Un médecin dans son téléphone


La pandémie a forcé le système de santé à accélérer le pas en matière de télémédecine. La clinique médicale toute virtuelle Olive, la première du genre au Québec, souhaite pousser le concept encore plus loin.

Offerte seulement sur les téléphones intelligents, Olive ambitionne d’éliminer les obstacles à l’accès aux services de santé de première ligne, comme la difficulté de trouver une clinique qui accepte la clientèle orpheline ou le risque que le rendez-vous proposé soit pas compatible avec son propre horaire. «En 2021, la technologie peut encore permettre d’améliorer l’accessibilité aux soins», fait valoir le Dr Sanjeev Sirpal, directeur médical d’Olive, lancée en janvier.

Les cliniques virtuelles ne sont pas nouvelles en soi. Des plateformes comme Maple et Babylon existent déjà au Canada anglais depuis quelques années. Au Québec, les services de télémédecine de Dialogue, un fournisseur québécois, permettent aussi des consultations en ligne par l’intermédiaire des employeurs et des régimes d’assurances collectives.

Olive est plutôt proposée au grand public directement, par abonnement. Les patients ont accès à des soins illimités pour 15 $ par mois, ou 39 $ par famille. Le coût comprend de plus les frais d’ambulance et d’évacuation d’urgence par les airs (la clinique appartient au Groupe Huot, également propriétaire du service d’évacuation Airmedic). Il n’y a aucuns frais d’adhésion, et l’abonnement est sans contrat et sans engagement.

Le service est accessible par une application mobile disponible sur Android et iOS, qui permet de rencontrer une infirmière sans rendez-vous en téléconférence, 24 heures sur 24. Selon les besoins, celle-ci peut conseiller le patient, ou le mettre en communication avec une infirmière praticienne ou un médecin, qui pourra fournir des consultations à distance, prescrire un médicament ou le diriger vers un spécialiste.

Des consultations pour des dizaines d’ennuis de santé sont possibles sur Olive, notamment pour des infections, des blessures légères, des maladies chroniques ou des problèmes de santé mentale. «Au cours des prochaines semaines, nous allons évaluer les besoins de notre clientèle, et nous pourrons offrir l’accès à des spécialistes (NDLR: médecins omnipraticiens ou infirmières) supplémentaires», note Carl Guérard, chef de l’exploitation d’Olive. Un patient peut aussi obtenir des billets médicaux ou faire renouveler ses ordonnances.

Certains actes doivent évidemment une rencontre en personne et ne peuvent être exécutés lors d’une téléconsultation. Les agents de la clinique pourront alors aider le patient à prendre rendez-vous dans un établissement. «C’est un service complémentaire à ceux qui existent déjà», explique le Dr Sanjeev Sirpal. Il s’ajoute ainsi aux autres plateformes déjà en place comme Rendez-vous santé Québec, imposé aux groupes de médecine de famille (GMF) par le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) et offert gratuitement aux patients, ainsi que son concurrent privé, Bonjour Santé.

En plus de la vidéoconférence (ou des appels audios pour ceux qui ne souhaitent pas ouvrir leur caméra), l’application d’Olive permet de clavarder, envoie des photos et des vidéos et de prendre rendez-vous avec un professionnel de la santé lorsque celui-ci n’est pas disponible au moment de l’appel. Toutes les informations sont chiffrées, et les envois envoyés par le service sont effacés automatiquement après 30 jours.

Crédit: Olive

Olive crée un dossier médical électronique (DME) comme n’importe quelle autre clinique, et les informations du patient sont enregistrées dans le Dossier santé Québec (DSQ). Son médecin de famille aura donc accès aux tests demandés par les médecins d’Olive et aux prescriptions fournies, par exemple. «Nos médecins vont faire le suivi des soins», assure cependant le Dr Sirpal.

Il n’y a pas que les médecins qui se mettent au virtuel. Mardi dernier, Telepharma.ca, une pharmacie 100% numérique québécoise, a aussi été lancée. Il est possible de parler avec un pharmacien en vidéoconférence et de commander ses médicaments en ligne. Il y a quelques mois, Télépharmacie Québec avait commencé ses activités en offrant les mêmes services, et elle a ajouté des téléconsultations avec un pharmacien couvertes par la RAMQ au début janvier.

«Ça fait des décennies que la télémédecine existe. Mais avec la pandémie, elle devient de plus en plus populaire », observe le Dr Sanjeev Sirpal. La technologie est utile pour des raisons sanitaires en temps de COVID-19, mais celle-ci devrait également faciliter l’accès aux soins à plus long terme. Aux États-Unis, la société de recherche Markets and Markets estime que le marché de la télésanté devrait passer de 49 milliards de dollars en 2020 à 244 milliards en 2025.

Les cliniques virtuelles qui proposent leurs services au Québec fonctionnent toutes pour l’instant de manière privée, sans que les actes soient remboursés par la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ). Elles se financent soit par abonnement, comme Olive, soit par l’entremise des employeurs, comme Dialogue, soit en imposant des frais à chaque consultation (généralement une centaine de dollars).

Les téléconsultations avec les médecins participants au régime public au Québec, par exemple celles organisées par son médecin de famille, sont évidemment toujours gratuites pour les patients, qui perdent cependant la simplicité d’accès qu’offrent les plateformes numériques.

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