Opinion : La crypto-monnaie peut-elle vous protéger de l’inflation ?


Mark Zelmer est l’ancien surintendant adjoint des institutions financières au BSIF et agrégé supérieur à l’Institut CD Howe. Jeremy Kronick est directeur associé de la recherche à l’Institut CD Howe.

Les gens ont de nombreuses attentes heureuses à l’égard des crypto-monnaies alors qu’ils recherchent des moyens de mener leurs affaires financières en dehors du système financier traditionnel. Ils espèrent qu’à mesure que la crypto et sa technologie de blockchain de soutien mûriront, il n’y aura finalement aucun retard dans le règlement de leurs transactions, des transactions transfrontalières moins chères et aucun frais embêtants sur les comptes bancaires, entre autres avantages.

Beaucoup imaginent également que les actifs cryptographiques peuvent les protéger de la hausse de l’inflation. Cela, cependant, est un avantage que les actifs cryptographiques n’offrent pas.

Les actifs cryptographiques tels que bitcoin et ethereum et leur technologie de blockchain décentralisée offrent la promesse qu’à un moment donné dans le futur, il sera peut-être possible de fixer le prix des biens et des services et de faire libeller son épargne, par exemple, en termes de bitcoin ou d’éthereum, puis d’effectuer transactions de manière plus rapide et plus sécurisée que ce qui est possible dans le système financier actuel avec son infrastructure informatique vieillissante. Des lois et des règlements appropriés peuvent aider les Canadiens à profiter des avantages des actifs cryptographiques émis par le secteur privé sans être indûment exposés à des risques critiques.

Les Canadiens seront cependant déçus s’ils pensent que la détention et la transaction d’actifs cryptographiques les sauveront de l’inflation. Des actifs tels que Bitcoin et Ethereum n’ont aucune valeur intrinsèque. Leurs prix, ou leurs taux de change si vous préférez, sont extrêmement volatils d’un jour à l’autre et d’une semaine à l’autre, avec des fluctuations de prix quotidiennes allant jusqu’à 30 %, ce qui n’est pas rare. Il serait alors très difficile pour une entreprise d’établir le prix de ses biens et services ou pour les Canadiens d’avoir confiance dans la valeur de leurs économies.

Considérez : Le public n’est pas enthousiasmé par la volatilité que nous voyons dans les prix de l’essence, qui peuvent monter et descendre de quelques cents le litre au cours d’une journée. Pensons-nous vraiment qu’il tolérerait les fluctuations extrêmes qui pourraient s’ensuivre si tous les biens et services et l’épargne étaient libellés dans une crypto-monnaie privée qui n’était liée à rien d’autre que son propre algorithme ?

Même si les règles du jeu ont encouragé une demande plus stable, de sorte que nous éliminons en grande partie la volatilité quotidienne des prix, des actifs tels que le bitcoin et l’éthereum sont également peu susceptibles de bien servir les Canadiens contre des tendances d’inflation plus persistantes. L’une des raisons pour lesquelles l’étalon-or a été abandonné par la plupart des pays dans les années 1930 était qu’il s’agissait d’une camisole de force trop rigide ; l’offre d’or ne pouvait pas s’adapter aux variations de la demande de monnaie au cours d’un cycle économique. Cela a conduit à de nombreux booms et récessions et finalement à la Grande Dépression. La Grande Dépression, bien sûr, a mené à la création de la Banque du Canada.

Pensez maintenant à une économie où un actif cryptographique privé tel que le bitcoin ou l’éthereum, avec des algorithmes stricts régissant son approvisionnement, sert de monnaie et donc d’unité de compte pour la plupart des achats de biens et de services et de base pour évaluer l’épargne personnelle. Une telle économie souffrirait des mêmes défauts que l’étalon-or inflexible et laisserait le public seul pour faire face à des chocs majeurs, comme une pandémie mondiale ou une crise financière. Ce n’était pas acceptable dans les années 1930. Il est peu probable qu’elle soit plus acceptable aujourd’hui.

Et si Bitcoin et Ethereum modifiaient leur algorithme de manière à être plus réactifs à l’évolution de la demande de monnaie ? Malheureusement, il est peu probable que les intérêts d’un émetteur cryptographique privé s’alignent sur ceux de la société en général, ce que nous avons vu à plusieurs reprises au fil du temps avec d’autres formes d’argent privé. La tentation de profiter de la surémission d’une crypto-monnaie privée pourrait être trop difficile à résister à un moment donné dans le futur. Il suffit d’examiner de nombreux programmes de points pour voir comment la valeur d’achat de leurs points s’érode progressivement au fil du temps à mesure que les règles du programme évoluent.

Tout cela suggère qu’il y a de nombreux avantages à tirer du fait que le dollar canadien ou une forme quelconque d’actif cryptographique lié au dollar canadien continue de servir de monnaie aux Canadiens dans le monde émergent de la cryptographie. En effet, nous croyons qu’un nouveau cadre juridique et réglementaire pour les actifs cryptographiques devrait encourager l’émission d’actifs cryptographiques étroitement liés au dollar canadien.

Mais les Canadiens n’utiliseront probablement des instruments tels que la monnaie que si l’inflation est maîtrisée. Avec la lecture la plus récente à 5,7% – près de quatre points de pourcentage au-dessus de l’objectif – il reste encore beaucoup de chemin à parcourir. C’est la Banque du Canada, et non les actifs cryptographiques, qui doit nous y amener.

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