Puis-je avoir un mot sur… les 55 ans de souffrance du football anglais | Jonathan Bouquet


Nomment que le côté footballistique des choses est à l’écart à l’Euro 2020, une petite enquête : quand exactement l’Angleterre est-elle devenue une nation si angoissée ? Si je voyais un titre avec le mot « rédemption », j’en voyais une douzaine. Être sauvé du péché, du mal ou de l’erreur en remportant un tournoi de pied de page ? Dégagez. Quant à « 55 ans de souffrance », au cours des années écoulées depuis que nous avons vu gagner la Coupe du monde, je ne me souviens pas d’un seul moment de « blessure » ​​en regardant l’Angleterre. Hilarité, oui. La gêne, oui. Exaltation, très occasionnellement. L’ennui, trop souvent. Mais jamais de mal. Il est temps que la nation se mobilise, je dirais.

J’ai peur que la notion de blessure dans le sport soit contagieuse. Témoin le titre suivant avant le début de l’Open de golf de cette année au Royal St George’s : « Poulter prêt à » surfer sur la marée patriotique « et à mettre fin à 52 ans de souffrance pour l’anglais. » Le mec qui bouffe une petite boule blanche autour de l’herbe verte ne me semble pas vraiment un processus de guérison.

J’ai longtemps aimé le mot « communauté ». Vous connaissez le genre de choses : « communauté médicale » (médecins), « communauté bancaire » (banquiers), « communauté d’acteurs » (acteurs). J’ai donc été ravi de tomber sur ce qui suit : « La Ville n’a pas été elle-même trop longtemps et voir les gens sortir sous le soleil du soir est un spectacle très apprécié aux yeux de la communauté des conseillers de la capitale. Je peux seulement imaginer que cela comprend ce que nous appelions les banquiers – encore une fois – mais vous ne pouvez jamais être trop sûr. Mes préférées, pour ce qu’elles valent, sont « la communauté des Hells Angels » et la « communauté des collectionneurs de tire-bouchons », toutes deux, je vous le promets, de véritables exemples que j’ai repérés dans les journaux.

Le dernier mot du pied de page doit revenir au commentateur au nom magnifique Sam Matterface : « Romelu Lukaku parle le langage des buts. » Génie ou tripe absolue ? Je te laisse décider.

Jonathan Bouquet est chroniqueur de l’Observateur

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