Reprise graduelle du sport au Québec | Des aux réactions antipodes


Sports Québec et le RSEQ se disent encouragés. Chez Hockey Québec et Judo Québec, on est mitigé. Du côté de Tennis Québec, extrêmement déçu. Les annonces gouvernementales concernant la relance progressive des activités sportives suscitent des commentaires bien différents selon les interlocuteurs.




Frédérick DuchesneauFrédérick Duchesneau
La Presse

La reprise des entraînements en zone orange, bien qu’encadrés strictement et en groupes de taille limitée, est une bonne nouvelle pour les jeunes, ont applaudi Sports Québec – qui représente quelque 65 fédérations sportives auprès des instances gouvernementales – et le Réseau du sport étudiant du Québec (RSEQ). Pour leur santé mentale, au premier chef.

Soulignant que les assouplissements autorisés des allaient de «briser l’isolement» de ces jeunes, la présidente de Sports Québec, Julie Gosselin, s’est dite «soulagée et encouragée» par les annonces de la ministre déléguée à l’Éducation, Isabelle Charest, et du Dr Richard Massé, conseiller médical stratégique à la Direction générale de la santé publique, vendredi après-midi.

En zone rouge, les activités extérieures «sans contact» demeureront permises pour un maximum de huit personnes, dont un entraîneur. Les gymnases et les complexes sportifs pourront ouvrir leurs portes le 26 mars, y compris les centres de conditionnement physique, mais les entraînements doivent être pratiqués individuellement, à deux ou encore en bulle familiale.

En zone orange, toujours à compter du 26 mars, des groupes de huit personnes peuvent pratiquer des activités à l’intérieur, avec un «encadrement obligatoire» afin d’assurer le respect des mesures sanitaires. Une douzaine de personnes sera aussi autorisée à l’extérieur, de la même manière. Par ailleurs, le parascolaire interclasse sera de retour.

Les compétitions restent pour l’instant interdites partout et le destinataire quant à la distanciation (2 mètres) ne change pas.

Ces annonces expriment néanmoins «un témoignage de confiance» envers les fédérations sportives, a ajouté Mmoi Gosselin, en visioconférence avec les médias. «L’espoir d’autres allègements» à court terme est également bien accueilli.

Gustave Roel, président-directeur général du RSEQ, a pour sa part noté qu’une certaine «cohérence» était retrouvée. «C’est un premier pas vers quelque chose», at-il commenté.

PHOTO SIMON GIROUX, ARCHIVES LA PRESSE

Gustave Roel

L’essentiel de la bonne nouvelle est cependant en zone orange pour le moment, a poursuivi M. Roel. Il espère que d’autres avancées – comme le passage en zone orange des régions toujours en rouge – suivront rapidement. «Mais l’étape d’aujourd’hui est importante», at-il analysé.

Hockey: «Le 26 mars, c’est très tard»

Le directeur général de Hockey Québec, Paul Ménard, se montre partagée. Le chaud et le froid de ces annonces, il les résume ainsi.

«Ce qui est une bonne nouvelle, c’est que nos jeunes vont pouvoir aller sur la glace en groupes en zone orange. Mais la mauvaise nouvelle, c’est le temps. Le 26 mars, pour débuter, c’est très tard dans la saison. On est perplexes », laisse tomber M. Ménard, dont l’organisme regroupe 90 000 jeunes hockeyeurs.

La semaine dernière, environ la moitié des associations de hockey mineur avait déjà fermé boutique ou indiqué était sur le point de le faire, estime le DG.

«Je ne sais pas combien, en zone orange, suite aux annonces d’aujourd’hui, vont attendre jusqu’au 26 mars», ajoute-t-il.

PHOTO ANDRÉ PICHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Paul Ménard

Hockey Québec a abordé ce sujet des disciplines en fin de saison avec Sports Québec, mais il aurait été décidé de procéder de la même façon pour chacune, indique Paul Ménard.

En zone rouge, pour un sport comme le hockey, l’intérêt des assouplissements du jour est évidemment marginal.

«Un joueur, un entraîneur, ça s’est fait à quelques endroits, mais c’est très difficile», note M. Ménard.

Selon Gustave Roel, la Santé publique s’inquiétait davantage des protocoles sanitaires appliqués avant et après les activités sportives que de ceux pendant celles-ci. Sports Québec et le RSEQ ont donc travaillé à leur harmonisation, un plan qu’ils entendent diffuseur aux fédérations sous peu.

Chez Hockey Québec, on affirme que des protocoles stricts et efficaces ont déjà été éprouvés dans les arénas et on attend de voir quels ajustements leur seront demandés, s’il y a lieu.

Dans le milieu sportif, seulement 44 cas d’éclosion ont été confirmés depuis un an, majoritairement dans des ligues de garage, affirme M. Roel.

Tennis: «On n’a jamais compris pourquoi»

«Aujourd’hui, nous sommes toujours extrêmement déçus», lance Andréanne Martin, directrice générale adjointe chez Tennis Québec.

Oui, en zone orange, on pourra organiser des cours avec un maximum de huit élèves. Mais ce léger gain n’est même pas près de compenser le mécontentement pour ce qui est des zones rouges, où se trouve 75% des terrains intérieurs.

«C’est la grosse saison des clubs intérieurs. Le 26 mars, il va leur rester à peine un mois. Après, les gens vont aller jouer à l’extérieur », rappelle Mmoi Martin.

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Andréanne Martin

Le 17 février, Tennis Québec avait effectué une sortie publique, regrettant que les patinoires et les piscines allaient ouvrir en zone rouge, mais pas les centres de tennis intérieurs.

«On n’a jamais eu de réponse du gouvernement, déplore Andréanne Martin. Ils nous comprennent, ils savent que c’est un sport sécuritaire. On n’a jamais compris pourquoi. »

À compter du 26 mars, en zone rouge, des cours privés avec un seul élève, des matchs en simple et des matchs en double, quatre joueurs vivants à la même adresse seront permis à l’intérieur.

Judo: «Pas tous égaux devant la pandémie»

Les raisons diffèrent, mais comme à Hockey Québec, l’accueil des annonces a été plutôt «mitigé» chez Judo Québec.

Son président, Patrick Kearney, «comprend un peu», étant donné la nature des sports de combat.

Mais, en contrepartie, il aurait aimé pouvoir donner des horizons à ses membres. Une date de retour approximative, par exemple.

«Mes jeunes, je leur dis quoi? », Demande-t-il.

La fédération comptait 11 000 membres au début de la pandémie. Le président est convaincu qu’il en aura perdu beaucoup.

Depuis un an, le judo n’a été en activité que pendant cinq semaines, souligne-t-il, du début septembre à la mi-octobre, alors que des bulles d’entraînement à quatre avaient été mises en place. On aurait aimé pouvoir reprendre de la sorte.

«On n’est pas tous égaux devant la pandémie dans la vie, mais dans le sport non plus. L’an passé, les sports de combat ont été complètement oubliés. Il a fallu crier au meurtre. Sur un été fermés vraiment longtemps. Il va peut-être falloir nous aider un peu plus que d’autres. »



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