Sébastien Bedu (Medaire, filiale d’International SOS)


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Sébastien Bedu, chef de produit pour les services aux aéroports chez Medaire, filiale d’International SOS dédié au secteur de l’aviation.

Pourquoi MedAire, filiale d’International SOS, s’est-elle intéressée au sujet des passeports numériques de santé?

Sébastien Bedu – Nous nous concentrons sur la valeur ajoutée que nous pouvons apporter à nos 160 clients, que ce soit les aéroports ou les compagnies aériennes. Dans ce cadre, outre les solutions de testing et de screening, nous sommes naturellement intéressés aux solutions digitales de certification des tests PCR ou antigéniques, en association avec SGS et la Chambre de commerce internationale (ICC). Et, pour faciliter la vie des compagnies et leur donner une pleine confiance sur la provenance des tests et le type de laboratoires qui les ont réalisés.

Quel est le gain opérationnel de votre solution pour les compagnies aériennes?

SB – Contacter les voyageurs pour leur rappeler de ne pas oublier de venir avec un test valable, vérifier que les gens ont bien ce test une fois à l’aéroport, décrypter des certifications papier pas toujours très lisibles: tout cela est particulièrement chronophage pour le personnel des compagnies dont le rôle est, avant tout, de faire pour que les avions partent à l’heure. Notre solution a permis d’améliorer cette charge opérationnelle avec un système robuste, capable de fluidifier l’ensemble du processus à travers le scan de l’application AOKpass à toutes les étapes nécessaires. En plus de répondre à ces problèmes opérationnels, et c’est très important aux yeux des compagnies, la solution améliore considérablement les conditions de voyage de leurs passagers.

En plus de ces moyens technologiques, l’expertise médicale internationale SOS est-elle déterminant votre solution?

SB – C’est le point clé. Il est important que le système, en plus de sa technologie fondée sur la blockchain, repose sur une infrastructure médicale. C’est qu’apporte International SOS avec ses 35 ans d’expertise et son réseau de plus de 80 000 prestataires médicaux. AOKpass n’est pas une application digitale qui essaie de s’adapter au fonctionnement du système médical. Au contraire, c’est une architecture médicale sur laquelle vient se greffer une application. Quelle est la chose la plus importante aux yeux des compagnies aériennes et du transport aérien? Est-ce la technologie blockchain qui garantit la protection des données ou la structure médicale sur laquelle repose l’application? L’évolution du marché nous le dira.

Qui sera le grand gagnant au final selon vous?

SB – J’aimerais avoir cette réponse, mais il est difficile pour moi de dire que ce ne sera pas nous. Je vais vous donner ma lecture des choses: si j’étais le dirigeant ou le salarié d’une entreprise, je préférerais que ces problématiques d’ordre médical soient gérées par des professionnels tels qu’International SOS plutôt que par des acteurs qui n’ont pas cette expérience.

Concrètement, où en est le déploiement de l’AOKpass?

SB – Nous ne parlons pas de concept, mais de résultats opérationnels, car nous avons commencé les premiers tests avec Etihad dès le 21 septembre et que la mise en place de la solution est efficace sur la ligne Abu Dhabi-Paris. Nous avons signé avec l’Aéroport de Rome et nous sommes en relation avec un certain nombre d’autres aéroports, ce qui facilite d’ailleurs les discussions avec leurs compagnies nationales. En France, nous sommes en relation étroite avec tout l’écosystème du transport aérien, ce qui devrait se concrétiser très prochainement par plusieurs projets, notamment sur les liaisons entre Paris et les DOM-TOM. Les compagnies qui participent à ces phases pilote communiquent directement avec leurs passagers, notamment à travers leurs sites web, pour les encourager à tester ce système qui simplifie leurs conditions de voyage. A terme, lorsque le déploiement de cette solution sera plus global, j’imagine qu’un certain nombre de compagnies nous demanderont de nous intégrer en marque blanche à leur propre appli. Rien ne nous éprouve de l’envisager.

A côté des compagnies, les autorités nationales sont également partie prenante dans cette évolution. Quelle est leur vision concernant ces solutions?

SB – Il est difficile de parler en leur nom. D’autant plus qu’on peut voir qu’en Europe, tous ne sont pas à l’unisson sur ce sujet. Les gouvernements avancent tous à des vitesses différentes, selon leurs agendas et leurs convictions respectives. Mais je vais prendre un exemple concret, celui du gouvernement de Singapour qui reconnait la validité de l’AOKpass pour entrer sur son territoire. Nous avons fait tomber cette barrière avec un pays qui n’est pas le moins strict sur ces problématiques et qui a reconnu la valeur de l’AOKpass à travers son acceptation aux frontières. C’est très important pour nous.

A terme, le champ d’une solution comme la vôtre pourrait-il dépasser le seul domaine des voyages?

SB – Absolument. Les problèmes de vaccination qui vont s’offrir à nous dans les prochains mois vont divulguer toute la valeur ajoutée d’une application comme l’AOKpass dans le monde corporate. Depuis 35 ans, International SOS a tissé des relations fortes avec des clients qui nous font confiance pour leurs besoins médicaux. Dans ce cadre, l’AOKpass peut faciliter aussi bien la mobilité des voyageurs d’affaires que des salariés des entreprises. On peut imaginer qu’un collaborateur allant visiter une usine à l’étranger utilise cette application tout au long de son parcours aérien, mais que le scan de l’appli lui permette également d’avoir accès aux bâtiments de son entreprise.

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