pourquoi les travaux réalisés à Athènes sur l’Acropole font polémique
Le ministère de la Culture grec a fait construire fin 2020 sur le site du Parthénon, des allées en béton armé. Une hérésie pour les archéologues et les historiens, qui dénoncent un « crime contre l’Acropole ».
À Athènes, archéologues et historiens se sont étranglés en découvrant les travaux réalisés fin 2020 sur le site de l’Acropole, classé au patrimoine mondial de l’Unesco. De larges allées de béton y ont en effet été construites à l’initiative du ministère de la Culture grecque, pour relier les différents monuments: le célèbre Parthénon, les Propylées, l’Érechthéion, le temple d’Athéna. Le tout recouvrant sans vergogne des rochers antiques et défigurant ce site antique, selon l’avis de certains.
Dans le journal grec Kathimerini, des architectes dénoncent ainsi l’utilisation du béton pour rendre le site plus accessible aux millions de touristes – 14,5 millions ces dix dernières années – qui foulent le site millénaire.
« Le but est de faire de l’Acropole un lieu de tourisme de masse à tout prix », abonde la présidente de l’Association des archéologues grecs, Despina Koutsoumb, dans le journal Avgi.
« Un massacre »
Pour l’historien Tasos Tanoulas, interrogé par Libération, les bâtiments ne sont pas les seuls témoins du passé. Et en recouvrant les pierres du chemin, « une part de la compréhension de notre passé est donc, elle aussi, recouverte ».
« Normalement, quand on restaure un monument, on n’efface pas les preuves. C’est un massacre de recouvrir ce monument, ces pierres », se désole-t-il.
L’architecte Manolis Korrès, qui a supervisé ces travaux de restauration, défend, lui, le béton comme étant « un matériau proche de la nature » et réfute les accusations d’altération de la roche. Il se dit « pleinement satisfait » du résultat et invite le public à le voir « de ses propres yeux » pour en juger.
L’utilité de ces travaux, financés par un don d’une fondation, et censés faciliter l’accès des visiteurs handicapés, a également été mis à mal installé homme en fauteuil roulant s’est béni mi-avril en tombant sur le site de l’Acropole. Les nouveaux sentiers bétonnés, trop pentus par endroits, sont par ailleurs intéressés comme inadaptés aux personnes à mobilité réduite.