Paul Verhoeven ne parvient pas à donner un sens au blasphème


avis benedetta

En plus d’être la foire du luxe et de la classe, le Festival de Cannes est également perçu comme un lieu où il est sécuritaire de montrer des œuvres scandaleuses qui s’affranchissent des frontières sociales. À cet égard, la proposition de Paul Verhoeven Benedetta est ce genre de film qui correspond parfaitement au label « c’est un film de Cannes ». Suite au succès commercial de Elle, Verhoeven réalise son deuxième film français. Contrairement à sa première incursion, Verhoeven ne parvient pas à donner un sens à son travail controversé cette fois-ci.

Basé sur un académicien Judith C. Brown’s Actes impudiques – La vie d’une nonne lesbienne dans l’Italie de la Renaissance, l’histoire suit la vie d’une religieuse du XVIIe siècle interprétée par Virginie Efira. Benedetta est entrée au monastère de Pescia quand elle était une petite enfant, poussée par sa foi inébranlable. Sa vie bascule après avoir sauvé la vie de la jeune bergère de Daphné Patakia, Bartolomea, qui rejoint les rangs du couvent et apporte un souffle d’insouciance sauvage à l’intérieur de ces murs. Alors qu’une nouvelle passion viscérale naît en elle, Benedetta commence à avoir des pensées charnelles envers la nouvelle novice. En même temps, elle commence à avoir des visions et est bientôt bénie avec les stigmates. Elle devient connue comme l’une des nonnes les plus saintes du pays tout en rompant constamment son vœu de chasteté, mais sa double vie pourrait ne pas durer longtemps car les yeux dans les murs du monastère ne dorment jamais.

Alors que l’actrice belge Efira fait une belle prestation à l’égoïste Benedetta, c’est Patakia qui vole la vedette avec sa véhémence. Les protagonistes sont aussi différents que le jour et la nuit, mais ensemble ils forment un mélange explosif. Il est facile de voir que la noble Benedetta est posée, glaciale et complice, tandis que le roturier Bartolomea est grossier mais éclate de passion, désireux de découvrir sa sexualité. Les jeunes nonnes vivent dans un monde cruel où elles ne sont pas autorisées à explorer leur amour lesbien afin de trouver un moyen d’être libres en dupant tous leurs ennemis.

Sur les notes de la belle partition d’Anne Dudley, Verhoeven tente de mêler sacré et profane dans une ambiguïté entre ce qui est réel et ce qui ne l’est pas. L’accent aurait dû rester sur l’amour entre les protagonistes, mais ce film historique tente d’aborder trop de sujets à la fois, ce qui donne un produit qui utilise le blasphème pour cacher la confusion à la base. Le réalisateur néerlandais se charge de renverser une partie du canon du christianisme en présentant sa vision de Jésus, souvent considéré comme un guerrier violent qui n’hésite pas à utiliser une épée. Le point culminant survient lorsque les jeunes protagonistes transforment une statue en bois de Sainte Marie en un jouet sexuel pour se donner du plaisir. On pensait que cette scène chatouillait certains désirs cachés chez les observateurs, mais il en résulte simplement un blasphème gratuit.

Étant donné que certains de ses personnages et situations sont tellement exagérés, il est difficile de prendre ce film au sérieux. Ils finissent par être comiques, une parodie d’eux-mêmes. L’exemple marquant est le Nonce de Lambert Wilson, une accumulation de clichés sur la religion et la Renaissance italienne. Il semble que les fans devront attendre La matrice 4 pour voir à quel point cet acteur peut être bon pour représenter un méchant bien scénarisé.

Il y a beaucoup de sexe dans le film, peut-être trop. Gerard Soeteman, qui a travaillé sur la première ébauche du scénario, a demandé à être retiré du générique et a quitté le projet. En fin de compte, la sensation est que vous avez espionné comme un voyeur certaines choses qui étaient censées rester secrètes. Il est loin le temps où Verhoeven émerveillait le monde par son audace en Instinct primaire, il apparaît aujourd’hui que le réalisateur néerlandais n’abuse des scènes sexuelles que pour cacher la vacuité de son histoire.

But: 5/10

Comme l’explique la politique d’examen de ComingSoon, un score de 5 équivaut à « médiocre ». Les points positifs et négatifs finissent par se nier, ce qui en fait finalement un lavage.


Divulgation: Le critique a assisté à une projection au Festival de Cannes pour le Benedetta revoir.

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