Pollution plastique: les enjeux de la nouvelle proposition de loi


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AFP-Relaxnews

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17 mars 2021

(ETX Studio) – Jeudi 11 mars, le Sénat a adopté à l’unanimité une proposition de loi visant à renforcer la lutte contre la pollution plastique. Interdiction des microplastiques dans les produits détergents, reconnaissance du lâcher de ballons de baudruche comme un déchet pour l’environnement … Diane Beaumenay-Joannet de l’Association Surfrider revient sur les enjeux associés à cette nouvelle proposition de loi.

Thème choisi pour l’édition 2021 de la Journée internationale des droits des consommateurs qui se tient ce lundi 15 mars, le combat contre le plastique représente l’un des enjeux phare de la préservation de notre planète. Si plusieurs lois en France et en Europe ont été promulguées ces dernières années pour réduire notre usage de plastique, notamment ceux des objets à usage unique, le chemin à parcourir pour limiter les effets de la pollution sur nos terres et nos océans est encore long.

Le projet de loi présenté devant le Sénat et porté par la députée du Lot Angèle Préville s’attaque à plusieurs angles précis de la pollution plastique, notamment la tradition de lâcher des ballons de baudruche (par exemple lors d’événements festifs) ou de l ‘ajout volontaire des fabricants dans les produits ménagers tels que les détergents.

Décryptage des enjeux associés à ce texte de loi avec Diane Beaumenay-Joannet, chargée de plaidoyer pour l’ONG Surfrider Foundation Europe.

ETX Studio: Il existe déjà une loi interdisant l’ajout volontaire de microbilles dans les cosmétiques. En quoi est-ce important de l’appliquer également aux produits détergents?

Diane Beaumenay-Joannet: Les microplastiques sont en effet interdits dans les cosmétiques à rincer [gels douche, shampoings, etc] depuis 2018. Repenser les formules détergentes sans y composer des microbilles plastiques nous semble donc pertinent, devant plus que certains fabricants ont déjà fait ce choix. On pourrait encore aller plus loin, en étendant cette interdiction à l’ensemble des produits cosmétiques.

Les microbilles sont souvent utilisées pour le côté brillant ou gommant d’un produit, mais on pourrait remplacer cet effet en utilisant des matières non nocives pour l’environnement. Cela va peut-être changer la texture du produit, mais ne supprimera pas les propriétés nourrissantes et protectrices d’une crème par exemple.

ETX: Comment s’assurer qu’un produit, aussi bien un cosmétique qu’un détergent, est dénué de matière plastique?

DBJ: Il existe des labels fiables, notamment la mention « Slow Cosmectic ». Il y a aussi le site « Beat The Microbead », qui répertorie toutes les substances microplastiques que l’on peut retrouver dans les produits. Avant un produit, on peut donc se référer à l’étiquette et consulter la liste des ingrédients afin de s’assurer qu’il ne comporte pas de composants chimiques: propylène, polyéthylène, etc.

ETX: Quelles sont les alternatives à ces composés chimiques des cosmétiques et peuvent-on se les procurer facilement pour fabriquer ses produits soi-même?

DBJ: On peut utiliser du sucre, du marc du café ou encore des noyaux d’abricot broyés pour assurer les propriétés gommantes. Il est donc très facile de se procurer ces ingrédients.

ETX: La reconnaissance du lâcher de ballons de baudruche dans les airs comme un déchet pour l’environnement est-elle importante pour sensibiliser à cette pollution?

DBJ: Absolument. Notamment lors de certains événements festifs où la quantité de ballons lâchés dans les airs est importante. On l’a encore récemment vu au Japon la semaine dernière, lors du triste anniversaire de Fukushima. Ou, c’est une voiture d’aberration, d’un point de vue écologique, lâcher un ballon dans le ciel est similaire à jeter un mégot de cigarette ou une bouteille en plastique sur le sol. Ces objets ne se désintègrent pas, ils finissent par retomber dans l’environnement. Sur les plages, on retrouve par exemple des quantités importantes de morceaux de ballons.

Cette mesure-là s’avère donc importante pour dissuader les gens d’acheter des ballons, y compris les enfants à qui on peut expliquer que cela met la vie des animaux en danger. En 2019, une étude australienne a en effet affiché que l’ingestion d’un seul débris de ballon pourrait augmenter la mortalité des oiseaux marins de 20%.

ETX: La crise sanitaire s’est malheureusement accompagnée d’une recrudescence au niveau de l’usage unique du plastique, que ce soit pour les équipements de protection ou les emballages liés à la vente à emporter. Quelles mesures mettre en place pour limiter les effets délétères et ce retour en arrière?

DBJ: Nous sommes retombés dans un schéma assez symptomatique de notre consommation. À savoir que lorsque l’on utilise un produit jetable, on retrouve souvent son déchet sur les plages. Cela a été le cas avec les masques et les gants dès les premiers mois de la crise sanitaire.

La livraison à domicile et la vente à emporter dans les restaurants ont aussi généré une surconsommation de plastique. Chez Surfrider, nous travaillons avec des acteurs de la restauration livrée en France, qui s’engagent à développer des solutions de vrac et de réduction des emballages plastiques. Les restaurateurs ont signé la charte Restaurants Ocean Friendly en février dernier.

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