Revue ‘France’ : quand le journaliste devient l’histoire


L’irruption du divin dans la vie ordinaire — tantôt sublime, tantôt violente, tantôt absurde — a préoccupé ce réalisateur une bonne partie de sa carrière. Outre deux longs métrages historiques sur Jeanne d’Arc, il a réalisé des films se déroulant dans la France contemporaine (dont « La Vie de Jésus », « L’Humanité » et « Hadewijch ») qui vibrent d’implications métaphysiques. Ils peuvent être brutaux, déconcertants et déroutants.

La « France » est tout cela, mais aussi curieusement molle, d’autant plus que la France traverse une série de crises personnelles et professionnelles. Le premier d’entre eux – le moins dramatique mais aussi, pour elle, le plus conséquent – se produit en plein embouteillage parisien, lorsque sa voiture percute le scooter d’un livreur. Il est renversé et quelque chose se détache en elle. Désespérée d’expier, elle donne de l’argent à la famille de l’homme qu’ils n’ont jamais demandé et lui achète un nouveau scooter une fois qu’il s’est remis de ses blessures.

Ce n’est pas assez. Ou peut-être que son trouble émotionnel a une autre source. La France est mariée à un romancier austère (Benjamin Biolay), et vit avec lui et leur jeune fils odieux (Gaetan Amiel) dans un appartement parisien à la décoration prétentieuse. Pendant un certain temps, elle les quitte, ainsi que son travail, pour une cure de repos à l’ancienne dans une station thermale alpine. Là, elle rencontre un jeune homme mopey (Emanuele Arioli) qui prétend être professeur de latin.

Dans la deuxième partie du film, les incidents dramatiques s’accumulent, alors que la France subit un danger au travail, une trahison amoureuse, un scandale de tabloïd et une tragédie dévastatrice. Les gros plans continuent de s’accumuler, les larmes discrètes s’épanouissant parfois en sanglots pleins et contorsionnants. Mais si la France reste intéressante, grâce à la performance dure et ingénieuse de Seydoux, la « France » perd de sa force émotionnelle et de sa concentration intellectuelle. Une exploration potentiellement perspicace de la perte de soi dans un monde saturé de médias revient, en fin de compte, à une série d’images superficielles.

La France
Non classé. En français, allemand et anglais, avec sous-titres. Durée : 2 heures 13 minutes. Dans les théâtres.

Laisser un commentaire