Q&A : Mélanie Laurent sur son amour de la mise en scène et des actrices


Cette image diffusée par Amazon Studios montre Mélanie Laurent dans une scène de "Le bal des femmes folles." (Amazon Studios via AP)

Cette image diffusée par Amazon Studios montre Mélanie Laurent dans une scène de « The Mad Women’s Ball ». (Amazon Studios via AP)

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Au cours de la dernière décennie, Mélanie Laurent s’est imposée comme une réalisatrice accomplie. Pourtant, quatre longs métrages et de nombreuses distinctions plus tard, ce fait peut surprendre beaucoup aux États-Unis qui la connaissent toujours mieux pour son jeu d’acteur – en particulier pour avoir joué Shosanna dans « Inglorious Basterds ».

Mais cela est en passe de changer bientôt. Son dernier film, une adaptation du roman de Victoria Mas en 2019 « Le bal des femmes folles », est rendu plus largement disponible que n’importe lequel de ses films précédents, grâce à la portée d’Amazon Prime Video. Le film emmène le public à l’intérieur de l’asile de la Pitié-Salpêtrière à Paris en 1885, où la fougueuse Eugénie (Lou de Laâge) est envoyée par son père.

Et son prochain projet est encore plus médiatisé : une adaptation produite en studio de « The Nightingale », avec Elle et Dakota Fanning jouant les sœurs françaises pendant la Seconde Guerre mondiale.

Laurent a récemment parlé à l’Associated Press de son amour de la réalisation et des actrices et de la grande année pour les réalisatrices en France.

Les remarques ont été modifiées pour plus de clarté et de concision.

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AP : Comment ce livre vous est-il parvenu ?

Laurent : Je venais d’avoir ma petite fille et je me demandais : « Et après ? Je voulais vraiment faire un film puissant avec une femme. Mais j’étais comme, est-ce que je veux faire un film féministe ? Est-ce que je veux que le féminisme soit comme le thème principal de tout le projet ? Et puis (le producteur Alain Goldman) m’a raconté cette histoire et je me suis dit : « Oh mon dieu, c’est féministe, mais c’est aussi une histoire de fantômes. Il s’agit de l’oppression des femmes. Il s’agit de science, il s’agit de la mort, des relations, de l’amour, de l’amitié.

AP : Lou de Laâge a joué dans votre deuxième film « Breathe ». Pourquoi es-tu retourné vers elle pour ça ?

Laurent : Je veux juste faire des films avec elle tous les trois ans. Elle est très facile à travailler et tellement talentueuse et elle est absolument magnifique. Il y a quelque chose de magique chez certaines actrices (quand) on les filme. Lou a cette magie de ne jamais se voir belle, alors elle ne joue pas belle. Elle est juste magnifique.

AP : Vous faites des allers-retours entre le jeu d’acteur et la mise en scène. Ressentez-vous une attirance interne pour en choisir un ?

Laurent : J’ai l’impression que je suis plus passionné par le cinéma parce que tu as le contrôle. Tout est question d’imagination. Je suis aussi extrêmement amoureux de mes actrices. Mais quand je dirige beaucoup, ça me manque d’être dirigé. C’est beaucoup plus relaxant parce que vous ne prenez aucune décision.

AP : On dirait qu’il y a un double standard pour les belles actrices qui réalisent aussi, comme lorsque certaines ont rejeté « By the Sea » (dans lequel Laurent a joué) comme un projet de vanité pour Angelina Jolie.

Laurent : J’étais tellement émerveillé par sa beauté et j’étais tellement émerveillé par sa maternité, la façon dont elle parlait des enfants et la façon dont elle était traitée, tout. Elle devait être la patronne de son propre plateau, et elle était extrêmement gentille et extrêmement respectée et respectueuse. Et à la fin de chaque journée, je me disais « Quelle femme ». J’espère juste pour nos bébés et nos petites filles que nous construisons cela pour eux, un monde où vous pouvez être qui vous voulez. J’ai beaucoup de journalistes, et c’est toujours des hommes, qui me demandent : « Alors tu fais ceci et ceci et ceci et cela, qu’est-ce que tu prouves au monde ? Qu’est-ce que vous voulez? » Mec, je ne sais pas. Je ne veux rien prouver !

AP : Avez-vous l’impression qu’il y a un thème commun dans les films que vous réalisez ?

Laurent : Je ne me rends même pas compte que je fais toujours des films sur les femmes. Je suppose parce que je suis une réalisatrice et aussi parce que j’aime les actrices. J’aime leur façon de travailler. J’aime leur façon de penser. J’aime la façon dont ils sont si forts, si puissants. Ils sont tellement plus faciles, c’est fou. Les acteurs similaires sont définitivement comme les actrices bien plus dans les clichés auxquels nous nous attendons. Je n’ai jamais eu de problèmes avec aucune actrice. Et j’aime travailler avec l’adaptation de livres. J’aime être inspiré par quelqu’un qui est déjà inspiré.

AP : Qu’est-ce que cela signifie pour vous d’avoir ce genre de sortie mondiale ?

Laurent : J’aime un peu l’idée de sortir dans 240 pays le même jour, ce qui ne m’arrive jamais. Ce qui est bien, c’est que vous apportez une histoire très française dans différents pays et voyez comment les femmes vont réagir sur un sujet comme celui-ci. C’est horrible, mais je suis presque sûr que toutes les femmes du monde entier vont se sentir comme, ouais, je sais de quoi elle parle.

AP : C’est une bonne année pour les réalisatrices françaises. Vous étiez dans le jury qui a décerné à Julia Ducournau la Palme d’Or à Cannes et Audrey Diwan vient de remporter le Lion d’Or à Venise.

Laurent : Quand on a remis le prix à Julia pour « Titane », elle est montée sur scène, elle était très émue. Elle a fait un beau discours. Et puis elle est entrée et elle m’a pris dans ses bras… et j’ai dit : « Nous ne t’avons pas choisi parce que tu es une femme. » Et elle m’a regardé et elle m’a dit : « Oh mon dieu, merci beaucoup pour ça parce que j’avais un doute. » J’étais comme, « C’est pourquoi il y a encore un débat ici. » Quand une femme reçoit un prix, elle pense toujours que ce n’est pas pour une bonne raison. Et cela va prendre quelques années, mais il est très important pour nous de gagner tous ces prix maintenant pour que tout soit normal.

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