pourquoi la prévision de l’exécutif est à prendre avec des pincettes


La contraction du PIB pourrait être plus importante que celle attendue en 2020, prévient ce mercredi le Haut conseil pour les finances publiques, lequel met en doute le scénario de reprise de l’exécutif. Le gouvernement reconnaît lui-même que ses prévisions ne sont pas gravées dans le marbre.

Présenté ce mercredi dans un contexte connu par l’épidémie de coronavirus, le projet de loi de finances rectificatif du gouvernement prévoir une récession de 8% en France pour 2020, a fait savoir mardi Bruno Le Maire sur RMC et BFMTV. Mais le ministre de l’Economie reconnaît très volontiers: compte tenu des nombreuses incertitudes qui pèsent sur une reprise économique, il est nécessaire de « prendre ces estimations avec prudence ».

Ce mercredi, le Haut conseil pour les finances publiques (HCFP) a d’ailleurs souligné que la contraction du produit intérieur brut pourrait dépasser les 8% prévus par le gouvernement.

Une hypothèse trop optimiste?

Et pour cause, le scénario économique de l’exécutif « repose sur l’hypothèse forte d’un retour assez rapide à la normale de l’activité, au-delà du 11 mai », date possible de la levée du confinement, note le HCFP dans son avis sur le projet de loi de finances rectificative présenté mercredi en conseil des ministres.

« Si cette hypothèse forte ne se réalisait pas, la chute d’activité pourrait se révéler supérieure encore à celle de -8% en 2020 prévue parle gouvernement », prévient-il.

Le scénario de l’exécutif « suppose en particulier que les mesures de politique économique prises pour faire face à la crise économique de préserver l’appareil produit et que la demande, tant intérieure qu’étrangère, ne portera pas de séquelles durables de la crise « , ajoute-t-il encore.

Le ministre de l’Economie Bruno Le Maire a annoncé mardi un nouveau relèvement des moyens alloués au plan d’urgence contre la crise sanitaire et économique. Il atteint désormais 110 milliards d’euros, dont 24 milliards d’euros pour le dispositif de chômage partiel.

Le maintien des emplois « n’est pas acquis »

Dans son projet de budget rectifié, cité par le HCFP, le gouvernement anticipe notamment que la consommation des ménages reviendrait à son niveau usuel « en septembre » et que « les flux touristiques (…) reviendraient très graduellement à leur niveau antérieur, à horizon fin 2020 « .

Mais, selon le Haut conseil, le maintien des emplois via le dispositif du chômage partiel « n’est pas acquis ». De même, la reprise de la consommation des ménages « est entourée de fortes incertitudes, liées à la possible persistance de comportements prudents ou attentistes ». Et les entreprises pourraient annuler certains investissements « en raison de la dégradation de leurs résultats et de la montée des incertitudes sur les perspectives de croissance ».

Le projet de budget rectificatif prévoit aussi que le déficit public et la dette se creuseraient respectivement à 9% et 115% du PIB cette année. Des prévisions qui pourraient cependant être revues, comme l’a d’ailleurs reconnu le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin.

Le HCFP note en particulier que « des risques significatifs » pèsent sur le niveau des dépenses prévues dans ce projet de budget, avec un chômage partiel qui pourrait encore coûter plus cher et d’autres mesures, comme des annulations pures et simples de charges fiscales et sociales, qui pourraient venir alourdir l’addition.

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