Redskins, Indians, Chiefs: l’imagerie amérindienne recule dans le sport américain


Washington dit adieu aux Redskins et Cleveland aux Indians: de plus en plus d’équipes renoncent à l’imagerie amérindienne, très prisée du sport américain, mais son empreinte demeure forte, notamment chez les Kansas City Chiefs, en piste pour le Super Bowl, la finale de la Ligue nationale de football américain (NFL), dimanche.

Washington dit adieu aux Redskins et Cleveland aux Indians: de plus en plus d’équipes renoncent à l’imagerie amérindienne, très prisée du sport américain, mais son empreinte demeure forte, notamment chez les Kansas City Chiefs, en piste pour le Super Bowl, la finale de la Ligue nationale de football américain (NFL), dimanche.

Les Redskins (peaux-rouges), il aura fallu 87 ans pour que l’équipe NFL de Washington abandonne ce nom, « raciste et méprisant », selon la nation Navajo.

Au terme de l’activisme, et après un printemps de manifestations Black Lives Matter, la « culture du bannissement » a pris un essor sans précédent dans toutes les strates de la société américaine. Les grands partenaires économiques du club de la capitale, comme FedEx, avaient même fini par se joindre au combat et menacé de se retirer.

Mi-décembre, l’équipe professionnelle de baseball de Cleveland répudiait ainsi le nom des Indiens, décidée à prendre, comme Washington, le temps de lui trouver un successeur.

Dans les quatre championnats professionnels majeurs aux Etats-Unis, seuls les Atlanta Braves (baseball), les Chicago Blackhawks (hockey sur glace) et les Kansas City Chiefs (football) empruntent encore des références amérindiennes.

Fin août, juste avant l’actuelle saison de NFL, les Chiefs ont défini l’interdit aux spectateurs la coiffe à plumes et tout le maquillage évoqué les « Native Americans ».

Reste le nom de l’équipe, dont beaucoup de fans rappellent qu’il ne tire pas son origine des Amérindiens, mais de l’ancien maire de Kansas City H. Roe Bartle, dont le surnom était « Chief ».

– Racisme « moins visible » –

Mais l’ancien édile blanc aimait précisément se parer d’une coiffe et a créé une troupe scout au nom et aux codes librement inspirés des traditions amérindiennes.

Comme les Blackhawks ou les Braves, les Chiefs, qui n’ont pas donné suite à une demande de l’AFP, n’envisagent pas de changer de nom.

Chicago, qui a choisi son nom en l’honneur du chef Black Hawk, de la tribu Sauk, revendique un « dialogue » avec la communauté amérindienne. Elle collabore notamment avec le Trickster Cultural Center, centre culturel situé en Illinois.

Certains fans amérindiens des Chiefs, notamment sur les réseaux sociaux, estiment que le club n’a pas à renoncer à son nom.

« Je ne crois pas qu’ils aient fait quoi que ce soit en matière de justice sociale ou pour se montrer moins racistes », estime pour sa part Gaylene Crouser, directrice exécutive du Kansas City Indian Center, au sujet de l’interdiction des coiffes et maquillages par les Chiefs.

« C’est moins visible, c’est tout », dit-elle.

Cette saison, on a encore tapé sur un grand tambour à chaque match à domicile et le geste de ralliement du public mime toujours un tomahawk.

Chercheuse à l’université du Michigan, Stephanie Fryberg a montré que les mascottes amérindiennes peuvent nuire à l’estime personnelle des adolescents issus de cette minorité et à leur vision de cette communauté.

– Partie émergée de l’iceberg –

« Les gens vont devenir de moins en moins tolérants sur le sujet », prévient Gaylene Crouser, qui voit l’opinion épouser de plus en plus la cause amérindienne. « Ce serait mieux d’être proactif et de dire (…) + on arrête tout +, plutôt que d’agir au coup par coup. »

Et le sport professionnel n’est que la partie émergée de l’iceberg. Selon le site spécialisé MascotDB, plus de 1.600 équipes sportives ont encore une mascotte de référence amérindienne. Il existe encore par exemple 125 équipes appelées Redskins aux Etats-Unis, 855 Indiens et 189 Chefs.

Le cliché de l’Indien fier et guerrier, prêt à tout pour sa tribu, alimente le sport américain depuis plus d’un siècle, sans que les Américains n’y aient été associés.

Ce phénomène d’appropriation culturelle a, en outre, correspondu à un mouvement de fond pour assimiler les Amérindiens et effacer leur patrimoine.

L’ancien logo des Washington Redskins, barré par l’assocation « Change the Mascot »

SAUL LOEB – AFP

Dans le Colorado, le groupe scolaire La Veta vient de rebaptiser sa mascotte RedHawks, et a remisé les Redskins.

Il y a sept ans, les partisans du changement avaient été « attaqués brutalement » lors d’une réunion publique par des opposants, se souvient Eleanor Foley, présidente du groupe scolaire.

Cette fois, elle a profité du déménagement dans des locaux neufs pour remettre à l’ordre du jour la question de la mascotte, dont l’image allait se retrouver sur le terrain de football américain et dans le gymnase.

Il ya encore eu des discussions enflammées mais « le consensus n’était plus le même ». Pour une majorité, « nous devions changer de mascotte ».

Par Thomas URBAIN / New York (AFP) / © 2021 AFP

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