Neige, pluies verglaçantes et froid : le bilan complet en Bretagne – Actualités météo


Les dates du 9 au 13 février 2021 auront été marquantes en Bretagne. En effet, l’hiver s’est affirmé comme rarement il l’avait fait au XXIe siècle sur la région. En l’espace de cinq jours, la Bretagne était touchée par deux passages neigeux importants, une journée sans dégel et surtout des pluies verglaçantes totalement exceptionnelles. Voici un retour sur ces évènements qui ne sont pas passés inaperçus. 


Dimanche 7 et lundi 8 février : baisse des températures


Les chutes de neige étaient annoncées déjà depuis cinq jours avec des quantités remarquables envisagées sur toute la région. En effet, une masse d’air froid en provenance de Sibérie et canalisée par les Iles Britanniques redescendait sur l’ouest de la France. L’air froid en altitude fait baisser remarquablement les températures à partir de dimanche. Au plus fort de la journée, on relève plus que 7.2°C à Brest, 6.6°C à Lannion ou 5.9°C à Hédé. Mais l’air doux n’est pas si loin. En effet, un système dépression reste en marge sur l’Atlantique.


Mardi 9 février : chutes de neige avec des heureux et des déçus


Depuis maintenant cinq jours, les chutes de neige sont annoncées sur la région. Toute la Bretagne semble concernée par l’épisode. Pour retrouver la trace d’une prévision aussi généralisée avec de la neige sur la Bretagne, il faut remonter à 1986. La Bretagne était recouverte de 5 à 15 cm durant le mois de février. Durant ce mois de février 1986, une vague de froid avait été à l’origine de températures glaciales et de records de neige au sol comme à Rennes où 16 cm avaient été mesurés.


La neige débute à la mi-journée sur le Finistère où quelques flocons blanchissent les sols du Léon. Ailleurs, il s’agit de pluies tandis que la température n’affiche que 0 à 2°C. Il y a une explication à ce phénomène qui était prévu bien plus au sud et qui a retardé considérablement l’arrivée de la neige en Bretagne. Une anomalie positive s’est glissée en altitude avec des températures positives. Le flocon a fondu entre 1200 mètres et 400 mètres d’altitude pour se transformer et dans certains cas, la pluie a gelé sur les dernières centaines de mètres qui mènent au sol. D’où la présence de ce petit grésil ou de cette pluie bruyante en milieu d’après-midi en Ille-et-Vilaine et sur une partie du Morbihan. En fin d’après-midi, la neige a commencé à tenir sur les Côtes-d’Armor puis la température est devenue de nouveau négative sur tous les étages de l’atmosphère en Ille-et-Vilaine et sur le Morbihan. La neige a commencé à tomber puis à tenir assez rapidement sur des sols froids. Les chutes de neige ont duré entre 4 et 8 heures en fonction des secteurs concernés. Le Morbihan, le sud du Finistère et une grande partie de la Loire-Atlantique seront les grands perdants de cette salve neigeuse puisque toutes les précipitations sont tombées au moment de la présence de cette anomalie douce en altitude.



Sur l’épisode, on mesure dans les Côtes-d’Armor : 20 cm à Lanfains, 19 cm à Louargat, 16 cm à Saint-Glen, 15 cm à Plaine-Haute, 15 cm à Bégard, 15 cm à Pléneuf-Val-André, 14 cm à Bobital, 13 cm à Bourbriac, 13 cm à Plérin-sur-Mer, 13 cm à Trégrom, 12 cm à Guingamp, 12 cm à Plounévez-Quintin, 12 cm à Plufur, 11 à Plœuc-l’Hermitage, 10 cm à Plélan-le-Petit, 10 cm à Lamballe, 10 cm à Hillion, 10 cm à Jugon-les-Lacs, 10 cm à Saint-Lormel,  9 cm à Saint-Gilles-du-Mené, 9 cm à Pleudihen-sur-Rance, 8 cm à Corlay, 8 cm à Saint-Cast-le-Guildo, 7 cm à Etables-sur-Mer, 7 cm à Plestin-les-Grèves, 7 cm à Lannion, 7 cm à Rostrenen, 5 cm à Camlez et 2 cm à Bréhat.


En Ille-et-Vilaine : 17 cm à Bazouges-la-Pérouse, 15 cm à Pleurtuit, 10 cm à Saint-Aubin-d’Aubigné, 9 cm à Saint-Malo, 9 cm à Saint-Gilles, 8 cm à Vignoc, 8 cm à Saint-Brice-en-Coglès, 8 cm au Mesnil-Roch, 8 cm à Vitré, 7 cm à Bréal-sous-Montfort, 7 cm à Dol-de-Bretagne, 7 cm à Breteil, 6 cm à Betton, 5 cm à Vern-sur-Seiche, 5 cm à Cancale, 4 cm à Rennes, 3 cm à Laillé et 2 cm à Bais.


Dans le Morbihan : 6 cm à Mauron, 6 cm à Saint-Léry, 5 cm à Guer, 4 cm à Guilliers, 2 cm à Ploërmel, 2 cm à Saint-Malo-des-Trois-Fontaines, 2 cm à Locminé, 2 cm à Kernascléden, 2 cm à Loyat et 1 cm à Taupont.


Dans le Finistère : 9 cm à Guerlesquin, 5 cm dans les Monts-d’Arrée, 4 cm à Morlaix, 3 cm à Lanhouarneau, 2 cm à Plounéventer, 2 cm à Plouzané, 2 cm à Plouguerneau, 1 cm à Ouessant, 1 cm à Porspoder, 1 cm à Pleyben, 1 cm à Gouézec et 1 cm à Bannalec.


Pas de mesure en Loire-Atlantique.



Capture de Saint-Brieuc, Rennes, le Mené et Saint-Malo : Images sentinelles – Serge Zaka


L’épisode n’est pas si exceptionnel que ça sur la Bretagne. L’arrivée de la neige est toujours un évènement pour le Bretons mais des précédents assez proches et plus intenses se sont produits. Ces chutes de neige sont les plus importantes depuis mars 2013 mais depuis les années 2000, on retrouve au moins 5 évènements plus importants.


2018 : épisode de neige entre le Finistère-nord et le Centre de la Bretagne avec 10 cm localement.


Mars 2013 : entre 20 et 30 cm près des côtes de la Manche.


Décembre 2010 : 20 à 40 cm sur la nord de la Bretagne avec même jusqu’à 60 cm dans les Monts-d’Arrée.


2006 : Jusqu’à 6 cm dans les rues de Rennes. Un épisode de neige qui avait concerné une partie de la Bretagne à nouveau.


Février 2004 : Une petite anomalie d’altitude avait stationné sur le Centre-Bretagne avec des accumulations conséquentes de près de 50 cm localement.


Mercredi 10 février : froid intense et absence de dégel


Après une nuit marquée par une très nette accalmie et un temps calme mais froid. Le réveil se fait donc sous la neige pour le nord de la Bretagne. Cette fois l’air froid est bien installé sur toute la région et la bise de nord-est s’est levée dans la nuit. Elle accentue la température ressentie commence à bien s’abaisser et les paysages sont splendides au lever du jour grâce à un ensoleillement qui s’affirme. Vu du satellite, on distingue parfaitement la couche de neige qui s’est emparée des secteurs au nord de la région. Le ciel se couvre par le sud progressivement l’après-midi et sur certains secteurs, il n’est pas observé de dégel de journée. Une première depuis mars 2018. La couche neigeuse tombée la veille s’est donc parfaitement maintenue sur les sols.



Jeudi 11 février : un programme canadien


La nuit de mercredi à jeudi est la plus froide de l’hiver et ce malgré un rayonnement nocturne limité en raison de la présence d’un vent continental marqué entre 40 et 50 km/h. On relève des gelées sur toute la Bretagne (îles comprises). La mesure la plus basse est pour la station de Saint-Glen (22) avec -8.4°C.




Le ciel se couvre rapidement au lever du jour, ce qui augure une journée sans dégel sur une grande partie de la Bretagne. Plus que le gel, ce sont des pluies verglaçantes qui sont redoutées par les services météo pour cette journée. Comme pour mardi, une masse d’air doux gagne en altitude mais la température des sols est sol est cette fois très basse puisque sur une grande partie de la Bretagne, le thermomètre indique une valeur négative. Toutefois, au petit matin, les intempéries annoncées en fin de journée sont éclipsées par l’arrivée d’un front neigeux sur le Pays Bigouden. Les chutes de neige virevoltent sur toute la façade Atlantique jusque sur le Finistère-nord. Le tapis blanc prend de l’épaisseur au fil de heures. Sur les réseaux sociaux, les internautes postent des photos de Vannes, Lorient, Saint-Nazaire, Nantes, Quimper ou Pornic sous la neige. Même si les quantités mesurées au sol sont plus raisonnables que pour l’épisode survenu 48 heures au préalable, la neige rend les conditions de circulation difficiles sur la façade sud.


On mesure : 5 cm à Arradon (56), 5 cm à Quimper (29), 5 cm à Pleuven (29), 5 cm à Sarzeau (56), 5 cm à Quiberon (56), 4 cm à Guénin (56), 4 cm à Melgven (29), 4 cm à la Baule (44), 4 cm à Villeneuve-en-Retz (44), 3 cm à Plomeur (56), 3 cm à Fouesnant (29), 3 cm à Nantes (44), 3 cm à Pluméliau (56), 3 cm à Auray (56), 3 cm à Saint-Michel-Chef-Chef (44), 3 cm à la Plaine-sur-Mer (44), 3 cm à Loctudy (29), 3 cm à Erdeven (56), 3 cm à Clohars-Carnoët (56),  2 cm à Concarneau (29), 2 cm à l’île de Groix (56), 2 cm à Scaër (29), 2 cm à Riec-sur-Belon (56), 2 cm à Lorient (56), 2 cm à Marzan (56), 2 cm à la Feuillée (29), 2 cm à Belle-Ile (56), 2 cm à Inzinzac-Lochrist (56), 2 cm à Pont-l’Abbé (29), 2 cm à Plomelin (29), 2 cm à Redon (35), 1 cm à Hennebont (56), 1 cm à Brest (29), 1 cm à Plougastel-Daoulas (29) et 1 cm à la pointe du Raz (29).


Dans l’histoire des épisodes neigeux, le Morbihan et le sud du Finistère tirent rarement leur épingle du jeu. D’ailleurs pour retrouver la trace de quantités neigeuses aussi importantes sur cette zone il faut remonter avant les années 2000. Nous restons quand même loin des records de neige au sol à Quimper, Lorient et Saint-Nazaire.



Cette neige en quantité n’était pas une bonne nouvelle en vue de l’épisode de pluies verglaçantes attendu en soirée. Le neige devient éparse en cours d’après-midi, les pluies verglaçantes débutent même sporadiquement dans le Lorientais en début d’après-midi. Après une averse de neige, la neige se transforme en pluie sur le Finistère-nord puis les Côtes-d’Armor et le Morbihan. Il s’agit de petites bruines verglaçantes faibles mais qui glacent instantanément au sol. Au cours de son déplacement vers l’est, l’évènement prend une proportion exceptionnelle. Malgré la faiblesse des précipitations et la petite durée de l’épisode, le verglas se généralise. Les conditions de circulation se dégradent d’abord dans le Trégor pour l’heure du couvre-feu (18h). Une heure après, les difficultés se concentrent plutôt vers le Goëlo. C’est à partir de 20 heures et malgré les conditions de circulation fluides à cause des restrictions sanitaires que la situation devient totalement inédites. L’ensemble du réseau routier des Côtes-d’Armor est touché. Une grande partie des routes morbihannaises sont également impraticables. Le réseau routier de l’intérieur du Finistère se trouve également fortement tendu. Le phénomène d’ampleur exceptionnel conduit les autorités à lancer des messages aux habitants pour les dissuader de prendre la route. La couche de verglas atteint parfois près d’un centimètre au sol. Dans l’histoire, il faut remonter à février 1987 pour trouver la trace d’un tel épisode de pluies verglaçantes. Les quelques témoignages de l’époque concernaient surtout le Pays de Lorient. Les pavés de la ville avaient provoqué des chutes et des hôpitaux s’étaient encombrés d’habitants qui avaient glissé sur ces pavés. Pour l’épisode de février 2021, ce sont les saleuses qui se sont retrouvées bloquées dans le fossés. Au lever du jour, les images sont parfois insolites. Certains font du patinage artistique dans la rue de leur lotissement, d’autres prennent en photo la végétation prise au piège par la glace.



Chaussées impraticables : Breizh-Clichés – Troguéry (22)


Le phénomène est appelé la surfusion. Il ne menace pas le végétal tant que le phénomène ne s’éternise pas dans la durée. Le principe même de la pluie verglaçante est basé sur la surfusion. La surfusion c’est l’état dans laquelle une matière reste liquide à une température inférieure à son point de solidification. A partir de ce moment, le moindre obstacle va accélérer le processus de solidification et donc la glace. Dans ce cas, la goutte de pluie en touchant instantanément un objet va verglacer.



Exemple de surfusion : Gilles Réguer – Plestin-les-Grèves (22)


Vendredi 12 février : de la paralysie au lent retour vers la normale


Après une matinée totalement improbable sur la Bretagne, les conditions de circulation ne s’apaisent que lentement. Les services municipaux attendent le dégel dans les Côtes-d’Armor qui ne viendra pas en matinée. Le réseau principal est le seul qui retrouve de la lisibilité en matinée. Dans le Finistère et le Morbihan, ce sont les secteurs des Montagnes Noires, du Lorientais et des Monts d’Arrée qui sont concernés de la même manière que leurs voisins costarmoricains.



En cours d’après-midi de vendredi, les températures remontent. On retrouve progressivement une situation moins anormale. Le réseau routier secondaire commence à être praticable normalement tandis que certains secteurs resteront encore verglacés jusqu’au lendemain matin.


Samedi 13 février : la crainte de nouvelles pluies verglaçantes


La journée de samedi est marquée par l’arrivée d’une nouvelle perturbation qui n’apportera que quelques rares pluies et quelques plaques de verglas locales. En effet, la perturbation apportera des virgas (précipitations qui n’atteignent pas le sol) et les températures remontent progressivement pour repasser dans le positif.


Un tel épisode hivernal et on nous parle de réchauffement climatique ? Il faut remettre les choses dans leur contexte


On observait sur les réseaux sociaux, certains internautes se questionner sur le réchauffement climatique tandis qu’une vague de froid touche la Bretagne. Voici quelques éléments de réponse pour remettre les choses en ordre. En terme de neige, cet épisode n’est pas exceptionnel. Les épisodes neigeux n’ont pas été nombreux ces dernières années mais depuis 1945, la neige est tombée avec des quantités nettement plus abondantes. Voici quelques exemples dans les villes bretonnes. Les records de neige au sol sont de 42 cm à Rostrenen (2010), 32 cm à Brest (1983), 28 cm à Quimper (1990), 23 cm à Saint-Brieuc (2010), 20 cm à Saint-Nazaire (1986), 17 cm à Dinard (1980), 16 cm à Nantes (1955), 16 cm à Rennes (1986) ou 16 cm à Lorient (1986). On estime sur les quantités neigeuses que l’épisode est plus important depuis 2013.


Le froid a dominé du 9 au 13 février en Bretagne avec une belle anomalie négative sur les températures. Les maximales étaient parfois inférieures de 6 à 10°C aux normales saisonnières. Pour retrouver la trace d’une journée aussi froide, il ne faut remonter qu’à la fin février 2018 en Bretagne.


De plus la nuit de mercredi à jeudi est la plus froide de l’hiver mais nous sommes encore particulièrement éloignés des records absolus de froid pour un mois de février. Quelques exemples : -13.4°C à Brest (1948), -11.2°C à Rennes (1948), -15.1°C à Pontivy (1986), -14.6°C à Ploërmel (1986), -15.6°C à Nantes (44) …


Si on scrute bien les valeurs et les années de ces records. On remarque que ces records sont très anciens et ils ne sont plus battus ni même approchés ces dernières années. A l’inverse, sur ces trois dernières années le mois de février a été deux fois sur trois exceptionnel à plusieurs titres.


  • En 2019, toutes les stations météo régionales ont amélioré leur record en douceur avec parfois +2 à +3°C sur l’ancien record
  • En 2020, aucune gelée relevée en Bretagne en février
  • Tous les après-midis du mois en 2020 ont été au-dessus de la moyenne saisonnière (sauf deux après-midis sur les stations qui vont le plus à contre-sens de cette tendance).
  • En 2021, la perspective d’une seconde quinzaine plus douce ne nous garantit pas un mois de février plus froid que la normale saisonnière malgré cet épisode de froid.

La vague de froid comme celle du 9 au 13 février 2021 est finalement devenue rare dans le paysage climatique des années que nous vivons. Sur ces trois dernière années, elle marque une anomalie appréciable qui permet de redécouvrir la neige, le froid et les contrastes que peut offrir une saison comme l’hiver. Malgré deux épisodes neigeux qui rentrent parmi les six épisodes les plus importants depuis 2000 et une vague de froid modéré sur la Bretagne, le seul évènement exceptionnel qui aura marqué cette période reste les pluies verglaçantes. De telles pluies ne se produisent qu’une fois tous les 50 ans sur une telle étendue à l’échelle de notre région.


Merci à vous pour votre contribution



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