Philippe Lefait parrain du Festival international du film sur les handicaps


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Le FIFH a le plaisir et l’honneur de vous présenter le petit film-interview réalisé récemment avec le parrain du festival, le journaliste et écrivain Philippe Lefait qui, l’an dernier, était président du jury Fiction et qui a rejoint les rangs de ceux et celles qui soutiennent et portent le FIFH avec sympathie, détermination… et finesse dans l’analyse sémantique, ce qui ne gâte rien.
Philippe Caza

Vidéo Philippe Lefait: https://vimeo.com/529659595

Le mot de… Philippe Lefait.
Le singulier pluriel

« En situation de handicap… dans le futur”Est ​​un recueil récemment publié de nouvelles d’anticipation. J’en souligne deux phrases: «Je vais vous raconter ce qu’endure Paul, mon meilleur ami, qui a eu la malchance de naître banal, c’est-à-dire non handicapé». Et un peu plus loin: «Je ne suis handicapé et les yeux de ceux qui le croient»… Pieds de nez… J’en retiens la portée, l’humour et la distance et je m’arrête sur un mot qui se promène à bas bruit dans ma vie. Le qualificatif handicapé dit une particularité de la personne. Il donne des droits, crée des solidarités, fédère l’attention des aidants. Toujours, il interroge. Il peut être inscrit dans les lois qui compensent un hors la norme. Il s’habille parfois les regards et suscite des apitoiements dommageables. Il fait instinctivement préférer une prétendue normalité. Mais il n’essentialisera jamais. Au jeu des mots, je privilégierai toujours l’idée de singularité. Ce vocable-là est beau comme la qualité de son universel. Il est essentiellement pluriel parce que nous sommes tous singuliers et que «Je ne suis handicapé que les yeux de ceux qui le croient»… Nous sommes aujourd’hui entrés dans une période de temps particulièrementains et handicapés – c’est selon… et vieux comme l’humain… et j’en passe – par le terrorisme, le racisme, la misère, les deux degrés supplémentaires, la suffisance des dominants, la bêtise politicienne ou les égoïsmes forcenés et les haines recuites. Toujours y accueillir le singulier pluriel, c’est se permettre de comprendre l’autre, de lui laisser sa place, d’accepter les métissages. À tout le moins de continuer à réfléchir à une communauté de chemin fragilisée par un totalitarisme de l’individuel. Ceci n’étant jamais exclusif des luttes nécessaires à l’éradication de la connerie, de la bêtise et de l’horreur. La Méditerranée est aussi un cimetière. À l’heure de la disparition de l’ours polaire et d’une densité plastique inégalée des mers et des océans; à l’heure et demi des inégalités exponentielles, de l’intelligence artificielle qui facilite aussi la reconnaissance faciale et corporelle, il peut être temps de repenser un encore vivre ensemble déjà élargi abîmé par une humanité prédatrice. Comme disait en 2018, la singulière et radicale Greta Thunberg: «Je pense qu’à bien des égards, nous, autistes, sommes normaux, et le reste des gens sont franchement étranges, surtout quand tout le monde répète que le changement climatique est le problème le plus important de tous mais continue de se comporter comme si de rien n’était ». Philippe Lefait

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