Ozoir-la-Ferrière: «Ricochets» ne rebondira plus sur l’actualité municipale


«Ricochets», le journal satirique d’Ozoir-la-Ferrière, inspiré de «Charlie Hebdo», semble avoir vécu ses dernières heures. Dans le dernier numéro, son nouveau rédacteur en chef, François Carbonel, 64 ans, annonce la mort du trimestriel. «Oui, il n’y a plus de Ricochets », Confirme celui qui se définit lui-même comme« provisoire et révocable. »Avant d’évoquer la naissance probable d’une nouvelle publication.

Lancé en 2001 par Jean-Louis Soulié et sa femme Isabelle Monin (ancienne épouse du dessinateur satirique Cabu *), «Ricochets», c’était des courriers de lecteurs, des interviews, des caricatures, des articles sur les commerçants de la ville, des critiques et des révélations… Notamment des pots-de-vin, au fil des années, de ce qui allait devenir l’affaire France Pierre, dans laquelle le maire réélu Jean-François Oneto (LR) est mis en examen.

Se qualifiant d ‘«indépendant», «Ricochets» était-il neutre? Clairement non pour le maire, qui l’a vite catalogué à gauche. «C’est une équipe de revanchards, qui n’a jamais admis mon arrivée aux responsabilités en 2001 avec, parmi eux, l’ancienne adjointe à la culture [ NDLR : Isabelle Monin ] de Jacques Loyer (PS), l’ancien maire, voilà », tacle le maire d’Ozoir réélu en juin dernier.

Un journal d’opposition pour le maire

Et de poursuivre: «Ils se sont clairement positionnés comme un véritable journal d’opposition municipale. Depuis 20 ans, j’ai appris à les ignorer, à les mépriser. La disparition de Ricochets m’importe peu. »

Dans le dernier numéro, Jean-Louis Soulié raconte les vaines tentatives d’apaisement avec le maire, dès 2002. L’arrivée au sein de la rédaction de membres de l’association Ensemble, créée par Dominique Lebreton, n’a certainement pas changé la vision de l’édile. L’ancien conseiller municipal (SE) allait en effet devenir son opposant «historique».

L’association est désormais présidée par Bruno Wittmayer (SE). Lequel a lui-même été candidat malheureux aux municipales, en juin dernier, face au maire sortant. C’est son refus de fusionner la liste d’Ensemble, avec celle commune au second tour à Jean-Pierre Bariant (LREM) et Joseph Garcia (SE), qui a mis le feu aux poudres au sein de la rédaction de «Ricochets» .

Un profond désaccord sur l’entre-deux-tours

Et un conduit à son implosion. En particulier, après la prise de position de Jean-Louis Soulié en faveur de la fusion totale des listes concurrentes contre leur adversaire commun, Jean-François Oneto, dans son éditorial du numéro 78, au mois de juin dernier. «On était tous en désaccord sur l’attitude de la liste de Bruno Wittmayer», affirme le toujours directeur de la publication qui, à 74 ans, continuez de monter les pages du journal, à 800 km de là, dans le Sud.

«Chez Ensemble, ils se sont sentis trahis», explique François Carbonel. Un sentiment partagé par les non-adhérents d’Ensemble, accusés de favoriser la liste Bariant-Garcia. «Bruno Wittmayer n’a fait que démolir cette alliance», déplore le rédacteur en chef, en assurant que «Ricochets» s’était positionné, en 2018, pour ne pas être le journal d’Ensemble. »

Bulletin L’essentiel du 77

Un tour de l’actualité de la Seine-et-Marne et de l’IDF

«Se maintenir, c’était prendre le risque de faire réélire Jean-François Oneto», souligne Jean-Louis Soulié. La mésentente de ses rivaux a fini par faire gagner le maire pourtant, pour une fois, obligé de passer par un second tour.

«Le journal confondait indépendance et neutralité», accusent Bruno Wittmayer

«On n’avait pas non plus à faire du forcing sur nous pour réaliser cette fusion contre-nature», se défend Bruno Wittmayer, qui y voit aussi une tentative de mainmise sur Ensemble. Pour lui, la passion a dépassé la raison. «Le journal n’avait plus cette neutralité. Il confondait indépendance et neutralité », lance-t-il.

Pour le candidat d’Ensemble, la fin ne justifiait pas les moyens. «Gagner pour gagner, pour se retrouver pendant des années à avaler des couleuvres et être en permanence dans des sables mouvants, ce n’était pas la peine, affirmer-t-il. C’est dommage mais c’est comme ça. »

La fin de «Ricochets» semble donc actée. Mais une équipe rajeunie serait en train de se monter. Une page Facebook a déjà été créée à la mi-décembre. En attendant une version papier.

* Décédé lors de l’attentat contre «Charlie Hebdo», en 2015, le dessinateur avait vécu près de huit ans à Ozoir, entre 1968 et 1976.

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