Omnisports. Le plan de bataille du nouveau président du sport breton – Omnisports




Quel a été votre parcours jusqu’à la présidence du Comité régional olympique sportif de Bretagne?

Je connais un peu la musique et le projet qui a été écrit ces dernières années puisque j’étais président délégué aux côtés de madame Jacqueline Palin. Le sport est mon ADN, j’ai fait beaucoup de cours à pied quand j’étais à l’université avec quelques bons résultats au niveau régional et même national. Je pratique beaucoup de sports, mais le principal est le hockey subaquatique, que j’ai toujours dans mes bagages un palet et une paire de crosses. Je suis nomade depuis mes 16 ans et j’ai fait plusieurs fois le tour du monde. Et au périple de mes voyages, à Cuba, en URSS et en Chine où je fais de la formation pour ce sport-là, j’ai essaimé ce sport-là. J’ai même été coach de plusieurs équipes chinoises. C’est une discipline atypique, puisqu’on fait du sport sans respirer… c’est une particularité. En 1980, quand je suis arrivé à Rennes, j’ai monté le club Rennes Sports sous-marins, qui a été un pilier en France. Rennes est souvent champion de France.

J’ai créé le premier championnat de France sur grand écran à la piscine aquatique en 1988. Et j’ai produit deux films dont un sur ce sport-là, «Hockey story» pour Canal +. De fil en aiguille, j’ai intégré le comité départemental des sports sous-marins puis le niveau régional. Et parallèlement, j’ai intégré la commission nationale du hockey où j’ai été président pendant 12 ans de fédération française d’études et de sports sous-marins. Au niveau du comité régional, j’ai aussi développé une stratégie de développement des activités subaquatiques et notamment au niveau du hockey dans les années 2000 avec les emplois jeunes. Avec monsieur Le Roux, on a développé toute une pédagogie avec des outils pour l’enseignement de ce sport (CD, valise pédagogique… traduits en espagnol et en anglais). Ça a été le détonateur de plein de connexions. Comme j’avais des connexions avec le milieu olympique, Lucien Thomas m’a demandé de venir travailler au Cros.

Un nouveau défi pour vous?

Le projet mis en place il y a maintenant plusieurs années va être consolidé et amplifié. On a vu que les disciplines travaillaient chacune dans leur coin et on s’est dit: «pourquoi ne pas les faire travailler ensemble». Et là, on a mis en place le mouvement olympique territorial, c’est-à-dire, le mouvement breton où l’ensemble des structures départementales olympiques et l’ensemble des comités travaillent ensemble de façons transversales aujourd’hui sur le sport santé , le développement durable, l’éducation de la citoyenneté… Paris 2024. Mais le sport n’a jamais connu une période aussi complexe à appréhender et à gérer. À cause de la crise sanitaire, des mutations au niveau de la position et des envies des pratiquants, dans l’importance grandissante du numérique et de la diminution des financements publics, de l’évolution des territoires, de la mise en place de la nouvelle gouvernance du sport, qui prend effet au 2 avril prochain. Et sur une ligne de mire les Jeux 2024 sur lesquels vont venir se greffer un certain nombre d’actions et des interactions avec d’autres secteurs d’activité. Sur un collectif véritablement transformé le mouvement sportif en force.

Quels seront les axes que vous allez développer dans les années à venir?

Il va maintenant falloir se réinventer en manière organisationnelle, relationnelle sur des sujets transversaux. Et sur une baisse des subventions publiques donc il faut faire évoluer notre modèle économique de demain comme vendre de la prestation par exemple. Les clubs ne sont pas habitués à ça. Développer le sport en entreprise par Bret’on mouv où les clubs sont en capacité à traverser une plateforme numérique proposant des activités physiques auprès des entreprises voire du management. On est précurseur en France par notre capacité à avoir trouvé une dynamique collective. Il faut qu’on soit unis dans notre effort, unis pour trouver des financements publics et privés. On a des partenariats privés qui émergent aujourd’hui et qui vont s’accélérer demain…

Mais les grands axes sont évidemment le sport santé. On a répondu à l’appel d’offres de l’ARS (agence régionale de santé) et on a été retenu comme étant le référent régional du sport santé en Bretagne. L’éducation de la citoyenneté par l’objectif de Paris 2024: facilité l’adhésion des jeunes aux clubs sportifs par la «carte passerelle», «mon club près de chez moi»… La réflexion par le Lab Innovation sportive: quel sera le club de demain à l’horizon 2030? Proposera-t-il d’autres services, des prestations? Et enfin développer l’observatoire du sport parce qu’on sait compter le nombre de licenciés mais il y a plus de gens à pratiquer du sport hors des clubs. À un moment donné, quand vous avez une politique sportive à mener sur un territoire et il faut cette connaissance supplémentaire. Cet observatoire alimente de façon quantitative et qualitative la définition de la politique publique sportive, les stratégies de certaines ligues en mettant des diagnostics en place mais également sur la relation emploi-formation.

La crise sanitaire a fragilisé le monde sportif: quels sont les moyens que vous allez pouvoir apporter aux clubs et pratiquants?

À travers un certain nombre de dispositifs comme la prestation d’activités physiques auprès des entreprises, les cartes passerelles et mon club à côté de chez moi pour inciter les jeunes à adhérer à des clubs sportifs plus facilement .. Elles seront reconduites voire amplifiées à la rentrée. À la fois faire prendre conscience que le sport est au cœur de la société et apporte des bienfaits à la fois physiques mais psychiques. Et il faut aussi communiquer sur les structures que parfois les gens ne connaissent pas pour que derrière, les émulations se fassent.

Le nombre de licenciés a baissé dans tous les clubs: comment envisagez-vous de les faire revenir?

Il y a plus de pratique hors club que de licenciés. Pour autant, le principal c’est que les gens pratiquent une activité physique. Après, on préfère que ce soit en club. Mais il faut essayer de comprendre pourquoi les gens ne vont plus en clubs: ils ont forcément d’autres attentes et d’autres besoins. C’est pour cela qu’on a une réflexion à l’horizon 2030 pour adapter nos structures pour qu’on puisse accueillir les gens d’une autre manière sans leur faire faire de la compétition forcément mais pour qu’ils prennent du plaisir. Peut-être avoir des espaces de garde d’enfants, peut-être avoir des espaces de travail, des lieux hybrides où on peut faire mille choses. Le sport doit se réorganiser et se réinventer.

Avec la crise qui est en cours, les licenciés qui sont en baisse, les bénévoles qui se sont un peu éloignés, craignez-vous que des clubs ne s’en remettent pas?

C’est évident que certains clubs qui avaient des bases fragiles, ça peut amener des disparitions. Les chiffrer, ça me paraît compliqué mais il y aura peut-être des mouvements de rapprochement qui vont se faire. Aujourd’hui, il est un peu tôt pour l’affirmer. En termes d’emploi… pour le moment, il y a surtout de la casse psychologique plus que de la casse financière pour le moment. Certains avaient un peu de trésorerie d’avance, il y a eu de l’aide de l’état et de la région Bretagne. Mais pour autant, quand il faudra rembourser les salaires, il faut que derrière les gens reviennent faire de la pratique sportive. On va percevoir cet impact plutôt à la rentrée que maintenant.

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