Pour Bruno Le Maire, le plan de relance européen est « trop ​​lent et trop compliqué »


Dans une interview au Financial Times, le ministre de l’Economie exhorte l’Union européenne à surmonter ses « blocages ».

Paris s’impatiente. Le plan de relance européenne à 750 milliards d’euros face à la crise du covid tard à se mettre en place. Dans un entretien au Financial Times, le ministre de l’Economie dénonce la lenteur et les blocages au sein de l’Union.

« Je vois qu’il y a des blocages et que tout cela est trop lent, qu’il faut accélérer et que si l’on veut sortir de la crise économique dans les meilleures conditions, l’argent européen doit arriver le plus vite possible » , exhorte-t-il.

Les regrets sont dus plus forts que le plus dur avait été fait à travers les négociations franco-allemandes de l’an passé qui ont conduit à la décision historique de l’UE de lever une dette commune versée sous forme de subventions aux États touchés par la crise membres.

Raisons technocratiques

« Nous n’avons pas dépensé tout ce capital politique uniquement pour voir ce plan retardé pour des raisons technocratiques. C’est trop lent et trop compliqué. Nous devons accélérer », martèle le locataire de Bercy.

Rappelons que les 27 membres de l’UE doivent d’abord expliquer comment ils prévoient d’utiliser les subventions et les prêts d’ici la fin avril. Une fois ces plans élaborés par la Commission européenne, les décaissements devraient commencer au second semestre. Un calendrier trop long pour la France.

La France a l’intention de dépenser au moins la moitié de son propre plan de relance de 100 milliards d’euros, dont 40% seront financés par le fonds de relance de l’UE, d’ici la fin de cette année, explique Bruno Le Maire, prévoyant une forte reprise économique plus tard en 2021.

Prendre en compte la réalité

« C’est peut-être le moment le plus difficile de la crise car il existe de nouvelles variantes très contagieuses du virus, les vaccinations ne sont pas encore totalement déployées et il y a un immense épuisement de nos citoyens, en particulier dans l’économie – artisans, commerçants, petites entreprises « , ajoute-t-il.

Bruno Le Maire appelle également l’UE à revoir ses règles notamment la sacro-sainte limite de 3% du PIB des déficits publics, règle provisoirement levée par la Commission. Pour le ministre, ces règles « devraient être réévaluées pour prendre en compte la réalité: les niveaux d’endettement les plus élevés de notre histoire, les taux d’intérêt les plus bas de notre histoire et les plus grands besoins d’investissements de notre histoire « .

Un appel entendu par le pourtant très orthodoxe ancien ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble qui indiquait récemment: « Après la pandémie, beaucoup de choses seront complètement différentes de ce qu’elles étaient avant ».

Carrefour: Bruno Le Maire défend son choix
Au FT, le ministre répète que le véto sur l’offre du canadien Couche-Tard avait pour objectif de déprotéger la « souveraineté alimentaire », et a diffusé les critiques selon cette décision risquait d’effrayer les investisseurs étrangers.

« Imaginez-vous une seconde qu’un investisseur étranger serait autorisé à acheter Walmart [aux États-Unis]? «  » Arrêtons de souligner l’affaire Carrefour – ce n’était pas la bonne affaire et ce n’était pas le bon moment. Il est donc normal que l’État intervienne pour jouer son rôle de protection de l’économie. « 

« Nous ne prenons personne par surprise ici – la distribution alimentaire est sur la liste des investissements étrangers qui sont soumis à un examen par l’État », souligne-t-il.

« Mais ce n’est pas parce que quelque chose figure sur la liste des secteurs stratégiques que l’État s’opposera à toutes les acquisitions ou investissements dans ces domaines. Cela signifie simplement que nous les examinons pour nous assurer qu’ils ne causent Pas de difficultés en termes de souveraineté technologique ou ne nuisent pas le plus à nos intérêts les plus fondamentaux. C’est tout. « 

, Après avoir passé en revue une centaine de sociétés cotées françaises, le groupe de recherche Alphavalue encore que plus des deux tiers de leur valeur marchande totale étaient « hors de portée des acheteurs non européens ».

Bruno Le Maire a développé son scepticisme sur ces chiffres et a insisté sur le fait que le gouvernement Macron avait l’intention de rendre la France plus favorable aux affaires. « Nous voulons rester le pays le plus attractif d’Europe », at-il déclaré.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business

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