Portrait de femmes inspirantes – Nodjialem, préparatrice mentale


Nodjialem, peux-tu te présenter en quelques mots et nous raconter ton parcours?

Je m’appelle Nodjialem Myaro, je suis une ancienne joueuse internationale de handball. J’ai commencé à pratiquer ce sport à Toulouse. Lorsque j’ai eu 18 ans, j’ai eu la chance de découvrir le monde professionnel: j’ai évolué à Metz, au Havre, à Marseille, au Danemark, ainsi qu’à La Réunion – où j’ai eu mes enfants – et enfin à Nice, en 2013, où j’ai terminé ma carrière. Durant toute ma carrière, j’ai conduit un double projet: sportif et professionnel. Cette volonté est partie d’un accord avec ma mère, qui m’avait autorisé à aller jouer à Metz, à l’unique condition que j’obtienne mon baccalauréat. Autant vous dire que je l’ai eu tout de suite! (rires) Au fil des années, j’ai gardé cet état d’esprit en poursuivant mes études en parallèle de mon investissement dans mon club. Comme j’ai toujours été passionnée par tout ce qui touche au sport et aux relations humaines, je me suis lancée pour obtenir un diplôme de psychologue santé et clinique. Si je devais schématiser mon parcours aujourd’hui, je dirais que ma jambe droite symbolise le handball, ma jambe gauche symbolise la psychologie. Une ne peut pas exister sans l’autre. L’une enrichit l’autre. Elles sont indissociables pour avancer.

Aujourd’hui, tu occupes également un rôle clé dans le handball féminin, peux-tu nous en parler?

Oui, je suis présidente de la Ligue de handball féminin depuis 2014. Pour être honnête, lorsque le Président de la Fédération de l’époque m’a proposé le poste à l’époque, je venais de terminer ma carrière de joueuse, et je n’étais pas dans cette dynamique. Mais je me suis rendu compte que lorsque j’étais joueuse, mes coéquipières et moi tentions de reconnaître davantage le handball féminin. Finalement, j’ai vu dans cette proposition de poste d’élue fédérale une preuve de confiance et une belle opportunité de faire passer des messages positifs et inspirants pour faire avancer notre sport.

Quelles sont les réalisations dont tu es fière?

Sans hésitation, mes enfants. Même si je reconnais qu’être mère est le métier le plus difficile du monde, il reste quand même le plus beau. Je suis également fière d’avoir pu mener à bien mon double projet, parce que cela n’a pas toujours été évident. Mais il m’a permis de faire des rencontres incroyables. Sportivement, ma plus grande satisfaction sportive, c’est le titre de vice-championnes du monde 1999. C’est paradoxal, car le titre de championnes du monde 2003 est le plus symbolique (premier titre en sport collectif féminin). Mais la campagne vécue en 1999 avec ce groupe reste très important dans mon coeur. En effet, à titre personnel, c’est la période où j’ai eu l’impression d’afficher mon maximum à l’équipe de France. Et sur le plan humain, on a créé un truc de fou! Malgré la défaite en finale et le fait que nous n’étions pas parmi les équipes favorites, l’énergie, la complicité que nous partagions dans le groupe était phénoménale. L’épopée de 1999 a été le point de départ de beaucoup de choses pour nous, et a permis d’essayer la reconnaissance du handball féminin sur le plan médiatique.

As-tu un.e modèle?

Mon modèle, c’est ma mère. De par son histoire, les valeurs qu’elle m’a inculquées et la confiance qu’elle m’a témoigné dès le plus jeune âge. Même si elle n’est plus parmi nous aujourd’hui, je suis heureuse qu’elle soit partie en étant fière de ses enfants. J’essaie de m’inspirer aujourd’hui pour l’éducation de mes enfants, notamment pour ma fille, en lui témoignant énormément de confiance. Elle qui sera bientôt une femme, elle arrive aujourd’hui à dire ouvertement ce qu’elle pense. Sur casse les codes.

Quelle est ta relation avec le TFC?

Je suis aujourd’hui salariée du club en tant que préparatrice mentale de l’équipe professionnelle. Cette année, le club s’est fixé l’objectif de conduire l’équipe vers une optimisation de la performance, qu’elle soit physique ou mentale. Mon rôle est donc d’accompagner les joueurs et le staff sur le plan mental. Concrètement, cela se matérialise par un travail collectif pour entretenir la cohésion d’équipe, un travail individualisé auprès de chacun, et par entretenir un lien avec le centre de formation afin de mettre les jeunes dans de bonnes conditions mentales, dès le plus jeune âge.

Si l’on devait prendre une photo de la place de la femme dans le sport aujourd’hui, quel serait ton sentiment?

Lorsque je regarde les femmes dans le monde du sport aujourd’hui, je les vois en train d’avancer vers une pente progressive, ascendante. Le sport pratiqué par les femmes évolue, s’affirme, devient de plus en plus visible. La montagne elle est haute, nous n’en sommes pas encore au milieu. Mais les femmes qui font le sport de nos jours peuvent être fières, elles peuvent regarder en arrière car elles ont avancé. Maintenant, il y a encore un sacré travail à faire sur cette notion d’éducation à l’égalité. Pour moi, cela commence dès l’école, c’est crucial. Une petite fille qui a envie de faire de la boxe, ou un petit garçon qui est passionné de danse, ne doit pas subir de stigmatisations ou de moqueries. Quand on voit l’impact de la pratique du sport dans l’épanouissement du personnel, je trouve regrettable que nous ne puissions pas encore offrir les mêmes chances aux filles et aux garçons. En savoir plus sur l’avance. Je pense qu’aujourd’hui il faut réfléchir de manière collégiale, pour être plus impactant. Chaque enfant ne doit pas voir le sport comme quelque chose de « genré », mais plutôt comme un moyen de s’exprimer, de se sentir libre. À mes yeux, le handball est un bon exemple d’un sport qui a avancé dans la philosophie de la parité: c’est un sport scolaire, un sport dont l’équipe de France a eu des résultats très prometteurs, un sport dont la fédération a cru en ses sportifs et sportifs en aidant les clubs à se structurer et dont la constitution du conseil d’administration respecte la parité femmes-hommes.

Es-tu d’accord avec la nécessité du leadership féminin?

Je pense qu’il a cette notion de « rôle-modèle », oui. Que le porte-parole soit un homme ou une femme, ce qui est important est la qualité du message et sa visibilité. Aujourd’hui, filles et garçons ont tout d’abord besoin de s’identifier auprès de rôles-modèles qui prennent les devants et nous confrontent aux réalités de notre société. C’est important que ces leaders ne soient pas uniquement féminins.

Dans le cadre de la journée internationale du droit des femmes, tu as participé à une campagne ministérielle consistant à écrire une lettre à 1000 petites filles nées le 8 mars 2021: quels sont tes souhaits pour nos pitchouns des générations futures?

J’ai envie de leur dire de croire en eux et de s’appuyer sur les personnes bienveillantes qui les entourent. Ils ne peuvent pas se rendre compte aujourd’hui de tout le potentiel qu’ils ont et elles ont. Le sport est une richesse insoupçonnée et insoupçonnable: il vous permet de faire des rencontres incroyables, de révéler votre personnalité, de vivre des émotions exponentielles, que lui seul est capable d’exprimer. Dans le contexte sanitaire délicat que nous connaissons aujourd’hui, je les invite à être patients et à retourner sur les terrains dès que cela sera possible. Les jeunes générations passent beaucoup de temps sur les réseaux sociaux, mais aujourd’hui il est important de se reconnecter à la Terre. Et se reconnecter à la Terre, c’est faire du sport.

Merci Nodjialem de cet échange très intéressant et instructif!

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