Négociations tendues autour du plan social chez Sandvik Material Technology France à Chârost


Les relations sociales se tendant entre les 51 salariés et la direction de l’entreprise Sandvik material technology France, à Chârost. Un peu plus d’un mois après l’annonce du groupe suédois de son souhait de se désengager du site, le 14 octobre dernier, les salariés ont entamé, ce lundi matin, un débrayage de deux heures «reconductible tous les matins», précise Pascal Pichon, délégué CFDT, pour dénoncer les conditions de départ et de reclassement dans le cadre du plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) «qui ne nous convient pas», justifie la trésorière du comité social et économique (CSE).

L’entreprise est spécialisée dans la fabrication de tubes de précision en acier inoxydable à destination des secteurs de l’aéronautique et du nucléaire.

Problème de compétitivité

La direction de Sandvik avait justifié son choix de quitter Chârost pour «restaurer sa compétitivité» et «éviter les pertes» accumulées, selon elle «depuis 2016». L’activité nucléaire, une activité de niche, ne permet pas de combler la dégringolade de l’activité aéronautique. «Les investissements demandés pour être plus compétitifs n’ont pas été faits, rétorque le CSE. Le Covid est un prétexte, nous sommes sur la sellette depuis cinq ans. »

La société Sandvik souhaite quitter Chârost, 51 salariés dans le flou

Première pierre d’achoppement: la durée du congé de reclassement. De 12 à 18 mois (en fonction de l’âge et de la fragilité du salarié), il a été porté de 14 à 24 mois par la direction. «Mais vu le contexte, on a demandé qu’il soit de 18 à 36 mois», réclame le CSE. Le congé de reclassement doit permettre au salarié de bénéficier d’actions de formation et de l’aide d’une cellule d’accompagnement des démarches de recherche d’emploi.Faute de repreneur, 51 salariés suivre de perdre leur emploi d’ici fin 2021.

Deuxième motif de conflit, la négociation autour de la prime supra légale de licence, en fonction de «que la pyramide des âges est élevée» justifie l’élue du CSE. «Sur demande un prime de 120.000 euros par personne, plus 1.000 euros par année d’ancienneté», explique le délégué CFDT. «Vu le marché du travail localement et la moyenne d’âge des salariés, on se doute que des gens ne vont pas retrouver un travail», justifie Pascal Pichon.

D’autant que Mecachrome, à Aubigny-sur-Nère, Rosières à Lunery, Comatelec à Saint-Florent-sur-Cher ou encore Auxitrol à Bourges ont déjà annoncé des plans sociaux ou arrêt d’activité. Et que le gros employeur voisin Safran, à Issoudun (Indre), spécialisé dans les sièges d’avion, connaît de grosses turbulences économiques.

Dans sa communication du 14 octobre, la direction évoquait la suite de l’activité aéronautique «jusqu’au 31 mars» 2021, quand, pour la division nucléaire «pour laquelle des contrats en cours restent à honorer», la poursuite est annoncée «jusqu ‘au 30 septembre »2021.

«Charge de travail importante»

«Les gens sont loyaux envers Sandvik, ils continuent de travailler, souligne la trésorière du CSE. Des clients nous font de grosses commandes car ils ne savent pas où les tubes seront fabriqués, ça nous fait une charge de travail importante. »Selon les représentants du personnel, les quelques postes proposés en interne sont trop éloignés de la région soit ne correspondent pas à certains postes.

Les salariés s’accrochent à un potentiel repreneur recherché par le groupe Sandvik depuis août. «On espère avoir du concret d’ici Noël», explique l’élue du CSE. «Notre priorité, c’est la recherche de repreneurs pour l’activité nucléaire et l’ensemble du site, confirme la communication de la direction. Nous avons trois ou quatre dossiers solides. »

Prochaine réunion de négociation le 3 décembre. Mais la direction des ressources humaines doit rencontrer, ce mardi matin, l’ensemble du personnel pour une réunion d’information. «On souhaite la concertation», insiste la direction.

Le maire de Chârost Ludo Coste assure ne pas vouloir baisser les bras. La mairie a mis en place un comité d’accompagnement avec plusieurs acteurs publics du développement économique de la région et les parlementaires locaux. «Sur une démarche active de facilitation de reprise d’activité», explique le maire, notamment pour la partie nucléaire de Sandvik material technology France. L’élu se projette aussi sur une autre activité porteuse d’avenir, l’hydrogène vert sur lequel le site industriel de Chârost est, selon lui, «bien placé. »

Thomas Migault

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