Théâtre ou sport: comment les professeurs enseignent ces matières en distanciel dans la Nièvre


10 h. Le «cours» de Sophie, professeure de théâtre au lycée Raoul-Follereau de Nevers va commencer. Pas dans sa classe, mais chez elle.

Les lycéens en cours une semaine sur deux

Les petites fenêtres de l’application Zoom s’ouvrent une à une. «Bon, tout le monde n’est pas encore arrivé. On attend un peu avant de débuter », lance-t-elle. Il est déjà 10? H? 10. «Les élèves ne sont jamais en retard en présentiel», remarque-t-elle. Comprendre: en distanciel, et donc en visio, «tenir» sa classe est beaucoup plus compliqué.
«Surtout le matin… Je sais bien qu’ils doivent normalement être là. Mais ils sont totalement décalés, entre les semaines à distance, les vacances. Ah, c’est certain, si je faisais mes cours à 23 h, j’aurais sans doute tout le monde et à l’heure ?! ». Les élèves se connectent, Sophie patiente. Quelques minutes plus tard, ils sont tous là. La comédienne qui épaule Sophie est présente également.

«Je suis très fière de ce qu’ils font. Car, quand on y pense, faire du théâtre à distance… »

Sophie (Professeure de théâtre)

La professeure prend des nouvelles des uns et des autres. Elle leur donne quelques consignes, et pas des moindres: «Les internes, n’oubliez pas vos costumes?! Apportez-les bien dès lundi ».
La semaine prochaine, Sophie a pu “réquisitionner” cinq salles du lycée Raoul-Follereau pour que les soixante-cinq élèves (de la seconde à la terminale) passionnés de théâtre pourraient répéter et monter sur scène, même sans public. Comme cela a pu être fait le 15 décembre dernier, à l’issue du premier projet. «Je suis très fière de ce qu’ils font. Car, quand on y pense, faire du théâtre à distance… ». La phrase reste en suspens. Difficile à imaginer, en effet.

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Et pourtant, Sophie et ses élèves tiennent bon. Pas vraiment le choix pour les quatorze élèves qui passent le nouveau bac: la spécialité théâtre à un coefficient 16. Leur note est déterminante. «Mais, cette note est en contrôle continu», poursuit Sophie. «Je suis la seule à les noter. Donc, je fais comme s’ils passaient un examen à chaque fois, et je ne note pas leur progression ».

La visio sert essentiellement à garder le lien

Ce matin, en visio, l’heure est à une répétition dite italienne, c’est-à-dire sans le jeu, juste les textes. «Cela permet de savoir s’ils connaissent bien leurs textes». La professeure ne peut rien faire d’autre, derrière son écran: «La visio sert essentiellement à garder le lien». Avec le groupe, comme ce matin, mais individuellement aussi.
«En présentiel, nous travaillons sur plateau ?; en distanciel, je fais de l’individuel, par téléphone. Nous avons des groupes WhatsApp par classe, ce qui permet de faire du travail du personnel. Inutile de dire que les semaines où mes élèves sont à distance, je passe beaucoup de temps au téléphone ?! ».
Un rôle que cette professeure joue à la perfection En gardant toujours la même exigence et la même «foi» dans le théâtre.

«Il faut absolument qu’ils ne perdent pas le lien avec l’activité physique et sportive»

Pierre (Professeur d’EPS)

Pierre est professeur d’éducation physique et sportive (EPS) dans un collège de la Nièvre. Et pour maintenir ses élèves en forme, il a fait preuve d’imagination.
Déjà, lors du premier confinement, il y a un an: «J’avais proposé une forme de défi aux élèves, de la 6e à la 3e. Il y avait un système de points qui pouvait les motiver. Les élèves avaient le choix entre divers défis: vitesse, force, relaxation et même des défis insolites. Les défis étaient individuels, mais aussi par équipes. J’avais également impliqué les professeurs et les parents, qui avaient été constitués, eux aussi, des équipes. Ce système avait bien fonctionné », admet ce professeur.

Une élève de collège fait des exercices de sport à la maison, mercredi 21 avril 2021.

Mais, avec ce nouvel arrêt des cours en présentiel, Pierre sent bien la motivation des élèves décroître. «J’ai eu moins de retours la semaine avant les vacances et pendant les vacances. J’avais pris le parti de ne pas le rendre obligatoire. Mais, cette semaine, pendant qu’ils sont encore en distanciel, je leur ai demandé de me renvoyer, tous les deux jours, un résultat. Pour qu’ils marquent un minimum de points. Il faut absolument qu’ils ne perdent pas le lien avec l’activité physique et sportive ».
Et le défi est beaucoup plus difficile à relever du côté du professeur que du côté des élèves: «Après le premier confinement, nous avons bien remarqué que certains élèves avaient pris des nouvelles habitudes et avaient de plus en plus de mal à le canapé et la console de jeux ».

Les écrans sont un ennemi beaucoup trop fort

Bilan: la condition physique des élèves décline, selon ce professeur d’EPS, un constat partagé par bon nombre de ses confrères. «Les écrans sont un ennemi beaucoup trop fort».
D’autant plus que la plupart des clubs sportifs ont marqué un arrêt. Privant les jeunes de toute pratique sportive. «Malheureusement, on se rend compte que le sport ne leur manque pas. Même aux plus sportifs, qui étaient licenciés dans les clubs ».

Inconvénients et avantages des cours en hybride

Pierre n’a pas opté pour les cours en visio, accepter les créneaux à ses collègues enseignants d’autres matières. «Selon les problèmes de connexion, on ne peut pas brancher les caméras, donc ça ne sert pas à grand-chose».
Ce professeur n’a pas voulu utiliser la notation comme «carotte» à la pratique à la maison: «J’ai souhaité privilégier le plaisir. Et puis, il est très délicat de noter un élève que l’on ne voit pas faire les exercices demandés ».
Pierre attend donc avec impatience de retrouver ses élèves en présentiel. Pour reprendre une activité la plus normale possible.

Laure Brunet

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