Sparks fly comme pronom neutre inclus dans le dictionnaire français


DOSSIER - Jean-Michel Blanquer, ministre français de l'Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports, s'exprime lors d'un entretien à Tokyo, Japon, le 25 juillet 2021. Un pronom non binaire ajouté à un dictionnaire français estimé a déclenché une féroce querelle linguistique dans le pays.  Le Petit Robert a introduit le mot « iel » – une fusion de « il » (il) et « elle » (elle) – dans son édition en ligne le mois dernier.  Le ministre de l'Éducation, Jean-Michel Blanquer, s'est rendu sur Twitter mercredi 17 novembre pour déclarer que

DOSSIER – Jean-Michel Blanquer, ministre français de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports, s’exprime lors d’un entretien à Tokyo, Japon, le 25 juillet 2021. Un pronom non binaire ajouté à un dictionnaire français estimé a déclenché une féroce querelle linguistique dans le pays. Le Petit Robert a introduit le mot « iel » – une fusion de « il » (il) et « elle » (elle) – dans son édition en ligne le mois dernier. Le ministre de l’Éducation, Jean-Michel Blanquer, s’est rendu sur Twitter mercredi 17 novembre pour déclarer que « l’écriture inclusive n’est pas l’avenir de la langue française ». (AP Photo/Johnson Lai, dossier)

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C’est un pronom neutre qui prouve tout sauf : un pronom non binaire ajouté à un dictionnaire français réputé a déclenché une violente querelle linguistique dans le pays.

Le Petit Robert a introduit le mot « iel » – une fusion de « il » (il) et « elle » (elle) – dans son édition en ligne le mois dernier. Si le terme gagne du terrain chez les jeunes, il est encore loin d’être largement utilisé, voire compris, par de nombreux francophones.

Bien qu’au début, le changement soit passé pour la plupart inaperçu, un débat houleux a éclaté cette semaine dans un pays qui est fier de sa tradition des droits de l’homme mais qui protège également farouchement son patrimoine culturel contre l’ingérence étrangère. Dans un camp se trouvent les traditionalistes, y compris certains dirigeants politiques, qui critiquent cette décision comme un signe que la France s’oriente vers une idéologie « réveillée » à l’américaine. Dans l’autre se trouve une nouvelle génération de citoyens qui adoptent le non binaire comme norme.

« Il est très important que les dictionnaires incluent le pronom ‘iel’ dans leur référencement car il reflète comment l’utilisation du terme est maintenant bien acceptée », a déclaré Dorah Simon Claude, une doctorante de 32 ans qui s’identifie comme « iel. « 

« C’est », ont-ils ajouté, « aussi une manière d’affronter l’Académie française qui reste dans son coin conservateur et continue d’ignorer et de mépriser les utilisateurs de la langue française ».

Le ministre de l’Éducation Jean-Michel Blanquer n’est pas dans le même camp. Il s’est rendu sur Twitter mercredi pour dire que « l’écriture inclusive n’est pas l’avenir de la langue française ». L’ancien professeur de droit de 56 ans a averti que les écoliers ne devraient pas utiliser « iel » comme terme valide malgré son inclusion dans Le Robert, considéré comme une autorité linguistique sur le français depuis 1967.

François Jolivet, un député du parti centriste du président Emmanuel Macron, a également fait part de son dégoût. Les pronoms non binaires sont, a-t-il suggéré, un signe inquiétant que la France adopte une idéologie « éveillée ».

Jolivet a écrit une lettre au bastion de la langue française, l’Académie française vieille de 400 ans, affirmant que la « campagne solitaire de Le Robert est une intrusion idéologique évidente qui sape notre langue commune et son influence ».

Le directeur général des éditions Le Robert, Charles Bimbenet, a pris la défense du dictionnaire mercredi dans un communiqué. Loin de dicter quels termes devraient être utilisés, a-t-il dit, Le Petit Robert élucidait le sens du mot, maintenant il est de plus en plus répandu dans tout le pays.

Puisque « le sens du mot iel ne peut être compris en le lisant seul », a déclaré Bimbenet, « il nous a semblé utile d’en préciser le sens pour ceux qui le rencontrent, s’ils souhaitent l’utiliser ou… le rejeter ».

« La mission de Robert est d’observer et de rendre compte de l’évolution d’une langue française changeante et diversifiée », a-t-il déclaré.

En 2017, l’Académie française a averti que les mesures visant à rendre le français plus neutre en termes de genre créeraient « une langue désunie, avec une expression disparate, qui peut créer une confusion frisant l’illisibilité ».

Les langues genrées comme le français sont considérées comme un obstacle particulier pour les défenseurs des termes non binaires, car tous les noms sont classés comme masculins ou féminins, contrairement à l’anglais.

Tous les pays européens n’avancent pas à la même vitesse que la France. En Grèce, où tous les noms n’ont pas deux, mais trois genres possibles, il n’y a pas de pronom non binaire officiel, mais les groupes qui les soutiennent suggèrent d’utiliser « ça ».

En Espagne, après que l’ancienne vice-première ministre et féministe affirmée Carmen Calvo ait demandé à l’Académie royale espagnole de donner des conseils sur l’utilisation d’un langage inclusif dans la Constitution, sa réponse l’année suivante était limpide : pour désigner les hommes et les femmes.

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