Plus d’un million de Libanais dans le besoin, prévient un haut responsable humanitaire de l’ONU |


« L’explosion au port de Beyrouth a accéléré beaucoup de choses, c’est sûr », a déclaré la coordonnatrice spéciale adjointe Najat Rochdi, qui est également coordonnatrice résidente et humanitaire des Nations Unies pour le Liban, s’adressant aux journalistes de l’ONU à Genève, faisant référence à la mortelle explosion en août dernier qui a tué environ 200 personnes et dévasté la ville.

Elle a déclaré que les réformes politiques nécessaires n’avaient pas été menées « à temps », malgré les avertissements généralisés sur la crise économique et financière imminente, que « beaucoup d’analystes avaient déjà prédit… Nous ne parlons pas de quelque chose qui nous prend par surprise aujourd’hui. Je pense que tout le monde était au courant ».

Entre avril 2019 et avril de cette année, l’indice des prix à la consommation a augmenté de plus de 208 pour cent et le prix des aliments et des boissons a augmenté de 670 pour cent. En conséquence, plus de la moitié de la population libanaise vit aujourd’hui dans la pauvreté.

Des services publics détruits

« La crise de l’économie, la dévaluation de la monnaie, ainsi que le vide de la gouvernance ont entraîné une panne des services publics à un moment où ils sont le plus nécessaires », a déclaré Mme Rochdi. Elle a ajouté que « la pandémie a aggravé une situation qui était déjà fragile ».

Le Coordonnateur spécial adjoint a déclaré que la confiance internationale avait été touchée par l’incapacité à former un gouvernement fonctionnel, dissuadant les investisseurs et exacerbant la défaillance du système bancaire et d’autres institutions publiques.

L’extrême pauvreté a triplé au cours des deux dernières années. De plus en plus de foyers libanais n’ont pas les moyens de s’offrir des services de base comme la nourriture, la santé, l’électricité, l’eau, Internet et l’éducation des enfants.

« Le pays est au milieu d’une phase d’hyperinflation, érodant la valeur de la monnaie nationale, le pouvoir d’achat des gens et ce qui reste de leur confiance en leurs dirigeants et institutions », a déclaré Mme Rochdi.

La santé au bord du gouffre

« Le système de santé publique est étiré au-delà de ses limites en raison du double impact de la crise économique et de l’épidémie de COVID-19. Les gens sont de plus en plus incapables d’accéder et de se payer des soins de santé dans un contexte de pénurie croissante de médicaments et de fournitures médicales importants ».

Des niveaux alarmants de pauvreté parmi les réfugiés étaient évidents dans la dernière enquête de l’ONU : neuf réfugiés syriens sur 10 tombent en dessous du seuil de pauvreté extrême – une augmentation de 60 % depuis 2019. La protection des réfugiés est un problème croissant avec des départs en mer en augmentation et un risque considérable de refoulement.

« La crise affecte tout le monde au Liban, pas seulement les Libanais. Comme vous le savez, le Liban accueille le plus grand nombre de réfugiés par habitant au monde, avec plus d’un million de réfugiés syriens et plus de 270 000 réfugiés palestiniens », a déclaré Mme Rochdi.

L’ONU avec la communauté internationale en collaboration avec les autorités libanaises vise une transition rapide vers les efforts de relèvement dans le cadre du « Cadre de réforme, de relèvement et de reconstruction (3RF) ». Ce plan met l’accent sur la gouvernance, la protection sociale, la cohésion sociale, l’inclusion et le genre, la santé, l’éducation et le logement.

Chemin vers la récupération

Selon Mme Rochdi, « les solutions sont connues, la liste des réformes prioritaires est très clairement articulée dans le 3RF, dans le « Cadre de réforme, de redressement et de reconstruction », qui a été dans tous les cas discuté avec la société civile, avec les autorités locales, avec les autorités nationales, avec le secteur privé, avec la communauté internationale, c’est donc vraiment une évidence. On sait, on sait bien ce qu’il faut faire ».

La communauté internationale a averti que sans un gouvernement qui met en œuvre des réformes structurelles significatives, aucun investissement ne sera fait au-delà de l’aide humanitaire urgente nécessaire et des efforts de relèvement rapide.

« Le développement du Liban est de la responsabilité des Libanais », a déclaré le Coordonnateur Résident. « Le développement du Liban n’est pas de la responsabilité de la communauté internationale. Nous espérons toujours qu’au niveau interne… que ce soit au niveau de la direction politique, ou d’une autre direction, qu’il y ait effectivement une décision de mettre évidemment l’intérêt du pays et l’intérêt des Libanais en priorité ».

Dix mois se sont écoulés depuis la démission du dernier gouvernement à la suite des explosions du port de Beyrouth le 4 août. Saad Hariri a été nommé Premier ministre il y a plus de six mois, chargé de former une nouvelle administration, mais jusqu’à présent sans succès.

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