Pourquoi certains snowbirds se rendent toujours en Floride


Qu’est-ce que certains oiseaux, papillons et baleines ont en commun avec des dizaines de milliers de Canadiens âgés? Ils migrent tous chaque année vers le Sud pour y passer l’hiver.

Bien que nous ne connaissions pas le nombre exact de snowbirds au Canada, un rapport récent de Statistique Canada que, en temps normal, de 300 000 à 375 000 retraités migrateurs se rendent aux États-Unis et au Mexique chaque année, sans compter les autres destinations populaires.

Les mots «en temps normal» sont importants, car les séjours dans le Sud ne se passent pas comme d’habitude pendant la pandémie.

Normalement, les snowbirds organiseraient leurs repas communautaires et participeraient à leurs tournois de golf sans être montrés du doigt. Ou, depuis le printemps dernier, lorsque la COVID-19 a commencé à se propager dans les destinations populaires et que des mesures sanitaires y ont été mises en place, la migration annuelle des snowbirds crée bien des remous.

On s’est d’abord inquiété du fait qu’ils ne rentrent pas au pays à temps avant la fermeture des frontières et qu’ils ne soient plus couverts par leurs assurances en cas d’hospitalisation à l’étranger. Nous avons lu des articles relatant le branle-bas de combat pour revenir d’urgence au Canada et le refus de certaines retraités migratrices de s’isoler une fois de retour à la maison.

Soudain, ces gens fonctionnent plus seulement nos parents, nos grands-parents, les membres de notre communauté ou nos amis proches. Il concerne une catégorie de personnes ayant des comportements à risque.

Vaccinés avant les autres

Ces dernières semaines, les snowbirds ont de nouveau retenu attention. Certains d’entre eux ont décidé d’aller dans le Sud malgré la pandémie toujours en cours et les nouvelles restrictions de voyage. Ils se font vacciner en Floride, suscitent la grogne des Américains, car certains Canadiens passent ainsi devant eux.

Les retraités migrateurs ont rechigné contre la récente exigence de passer un test de dépistage pour la COVID à leur retour au Canada et se sont plaints des coûts associés, qu’ils estimaient les injustices. On entend aussi qu’un nombre croissant d’entre eux reçoivent des factures médicales astronomiques après avoir été traités pour la COVID à l’étranger.

Plusieurs se demanderont alors, dans ce contexte, des Canadiens continuent d’aller dans le Sud cet hiver. Depuis plusieurs années, nous menons des recherches sur l’accès aux soins de santé et la gestion des besoins médicaux pour les Canadiens qui passent l’hiver en Floride ou en Arizona.

Une décision réfléchie

Nous avons passé du temps dans les communautés de snowbirds pour discuter avec eux, visiter des hôpitaux et des cliniques, parler avec des prestataires de soins de santé et observer des rassemblements de citoyens. Les informations que nous avons mises permettent d’expliquer pourquoi certains d’entre eux ont quand même choisi de partir à l’étranger cet hiver. Sans pour autant approuver ce comportement, nous donnons ici quelques réponses.

Premièrement, de multiples facteurs incitent les gens à migrer vers le Sud à la retraite. Parmi ces raisons, le temps chaud et ensoleillé vient souvent à l’esprit en premier lieu. De nombreuses personnes sont également attirées par la vie sociale et les liens qui se tissent dans les communautés de snowbirds.

La population en général est peut-être moins consciente du fait que pour certains retraités migrateurs, il est aussi avantageux financièrement de déménager que de rester chez soi pendant l’hiver. Ils ne vivent pas tous dans des villas et n’ont pas tous un bateau… Pour certains, aller dans le Sud en caravane ou louer un appartement à la saison est une façon d’économiser. Il est peu probable que les membres de cette catégorie changent leur planification budgétaire, malgré la pandémie et les demandes pressantes de voyager.

Deux certains, de nombreux snowbirds estiment que passer l’hiver dans le Sud est meilleur pour leur santé. Même s’ils doivent pratiquer leurs activités en solo pour respecter les consignes de la santé publique (par exemple, aller marcher), les possibilités sont multiples.

Beaucoup d’entre eux observent une amélioration de leur état de santé pendant leur séjour. Certains disent voir une diminution des symptômes de l’arthrite, notamment. Ils ont choisi d’aller dans le Sud cet hiver parce qu’ils estiment que les avantages pour leur santé l’emportent sur le danger d’attraper la COVID.

Trois, bien que la pandémie ait eu lieu de nouveaux risques et en ait accumulé d’autres, les snowbirds sont habitués à prévoir les possibilités de tomber malade en voyage. Ils prennent une assurance voyage et des arrangements pour se faire soigner à l’étranger ou pour rentrer chez eux en cas d’urgence médicale. Ils savent où et comment faire renouveler leurs prescriptions de médicaments, au besoin. Certains vont même jusqu’à souscrire une assurance pour le transport par avion-ambulance au cas où leur état de santé se détériorerait rapidement. D’autres ne prévoient rien du tout.

Certains ont choisi la COVID et la pandémie comme un autre risque qu’il est possible de gérer.

Qu’on le veuille ou non, le fait est que certains Canadiens ont choisi d’aller dans le Sud pour l’hiver. Nous devons donc réfléchir à leur retour au pays. Il faut prévoir la manière de savoir qui a été vacciné à l’étranger et inscrire ces gens dans les registres nationaux, ainsi qu’adapter les consignes de quarantaine obligatoire. Il n’est pas trop tôt pour commencer à y penser – la migration des snowbirds vers le Nord viendra bien assez vite.La Conversation

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