S’inscrire dans le temps long – Editorial – Actualité


L’actualité internationale met en prise un parterre de personnages aux durées de vie variables. Ces acteurs de l’Histoire passeront. Furtivement, pour certains quand d’autres s’installeront un quart voire un tiers de siècle à la tête d’un pays. A l’heure du durable, ces différences notables entre les dirigeants révélés et le reste du monde pourraient s’avérer décisifs.

L’Occident n’a plus le temps

« Pourvu qu’ils me laissent le temps », disait Boris Vian dans son poème L’évadé. Un temps après lequel nous courrons tous mais à la recherche les grands de ce monde courent encore davantage. Dans l’espace-temps français, le président a dix ans seulement depuis la réforme constitutionnelle de 2008. Dix ans sous le gouvernement d’Emmanuel Macron peuvent paraître bien assez longs mais si l’on envisage la question en matière d’orientations politiques de à long terme, l’Occident cultive une différence singulière avec le reste du monde. Si l’on met de côté la longévité d’Angela Merkel en Allemagne (chancelière plus de seize ans), nos chefs d’États passent comme des comètes, condamnés à un oubli rapide. Vladimir Poutine est devenu président de la Russie un an avant l’élection de Georges W. Bush. Depuis, trois présidents se sont succédé outre-Atlantique ; le président russe également connu quatre présidents français… Xi Jinping, arrivé aux affaires en 2013 en Chine devrait aussi s’inscrire dans le temps long et imprimer sa vision de l’Empire du milieu. En Inde, la popularité intacte de Narendra Modi après les élections générales de 2019 laisse aussi envisager que le Premier ministre indien (au pouvoir proche d’un chef d’État) joue les prolongations. Quant à Recep Tayyip Erdoğan, Premier ministre onze ans et demi et président depuis huit ans, il a su faire revenir son pays sur le devant la scène, s’inscrivant dans une démarche civilisationnelle.

Reprendre le contrôle

Le constat de stabilité des uns et du changement permanent des autres ne doit cependant pas faire croire en une instabilité crasse en Occident où l’appareil d’État connait une certaine stabilité même lors d’alternances – notamment à travers les institutions administratives. Reste que l’incarnation du pouvoir par un homme demeure historiquement indissociable d’une politique audacieuse et de long terme. Pour exister et pour l’emporter, il s’agit de travailler à l’avènement d’idées plus que de personnes ; les personnes, elles, viendront avec ou après. Il faut tenir la distance et si cela vaut pour un parti politique, c’est d’autant plus vrai dans le maillage associatif. Une sphère qui peut être décisive dans nos combats et qui doit constituer un pôle d’orientation des appareils des partis politiques. Faute de prendre le pouvoir directement, il faut être capable de le faire fléchir, reculer voire même l’orienter. Telle est la tâche longue et parfois fastidieuse qui s’offre à nous !



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