une 4e place au Mondial-2022 pour l’histoire et de l’ambition pour l’avenir


L’épopée du Maroc lors du Mondial au Qatar s’est conclue par une 4e place historique pour l’histoire du pays et du football africain. Mais pour le sélectionner des Lions de l’Atlas, Walid Regragui, pas question de s’arrêter là.

Malgré des défaites contre la France puis contre la Croatie en petite finale (2-1), le Maroc a écrit ce qui reste parmi les plus belles pages du Mondial-2022 au Qatar. Les Lions de l’Atlas sont devenus l’équipe-frisson de la Coupe du monde : ils ont écrit l’histoire en faisant tomber des géants européens tels que l’Espagne, le Portugal ou encore la Belgique pour devenir la première nation africaine dans le dernier carré d’un Mondial. Et le sélectionneur Walid Regragui regarde déjà vers la CAN-2024.

En brisant ce plafond de verre du pied africain, le Maroc a également fait tomber quelques autres records du continent et notamment la plus longue série d’invincibilité par une nation africaine dans l’histoire de la Coupe du Monde (6 matchs). Les Lions de l’Atlas sont également codétenteurs du record de clean-sheets (match sans encaisser de buts) pour l’Afrique en Coupe du monde (7 en tout). D’ailleurs, elle en a obtenu quatre rien que dans ce Mondial, soit plus que dans le reste de son histoire.

Alors qu’importe qu’après la France, la Croatie ait fait voler en éclats la défense de fer du Maroc à deux reprises. En effet, les Lions de l’Atlas se sont fait surprendre par un coup de Modric de 35 mètres que Perisic a négligé sur Gvardiol pour l’ouverture du score (7e, 1-0). Dari a répliqué de la même façon (9e, 1-1). Mais Orsic a enterré les espoirs d’une médaille de bronze africaine avant la pause (42e, 2-1). Si les Marocains se sont battus jusqu’au bout, l’essentiel n’était plus là pour eux.

L’ambition comme leitmotiv

Avant même ce match pour la troisième place, le sélectionneur Walid Regragui se projetait plus loin. Immédiatement après la défaite contre la France en demi-finale, il regardait vers le prochain Mondial. « Il faudra qu’on soit régulier pour montrer que ce n’était pas un accident », at-il annoncé. « Il ne faut pas attendre 40 ans pour dire qu’on a la possibilité de ramener une équipe africaine en finale ».

« L’image que l’on a donnée de notre peuple vaut plus que de gagner une Coupe du monde », s’est félicité Walid Regragui. Enflammé à longueur de conférences de presse, il n’a cessé de proclamer ce Maroc était le porte-drapeau de l’Afrique et du monde arabe.

À court terme, il se projette vers la prochaine Coupe d’Afrique des nations, qui aura lieu en janvier 2024 en Côte d’Ivoire. Ambitieux comme lors de ce Mondial, il vise le dernier carré : « L’objectif, c’est la demi-finale, au minimum. Si je ne l’obtiens pas, je partirai. C’est comme ça que ça doit marcher » , avertit Regragui.

D’autant que son équipe est encore jeune. Parmi les demi-finalistes au Qatar, seul le capitaine Romain Saïss (32 ans), dont la cuisse n’a tenu que 20 minutes, mercredi, et le gardien Yassine Bounou (31 ans) ont passé la trentaine. Tous les autres ont entre 22 ans, comme Ounahi, et 29 ans, comme Sofiane Boufal et Hakim Ziyech, les ailiers qui ont beaucoup permuté et mis le défenseur français Théo Hernandez sur le gril.

Un projet à long terme ambitieux

Reste qu’il faudra fidéliser toute cette équipe. Comme l’a rappelé le prédécesseur de Waldi Regragui, Vahid Halilhodžić lors d’une interview en pleine Coupe du monde, le curseur de motivation n’est pas le même entre un Mondial et une CAN :

« Certains refusaient de jouer pour le Maroc parce qu’ils avaient des entourages qui préféraient qu’ils jouaient pour l’Espagne, l’Italie ou la France. Et après, ils changent d’avis quand il y a une Coupe du monde ! Mais il fallait être là quand on est allé à Kinshasa ou en Guinée pendant le putsch militaire [pendant les qualifications pour le Mondial et la CAN] », rappelait le Franco-Serbe à SoFoot, toujours amer d’avoir été écarté à quatre mois de la compétition pour laquelle il avait façonné et qualifié l’équipe marocaine.

Pour concrétiser sur le long terme, le Maroc a un atout : ses investissements depuis une quinzaine d’années dans la formation en prévoyant un mix entre des joueurs formés localement et des stars nées à l’étranger. « Le foot est un puzzle », estime Nasser Larguet, l’un des pères fondateurs de l’académie Mohamed VI, offert en 2009, qui a révolutionné le foot marocain, ajoutant que « Walid Regragui est le ciment et le guide de cette équipe « .

« On a toujours développé des binationaux », note le coach né à Corbeil-Essonnes, moi-même je suis binational, de la génération [finaliste de la CAN] 2004, avec des joueurs formés en France ».

« Je ne veux pas qu’on commence à catégoriser, les ‘Botola’ (le nom du championnat professionnel du Maroc, NDLR), les binationaux… », lance le sélectionneur. « Moi je n’ai pas fait de quotas, j’ai regardé ceux qui pouvaient apporter quelque chose à l’équipe. Attiat-llah [pourrait jouer] en Europe tous les jours, Dari va devenir très fort… »

Le Maroc veut capitaliser sur son académie Mohamed VI. Nasser Larguet, ancien directeur technique national (DTN), souligne également qu' »un joueur par ligne » vient de cet ambitieux centre de formation : « Youssef En-Nesyri, Azzedine Ounahi, Nayef Aguerd et Reda Tagnaouti, le troisième gardien ».

« Sa Majesté a mis beaucoup de moyens pour faire progresser le pied marocain, c’est aussi sa réussite », dit Regragui. « L’Afrique et le Maroc progressent, on a enfin compris qu’il fallait se prendre en main, on a montré au monde qu’au Maroc on travaille et on avance », poursuit le sélectionneur.

Cette académie est « une petite pierre à l’édifice », reprend Larguet. « On avait un peu baissé pavillon sur la formation locale. On a montré qu’on est capable de former des joueurs de haut niveau. »

Accompagné par le président de la Fédération marocaine (FRMF) Fouzi Lekjaa, le projet « repose sur trois piliers : les jeunes, les formateurs et l’élite », résume l’ancien formateur et entraîneur de l’Olympique de Marseille

Walid Regragui est le pur produit et l’un des grands bénéficiaires de ce triptyque, puisqu’il fait partie de la première promotion d’entraîneurs formés au Maroc, avec notamment son homologue sénégalais Aliou Cissé.

Le football professionnel s’est aussi développé et les résultats arrivent. Le WAC Casablanca, entraîné par… Regragui, a remporté la dernière Ligue des champions d’Afrique, avec notamment les mondialistes Tagnaouti, Yahya Attiat-Allah, entré plein de peps à la pause mercredi, et Achraf Dari.

Une équipe jeune, des binationaux qui éclosent avec l’envie de jouer pour le Maroc, une formation révolutionnée et un entraîneur ambitieux : l’avenir s’annonce plein de promesses pour les Lions de l’Atlas.

La Coupe du monde au Qatar au-delà du football :

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