Une enquête de médias européens accessible à Frontex | International | DW


C’est un vote symbolique, qui ne va pas changer l’activité de Frontex. Mais c’est un vote qui sanctionne politiquement une accumulation de critiques et de révélations controversées sur le fonctionnement de l’Agence européenne de contrôle des frontières. Le parlement européen, las de ces révélations à répétition, a refusé ce jeudi (29.04) de voter le budget 2019 de Frontex.

Une de ces accusations répétées est la pratique illégale de ce que l’on appelle les « pushback », c’est-à-dire l’action de refouler des migrants après les avoir interceptés, que ce soit en mer Méditerranée ou au niveau des frontières terrestres européennes. Les refouler, sans leur avoir laissé la chance de formuler une demande d’asile.

De nouveaux éléments incriminants ont été publiés par un consortium de médias européens, dont le service public allemand ARD et le magazine der Spiegel.

Leur enquête que des agents de Frontex ont directement fourni des informations aux gardes-côtes libyens pour qu’ils interceptent des embarcations de migrants et les ramènent en Libye.

Zone de recherche maltaise

Pendant plusieurs mois, les journalistes ont en effet suivi et examinent les trajets des vols des avions de reconnaissance de Frontex. Ils les ont comparés aux mouvements de garde-côtes libyens. Ils ont aussi regardé si, lors des interceptions, des bateaux de la marchandise se trouvaient à proximité et donc pu intervenir.

Et il se trouve que lors d’au moins huit de ces renvois vers la Libye de bateaux qui se trouvaient pourtant dans la zone de recherche et de secours maltaise, un avion de Frontex venait de passer. De plus, cinq gardes-côtes libyens avoir directement reçu de Frontex les coordonnées géographiques de certaines embarcations.

Selon un responsable d’Amnesty International cité par l’enquête, Frontex joue désormais un rôle essentiel dans le refoulement de migrants en Méditerranée. Mateo de Bellis explique que « sans les informations de Frontex, les gardes-côtes libyens ne pourraient jamais intercepter autant de migrants. »

Frontex se défend de sauver des vies

Quelque 4.500 personnes ont ainsi été interceptées et retournées en Libye depuis le début de l’année. C’est deux fois plus que sur la même période l’an dernier. Et lors de ces retours, ce qui attend les migrants sont des centres de détention, dans lesquels sont pratiqués la torture et l’extorsion.

Frontex a aussi été accusé par le passé de refoulement illégaux en Hongrie, en Croatie et en Grèce

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Frontex se défend: aperçoit une embarcation en détresse, un appel d’urgence est adressé à tous les centres de secours nationaux et la Libye en fait partie.

L’Agence promet de se pencher sur ces nouvelles révélations lors de son prochain conseil d’administration la semaine prochaine. Le besoin de Frontex de dissiper les doutes est lié plus urgent que la Commission européenne vient d’annoncer qu’elle veut donner à Frontex un plus grand rôle dans les programmes de retours volontaires.



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