« Nous devons renforcer la sensibilisation sur la pollution numérique »
Sur quoi repose la loi dont vous êtes le principal concepteur ?
Cette loi comporte 25 articles, et est d’application immédiate puisque 4 d’entre eux seulement contiennent des décrets. Elle repose sur plusieurs piliers. Le premier concerne la sensibilisation, la formation ou l’éducation sur le sujet. J’ai été stupéfait de traverser il y a quelques temps une marche pour le climat où se distinguaient plusieurs jeunes qui se mettaient en live sur la toile ! C’est inconscient ! Le numérique, ce n’est pas virtuel, ça consomme énormément d’énergie ! On ne peut se battre contre le réchauffement climatique et être tout le temps collé à son smartphone. Il est donc nécessaire de mieux expliquer sur quoi repose cette pollution numérique.
Est-ce que ce n’est pas lié au fait que la pollution numérique reste encore très en deçà des radars médiatiques ? Personne n’en parle…
Peut-être, en effet. Tous les leviers d’action n’ont pas le même impact. C’est le deuxième pilier de la loi. Souvenons-nous de la problématique des déchets il y a 25 ans en arrière. Personne ne triait, ou si peu. Nos enfants, par l’éducation, ont activé une prise de conscience collective. Il faut donc y aller crescendo sur le sujet. L’idée est de faire en sorte que les fabricants d’équipements ou les concepteurs d’applications incorporent désormais cette nouvelle donnée. Lors des premières heures du confinement, en deux jours, le débit numérique a été multiplié par deux. On doit savoir que le téléchargement d’un film peut être vingt fois plus consommateur d’énergie selon la manière dont on va le regarder, plutôt en wifi qu’en streaming, par exemple. Les fabricants d’équipements doivent donc participer à cet effort de sensibilisation. L’obsolescence du matériel pèse à hauteur de 80 % sur la pollution numérique. Il faut faire en sorte que les constructeurs ne vous imposent pas de mises régulières à jour qui affaiblissent la qualité de votre matériel et n’ont aucune utilité vitale. 95 % des mises à jour ne servent à rien. Favoriser la durée de vie d’un équipement est aussi un chantier immense à lancer : un smartphone, ce sont 200 kilos de matériaux soutirés à la planète ! Il faut impérativement reconditionner les matériels, pour une deuxième, voire une troisième vie, parce qu’ils contiennent des métaux rares. 15 millions d’appareils numériques dorment dans les trottoirs en France !
Comment les collectivités territoriales peuvent-elles être associées à la démarche ?
Le télétravail a certes permis de limiter les déplacements… mais a multiplié le matériel à mobilisateur pour travailler chez soi comme au bureau. Et comme les pèsent pour 80 % sur la pollution numérique globale, c’est plutôt une mauvaise nouvelle. Je suis optimiste sur la prise de conscience des fabricants. Il faut désormais que les collectivités s’emparent du sujet et en fassent un axe de leur politique RSE.
Stéphane Menu
Ne manquez pas Mardi 14 juin 2022 de 11h à 12h30 notre web-conférence interactive en partenariat avec l’UGAP et le réseau des Interconnectés « Green IT : comment réduire l’impact environnemental du numérique ? ».
Cette web-conférence se déroulera en présence de Patrick ChaizeSénateur, Céline ColucciDéléguée générale des Interconnectés, Pénélope GuyResponsable Développement Numérique Responsable & Responsable Marché UGAP – Société APL-Data Center, Caroline ZornVice-présidente de l’Eurométropole de Strasbourg, Sophie PrévôtCheffe de projet numérique responsable à Rennes métropole et à la Ville de Rennes et de Stéphane Menujournaliste.
[affimax]