Top 5 : Les spécialistes – Actualité


Le No-Limit Hold’em ? Très peu pour eux ! Focus sur ces joueurs atypiques qui ont dédié leur carrière et construit leur légende autour d’une seule variante.

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Depuis le début du siècle, que ce soit du côté des initiés ou du grand public, lorsque l’on entend le mot « poker », on pense avant tout au No-Limit Hold’em. Pourtant, il fut un temps pas si lointain ou le « Vegas sans limite de pot » n’était qu’une déclinaison exotique de plus, cantonnée aux seconds rôles, dans l’ombre de ce bon vieux poker fermé, du Stud ou encore du Omaha. S’il parait inconcevable aujourd’hui d’espérer vivre du poker sans en passer par le NLHE, ce que l’on appelle désormais « les variantes » restant l’apanage des World Series of Poker ou des tables de cash game les plus chères de la planète (live comme online), ils sont nombreux à être passés à la postérité sans crier all-in à tout bout de champ. Limit Hold’em, Stud, Deuce to Seven, PLO et PLO8 : en plus d’être Américains, les cinq joueurs suivants ont tous comme point commun d’avoir consacré la quasi-intégralité de leur carrière poker à un jeu bien spécifique, ne s’autorisant que sporadiquement des sorties sur d’autres variantes. Dans ce Top 5, on ne parlera donc pas de génies touche-à-tout comme Chip Reese (la légende qui a donné son nom à l’actuel trophée remis chaque année au vainqueur du Poker Players Championship à 50 000 $), des Frenchies Alexandre Luneau et Sébastien Sabic, de Michael Mizrachi (triple vainqueur dudit PPC) ou encore de Phil Ivey (10 bracelets, aucun en No-Limit Hold’em). Nous consacrons ici les monomaniaques, les vrais ! Prêt à voyager à travers cinq univers alternatifs ?

Billy Baxter (formats « lowball »)

Billy BaxterCela fait maintenant 45 ans que Billy Baxter gagne sa vie aux paris sportifs, et aussi au poker… et pourtant, le natif d’Augusta, Géorgie passe son temps à fold des brelans, râle quand il reçoit une paire d’As, et abandonne systématiquement ses tirages couleur. Forcément : le père Billy n’aime que le poker pratiqué en format « Lowball » (Nullot en VF). Visez un peu son palmarès sur les World Series of Poker : sept bracelets remportés entre 1975 et 2002, mais zéro de gagné dans les variantes « high » traditionnelles telles que le Hold’em ou le Omaha ! C’est simple, il n’y a qu’un seul joueur au monde qui a réussi à faire mieux aux WSOP sans avoir jamais triomphé sur un tournoi de NLHE : Phil Ivey et ses 10 bracelets. Bref, son kif’ à Billy, c’est les mains pourries. Rien ne l’amuse plus que d’aller chercher une belle hauteur 7 en Deuce to Seven ou le « Ace-to-Five » synonyme de nuts en Razz. Lui qui a connu les premières éditions des WSOP avec les Doyle Brunson, Johnny Moss et autres Jack Strauss au milieu des années 70 a carrément attendu l’année 1997 pour signer sa première place payée sur une variante non-low ! Par la suite, la déferlante No-Limit Hold’em et la raréfaction progressive des variantes exotiques l’ont amené à démontrer qu’il savait aussi jouer le haut : en 2010, on l’a par exemple vu en finale du gros WPT à 25 000 $ du Bellagio. Mais qu’importe : ce vieux de la veille, intronisé au Hall of Fame en 2006 et à qui on doit aussi d’avoir stacké l’incroyable come-back de Stu Ungar sur l’édition 1997 des WSOP, reste aujourd’hui le Saint-Patron indéboulonnable des formats Lowball. – Benjo

Loren Klein (Pot-Limit Omaha)

Loren KleinVous balader dans les méandres de Hendon Mob vous apprendra que le site de référence niveau statistiques propose des classements sur à peu près tout, y compris les plus gros gagnants par variantes. Ce qui, avouons-le, s’est avéré plutôt pratique au moment d’attaquer la rédaction de ce Top 5. Sauf que pour un jeu aussi populaire que le Pot-Limit Omaha, un bête classement ne suffit pas pour trouver LE représentant numéro 1 de la discipline. Tout en haut des charts, Stephen Chidwick a encaissé la majorité de ce pactole sur un tournoi, le Highroller à 25 000 $ des WSOP 2019, mais l’anglais reste avant tout une figure du No-Limit Hold’em. Le match avait donc lieu un cran plus bas, entre deux figures du poker outre-Atlantique et notamment des WSOP : Tommy Le et Loren Klein. Avec respectivement 2,2 et 2,3 millions de dollars amassés aux World Series rien qu’en PLO, c’est finalement le palmarès qui a tranché, en faveur du second. Il faut dire que l’homme à la casquette MAGA (ce qui ne lui a pas attiré que des fans) a réalisé à l’été 2019 un exploit hors normes, uniquement accompli par Doyle Brunson et Billy Boyd avant lui : remporter au moins un bracelet chaque année, quatre ans de suite. Si ce chiffre nous intéresse, c’est parce que deux de ces titres ont été obtenus en Pot-Limit Omaha : en 2017 sur un 1 500 $ face à 869 adversaires (231 483 $ de gains) et douze mois plus tard sur le tant convoité Championship à 10 000 $, pour un joli million de billets verts, son unique gain à sept chiffres à ce jour. Pour encadrer ces deux bracelets, on se doit évidemment de mentionner le Mixed Hold’em/PLO à 1 500 $ qui a lancé la série en 2016 (241 427 $) ainsi que le Mixed Big Bet à 2 500 $ raflé donc en 2019 (127 808 $), rassemblant sept variantes dont le PLO. Et l’histoire aurait pu être encore plus belle s’il avait converti ses deux autres heads-up, toujours en Pot-Limit Omaha, en 2010 sur un tournoi à 2 500 $ et en 2016 sur le déjà cité Championship, passant tout près d’un doublé en moins d’une semaine. À l’époque, il avait terminé juste devant Tommy Le… qui remportera cette même épreuve l’année suivante. Finalement, c’est un petit monde le PLO… – Flegmatic (Crédit photo : Antonio Abrego / PokerNews)

Andy Beal (Limit Hold’em en heads-up)

Andy BealUne vieille légende raconte que lorsque Bill Gates se rend à Las Vegas, il ne dit jamais non à une session de cash-game… Mais vous ne trouverez pas le milliardaire dans la section high stakes du casino. Non, le fondateur de Microsoft sait parfaitement se contenter d’une petite partie de Limit Hold’em low cost, aux limites 3$/6$ ou 4$/8$. Impitoyable dans les affaires, Gates redevient un agneau inoffensif lorsqu’il s’assoit à une table, son raisonnement étant que sa fortune est tellement démesurée que jouer la partie la moins chère du casino lui procurera exactement les mêmes sensations que la plus chère… Rien de tout cela avec Andy Beal. Beaucoup moins médiatique que le papa de Windows mais (presque) aussi riche, le banquier et investisseur Texan ne quitte jamais son costume de compétiteur… et il ne lui faudra que très peu de temps après avoir été piqué d’intérêt pour le poker pour s’installer au plus hautes sphères des high stakes.

Se promenant au Bellagio un soir de février 2001 après une journée à négocier différents business deals, le self made man s’assoit à une modeste table de Limit Hold’em 15$/30$. C’est seulement la deuxième fois de sa vie qu’il joue en casino. Son truc à lui, c’était plutôt le black-hack : vingt ans plus tôt, ce mathématicien doué comptait les cartes sans effort, se faisant régulièrement bannir des casinos qu’il plumait ainsi. Mais aujourd’hui, il est beaucoup trop riche pour que la manœuvre le fasse encore bicher. Alors ce soir, ça sera poker. Sauf qu’après quelques orbites (et malgré quelques centaines de dollars gagnés), Beal s’ennuie ferme. Direction l’échelon supérieur et la table à 80$/160$, la moins chère de l’étage high limit. S’emmerdant toujours autant, Andy file au lit… pour revenir le lendemain et s’installer en 400$/800$. Ah, là ça commence à être intéressant : il n’y a que des pros à table, et surtout il y a moins de monde : le rythme de cette partie short-handed est plus nerveux, ça relance à tout va et il est possible de bluffer. Andy Beal s’amuse… et gagne ! Papotant à la sortie avec un des pros qu’il a battus, un certain Todd Brunson, Andy Beal déclare : « La prochaine fois, je veux jouer plus cher. » Haussement d’épaules en face : « OK, pas de problème. » Andy précise sa pensée : « J’aimerais jouer 10 000$/20 000$. » Brunson se retient d’éclater de rire : difficile de prendre au sérieux ce total inconnu proposant de but en blanc de multiplier par 20 des enchères déjà bien élevées. Mais Andy Beal tient parole : le lendemain, il s’installe à la fameuse Table One du Bellagio pour une partie 1 000$/2 000$ contre Doyle Brunson, Chip Reese, John Hennigan, Jennifer Harman, Chau Giang, et Todd Brunson. Beal fait face au all star game de l’époque mais va pourtant insister pour augmenter les enchères à plusieurs reprises, convainquant les pros de grimper jusqu’à 4 000$/8 000$, arrivant quasiment à l’objectif lâché nonchalamment la veille au fils Brunson. Incroyablement, il sort gagnant de cette partie de la mort. Le voilà piqué.

Loi immuable du poker high stakes : le pigeon dicte toujours les règles du jeu. Ainsi, lorsque le riche amateur Andy Beal revient à Vegas en exigeant de jouer heads-up, et uniquement heads-up, les pros s’empressent d’accepter. Ils n’ont pas trop le choix, en vérité. Le milliardaire veut maintenant porter les enchères à 15 000$/30 000$ ! Afin de réunir les fonds nécessaires pour l’affronter à ces limites inédites pour eux, les voilà obligés de mettre leurs bankrolls en commun. Ainsi prend forme « The Corporation », groupement informel des plus gros pros de cash-game de Vegas et de la côte Ouest, qui allaient passer le plus gros des cinq années suivantes à défier Beal chacun à leur tour.

The Professor, the Banker, and the Suicide KingIl faudrait un livre entier pour raconter ces affrontements légendaires, qui n’ont eu lieu que derrière les portes fermées des sections high stakes de Vegas, loin des caméras et des journalistes… et ça tombe bien car il a été écrit, ce bouquin : The Professor, the Banker and the Suicide King, bestseller de Michael Craig à lire absolument mais hélas jamais traduit en français. Ce qu’on en retient : même si au global le génie des affaires Andy Beal a perdu de l’argent contre les pros (combien ? Difficile à estimer, ce milieu opaque conservant toujours une bonne partie de leurs secrets) et plus ou moins jeté l’éponge définitivement en février 2006 après une série de sessions cauchemar contre Phil Ivey, il fut loin, même très loin d’être ridicule. Le bouquin théorise carrément qu’après trois ans à fréquenter le plus haut niveau, Beal a fini par connaître les maths par coeur, et développer une stratégie de Limit Hold’em illisible, dénuée de tells et très difficile à contrer. La cible était devenue mouvante : à force de jouer les meilleurs en heads-up, Andy aurait donc fini par devenir par devenir l’un d’entre eux. Disposant d’une bankroll illimitée et ayant compris que le seul moyen d’avoir une chance contre les pros était de les prendre à la gorge en jouant toujours plus cher, il leur a donné quantité de sueurs froides, passant tout près de les faire jeter l’éponge à plusieurs reprises. Citons notamment ce pot de 11,7 millions de dollars – le plus gros de l’histoire du poker ? – gagné le 13 mai 2004, alors qu’il était parvenu à les convaincre de monter les enchères à 100 000$/200 000$. Des enjeux stratosphériques qui restent à ce jour inégalés à une table de poker… Qui a dit que le Limit Hold’em était chiant à mourir ? – Benjo

Franckie O’Dell (Omaha High-Low)

Franckie O'DellSi le Pot Limit Omaha est bien la superstar du poker à quatre cartes, une autre variante reste très appréciée de bienb des spécialistes : l’Omaha High/Low 8-or-Better, souvent abrégé en Omaha High-Low ou PLO8. Et cette variante, un joueur semble la chérir et la maîtriser plus que d’autres : Franckie O’Dell. En effet, sur les 40 titres qu’il a remporté durant sa longue carrière en tournois live (son premier résultat recensé date de 1997), ce joueur américain en a validé pas moins de 15 en Omaha Hi-Lo ! Et encore, on ne compte pas les victoires du Californien dans quelques tournois de PLO8 couplés avec une autre variante, ni celles sur des épreuves de MTT multi-variantes incluant le jeu préféré de notre héros. Mais surtout, parmi tous ses titres dans la variante, Franckie O’Dell a eu à trois reprises de se faire tirer le portrait au Binion’s puis au Rio après s’être vu remettre un bracelet WSOP en PLO8 ! Cet adepte assumé d’un poker « old school » est le premier, et pour l’instant le seul, à avoir réussi cet exploit dans la variante, les légendes Chris Ferguson, Scotty Nguyen et Daniel Alaei se contentant de deux breloques. Le braquage a commencé dès 2003, avec un sacre sur un 1 500 $ Omaha Hi-Lo Split (pour un gain de 133 760 $), puis s’est poursuivi en 2007 sur un event similaire à 2 000 $ (pour 240 057 $), avant la consécration ultime douze années plus tard : le couronnement dans le plus prestigieux des tournois de la variante au monde, le 10 000 $ Omaha Hi-Lo 8-or-Better Championship. Cet adepte du trash-talk (ce n’est visiblement pas pour rien qu’il a été coaché par Mike Matusow, l’une des autres références de ce jeu), qui selon sa bio sur sa fiche Hendon Mob a fait montre d’un style très agressif pour s’adjuger cette épreuve devant 182 adversaires, encaissa ici 443 641 $, son second plus gros gain sur les presque 3 millions de dollars accumulés depuis le début de sa carrière. Franckie O’Dell pourra-t-il encore repousser les limites de l’Omaha High-Low ? – Rootsah

Larry Flynt (Stud)

Larry FlyntLe seul joueur de ce Top 5 dont la vie a été adaptée au cinéma – et par Milos Forman, qui plus est : il est vrai que l’existence de Larry Flynt, décédé en février dernier à l’âge de 78 ans, fut en tous points hors-normes. Naissance dans la pauvreté durant la Seconde Guerre Mondiale, des études abandonnées bien avant le bac, et l’armée dès 15 ans, grâce à des papiers trafiqués… Voilà pour la jeunesse. Un amuse-gueule avant sa vie d’adulte, qu’il va consacrer entièrement au vice et à la luxure, ouvrant ses premiers bars topless avant trente ans avant de se lancer dans la presse papier. C’est le début de la richesse, mais aussi des vraies emmerdes : son Hustler Magazine est la première feuille de chou à montrer du nu intégral, avec organes génitaux bien visibles sous tous les angles. Les années 60 et la libération des mœurs sont derrière nous, mais Larry est encore un peu trop en avance sur l’Amérique puritaine. Résultat : menaces, procès en pagaille, condamnations – à de la prison ferme ! Mais Larry tient bon : se rangeant derrière l’indéboulonnable Premier Amendement de la Constitution US, il défend son droit à la liberté d’expression, fut-elle crue et hardcore. Son combat le mènera jusqu’à la Cour Suprême, qui tranchera en sa faveur en 1988.

Quel rapport avec le poker ? On y vient, le 6 mars 1978. A la sortie d’un des procès cités plus haut, Larry se fait abattre par un fanatique raciste, qui avait coulé une bielle en feuilletant l’un de ses magazines : on pouvait y observer des attouchements interraciaux. Larry survit et prendra publiquement position contre l’exécution de son bourreau, mais il ne quittera plus jamais un fauteuil roulant entièrement plaqué or. On dit que le poker est l’activité la plus violente que l’on peut pratiquer assis : laissant son empire porno prendre tranquillement de l’ampleur (notamment grâce au nouveau et très rentable secteur de la VHS), Larry s’installe donc à la table de poker.

Larry FlyntA l’armée, Larry pratiquait le Stud, le format plus populaire à l’époque. Les modes n’y changeront rien : jusqu’au bout, c’est cette variante prisée des joueurs de la côte Est qu’il préférera avant toute autre. Maintenant richissime, c’est contre les meilleurs qu’il se frotte, accueillant les ténors de la discipline directement à domicile : le Larry’s Game devient la partie privée la plus chère et la plus courue des années 80 puis 90, avant de déménager en 2000 dans le tout nouveau Hustler Casino en bordure de Los Angeles. Des générations de pros y ont défilé : Stu Ungar, Doyle Brunson, Barry Greenstein, Ted Forrest, Phil Ivey… « Tous ces mecs nourrissent leurs familles grâce à moi », plaisantait souvent Larry à propos de cette game à 4 000$/8 000$ où il régalait tout le monde en dîners, liqueurs et surtout en jetons. Mais Larry ne faisait pas que perdre contre les pros : il stackait aussi les aspirants pros en quête d’un avenir, comme un certain Thor Hansen, qu’il prit sous son aile lorsque le Norvégien vint s’installer aux States. Peu nombreux sont ceux qui ont eu la chance d’affronter ce personnage hors-normes au cours de son habitat naturel. Sa fiche Hendon Mob ne renseigne que deux résultats hors de chez lui : une finale sur un tournoi à… 30 € (!) à l’Aviation Club de France (!!) en 2008, et une finale en Stud sur l’édition 2000 des WSOP. Il faut dire que Larry a longtemps été banni des Championnats du Monde : lors de l’édition 1988, il avait cru bon, pour gagner un last longer contre Doyle Brunson, de payer en loucedé des joueurs pour qu’ils lui filent leurs jetons… Larry : ça, c’était vraiment trop pervers. – Benjo

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