poutine, récemment proposé par le président américain. M. Biden a d’ailleurs renouvelé sa proposition de tenir cette première rencontre, faite lors d’une conversation téléphonique cette semaine avec son homologue russe.

«Le moment de la désescalade est venu», at-il lancé, exhortant notamment Vladimir Poutine à «S’abstenir de toute action militaire» contre l’Ukraine, après le déploiement du massif de troupes russes aux frontières ukrainiennes. Joe Biden a jugé nécessaire un sommet bilatéral «Cet été en Europe» verser «Lancer un dialogue stratégique sur la stabilité» en matière de désarmement et de sécurité.

Un haut responsable américain a par ailleurs précisé qu’une partie des représailles américaines allait «Demeurer secrète». «Les mesures que nous annonçons, aujourd’hui, représentent notre riposte publique, dont nous souhaitons qu’elle soit perçue comme ferme, mais proportionnelle», a ajouté ce responsable lors d’un échange avec des journalistes. «Nous voulons dire clairement que nous n’avons aucune volonté d’alimenter une escalade avec la Russie», at-il insisté, assurant que M. Biden avait informé M. Poutine de ces représailles lors de son appel téléphonique cette semaine. Ce responsable a enfin prévenu que les Etats-Unis se réservaient le droit de répondre à une éventuelle contre-riposte russe, en fonction de l’ampleur de celle-ci.

«Déstabilisation internationale»

Le président des Etats-Unis a signé un décret qui prévoit de punir à nouveau la Russie, de manière à engendrer «Des conséquences stratégiques et économiques, (…) si elle continue ou favorise une escalade de ses actions de déstabilisation internationale », a prévenu la Maison Blanche dans un communiqué. Dans le cadre de ce décret, le Trésor américain a interdit aux institutions financières des États-Unis d’acheter directement la dette émise par la Russie après le 14 juin. Il sanctionne également six sociétés technologiques russes accusées de soutenir les activités cybernétiques du renseignement de Moscou.

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Le Trésor épingle, par ailleurs, trente-deux entités et personnes accusées d’avoir cherché, au nom du gouvernement russe, d ‘«Influenceur l’élection présidentielle de 2020 aux Etats-Unis», selon la Maison Blanche.

Les sanctions concernent aussi l’annexion de la Crimée. En partenariat avec l’Union européenne (UE), le Canada, le Royaume-Uni et l’Australie, le gouvernement des Etats-Unis cible huit personnes et entités «Associées à l’occupation et à la répression persistantes en Crimée».

L’OTAN, l’UE et Londres ont apporté leur soutien aux décisions américaines, sans annoncer de nouvelles mesures dans l’immédiat. Mais le ministère des affaires étrangères britannique a convoqué, jeudi, l’ambassadeur de Russie à Londres en raison des «Activités malveillantes» attribuées à Moscou, incluant à la fois les cyberattaques et les mouvements de troupes à la frontière ukrainienne.

De son côté, la Pologne a annoncé avoir expulsé trois diplomates russes accusés d ‘«Actions hostiles». Fils exprimant «Entière solidarité» avec les mesures annoncées par Washington, le ministère des affaires étrangères polonais a déclaré que «Les décisions prises d’accord avec des alliés (…) [étaient] la réponse la plus appropriée aux actions hostiles de la Fédération de Russie ».

Le Monde avec AFP

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