Toulouse. La métropole envisage-t-elle de privatiser la collecte des déchets ?


Malgré la résolution du conflit social qui opposait les agents de collecte de déchets et la métropole de Toulouse, l’opposition s’inquiète d’une éventuelle privatisation de ce service métropolitain. Une menace qu’avait brandi Jean-Luc Moudenc au plus fort de la grève.

poubelle collecte déchets toulouse
L’opposition s’inquiète d’une éventuelle privatisation de la collecte des déchets à Toulouse CC BY SA 20 Yann Gar

La collecte des déchets subira-t-elle le même sort que la gestion de l’eau privatisée en 2018 ? La menace avait été brandie par Jean-Luc Moudenc lors du conflit social qui s’était associé les agents de la collecte des déchets ménagers et la métropole de Toulouse, dans le cadre de l’application de la loi de transformation de la fonction publique. Une réforme de la collectivité qui prévoyait notamment la fin du fini-parti et le passage à 35 heures des agents métropolitains (au lieu de 25) afin de se mettre en conformité avec la loi sur la durée du temps de travail.

« Pourquoi avoir plongé Toulouse dans le chaos ? »

Mais, trois semaines après la fin de la grève, l’opposition et les syndicats s’inquiètent toujours d’une possible « privatisation par secteurs » de ce service public métropolitain. « Nous avons plusieurs motifs d’inquiétude. Que ce soit la stratégie très agressive de gestion de la crise par la majorité, l’instauration d’un régime différencié pour certains agents ou, encore, d’avoir confié aux sociétés privées le travail de résorption des déchets éliminés pendant la grève. Alors même que les agents métropolitains proposaient, dans une logique gagnant-gagnant, de le faire avec des heures supplémentaires », évoquait tout d’abord Maxime Le Texier, conseiller métropolitain d’opposition au sein du groupe Alternative métropole citoyenne (AMC).

Une volonté de dégrader l’image du service public ?

En effet, pour l’opposition, l’absence de négociations durant l’année 2021 serait le fruit d’une volonté de la majorité de « dégrader l’image des agents et du service public de collecte » afin de justifier un passage en régie privée. « Pourquoi avoir fait le choix de plonger Toulouse dans le chaos ? Comme dit l’adage, qui veut tuer son chien dit qu’il a la rage », insiste l’élu.

« Ce sont les syndicats qui ont pratiqué la politique de la chaise vide »

Une accusation que dément Vincent Terrail-Novès, vice-président de Toulouse métropole en charge des déchets et de la propreté. « Il est faux de dire que la métropole a compensé les négociations. Ce sont les organisations syndicales qui ont pratiqué la politique de la chaise vide en refusant de siéger aux deux comités techniques préparatoires sur cette question », défendu ce dernier.

Diviser pour mieux régner ?

Par ailleurs, les membres du groupe d’opposition AMC s’étonnent également du même d’un régime dérogatoire pour une partie des agentschargés de la collecte dans le centre ville.

« Ce serait un bon moment pour tenter un coup de force »

« Pourquoi cette différence alors que Vincent Terrail-Novès avait fait valoir que c’était la loi et, donc, non négociable. Pour nous, l’instauration d’un tel régime de favoritisme revient à diviser les agents et à les monter les uns contre les autres. Nous craignons que ce soit une stratégie pour engager une privatisation par secteur en tuant dans l’œuf la solidarité entre dépôts soumis à des régimes différents », développe Maxime Le Texier dont le groupe demande à la majorité des garanties sur le maintien de la collecte des déchets de la métropole en régie publique.

Une exception justifiée par des contraintes techniques

Si Vincent Terrail-Novès préfère laisser aux services techniques le soin d’apporter des explications sur les dispositions légales qui permettent légalement de maintenir un système dérogatoire pour une partie des agents, celui-ci justifie ce choix politique par les particularités du travail effectuées par la trentaine d’agents (sur 580) concernés.

« Le dépôt concerné gère la collecte des déchets du centre-ville historique. Or, ces tournées ne peuvent pas démarrer avant 19 heures, pour attendre que les commerçants sortent leurs déchets, et doivent impérativement se terminer avant minuit. Il n’est donc pas possible de demander à ces quelques agents de faire une journée de sept heures comme à leurs collègues », justifie le vice-président qui dénonce une instrumentalisation politique, par l’opposition, de cette exception.

Un premier appel à des sociétés privées

Enfin, sur la question du recours aux sociétés privées pour absorber le surplus de déchets résultant des grèves des éboueurs, Vincent Térrail-Novès a défendu une décision visant à assurer la sécurité des éboueurs. « Nos agents de collecte, dans leur majorité écrasante, travaillent sept heures par jour dans des conditions pénibles, comme il le disent-même. Nous ne pouvions pas raisonnablement leur demander de faire des heures supplémentaires au risque de l’utilisateur jusqu’à la corde. Nous avons donc demandé le renfort auprès de différents pôles territoriaux ainsi que de sociétés privées. Nous indiquerons que la situation sera des revenus à la normale dans les délais de trois semaines comme c’est prévu », développe-t-il.

Un maintien en régie publique conditionné

Quand au maintien de la collecte des déchets en régie de service public, Vincent Terrail-Novès ne voit pas de motif de s’inquiéter. « Pour l’heure nous n’avons pas lancé de commande ni même d’étude ou de projet allant dans ce sens. Ce que nous voulons, c’est un service qui fonctionne le mieux possible, avec la meilleure qualité de service, tout en garantissant le respect de la loi ainsi que la santé et la sécurité de nos personnels au travail », précise-t-il , sans pour autant s’engager sur ce choix politique.

« Si le travail est bien fait, nous n’avons aucune raison de changer »

La privatisation du service de collecte des déchets par la métropole de Toulouse ne semble donc pas, pour le moment, à l’ordre du jour. Toutefois, la majorité métropolitaine assume conditionner le maintien en régie publique à la satisfaction de ces différents critères. « Si le travail est bien fait, nous n’avons aucune raison de changer. Ce qui est le cas aujourd’hui », rassure Vincent Terrail-Novès.

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