Micron Technology fête ses 40 ans au sommet de sa puissance, mais son avenir est incertain


C’est la fête chez Micron Technology. Le fleuron américain des puces mémoires célèbre son 40e anniversaire dans l’allégresse. Et pour cause, jamais le deuxième fournisseur US de semi-conducteurs derrière Intel n’a été en aussi bonne forme. Sur son exercice fiscal 2018 clos en août dernier, le groupe, qui emploie 34000 personnes dans le monde, affiche un chiffre d’affaires de 30,4 milliards de dollars en bond de 50% et un bénéfice net de 14,1 milliards de dollars, trois fois celui de l’exercice précédent. La marge d’exploitation flirte avec les 50%, contre 29% un an auparavant.

Chiffre d’affaires triplé en 5 ans

C’est le deuxième exercice consécutif de vache grasse exceptionnelle après l’explosion du chiffre d’affaires de 64% sur l’exercice fiscal 2017 et le passage à un bénéfice net de 5,1 milliards de dollars, contre une perte de 276 millions de dollars sur l’exercice fiscal 2016. Des performances qui ont propulsé Micron Technology au rang de quatrième mondial fournisseur de semi-conducteurs en 2017, derrière Samsung Electronics, Intel et SK Hynix, alors qu’il se classait septième en 2016 selon le cabinet IHS Markit. En 5 ans, il a décuplé son chiffre d’affaires, et sa capitalisation boursière a gonflé de 150% à près de 48 milliards de dollars aujourd’hui.

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Ces beaux résultats, il les doit à un contexte de marché particulièrement favorable, marqué à la fois par une forte demande des puces mémoires dans les smartphones, les serveurs et les datacenters, et par une flambée sans précédent des prix. Un cycle haussier à l’œuvre depuis le deuxième semestre 2016. En tant que troisième fabricant mondial de cette famille de composants derrière les coréens Samsung Electronics et SK Hynix, il en profite à plein.

Micron Technology est fondée en octobre 1978 à Boise, dans l’Idaho, un Etat davantage connu pour ses cultures de pomme de terre que pour les semi-conducteurs. La start-up se trouve confrontée dans les années 1980 au rouleau-compresseur japonais dans les mémoires Dram, une invention pourtant américaine. Intel, Motorola, Texas Instruments, IBM… Les fabricants américains sont contraints, l’un après l’autre, de se retirer. Micron Technology est le seul à résister. Le basculement du marché en faveur des fabricants coréens lui offre même l’occasion de prendre sa revanche en rachetant en 2001 les mémoires Dram de Toshiba et en 2012 Elpida Memory, l’entreprise japonaise regroupant les mémoires Dram de NEC, Hitachi et Mitsubishi Electric.

Menace chinoise prix au sérieux

Symbole du retour de l’Amérique dans les semi-conducteurs après une décennie de domination japonaise, Micron Technology constitue, aux yeux de Washington, l’un des joyaux industriels américains dans le secteur aux cotés d’Intel, Qualcomm ou Texas Instruments. Quand le chinois Tsinghua Unigroup lance une offre non sollicitée à 23 milliards de dollars pour le racheter, l’initiative provoque une levée de bouclier au Congrès sous la houlette du sénateur républicain John McCain.

Mais qu’en-t-il de l’avenir? A moyen terme, les analystes se révèlent plutôt confiants et voient la société tenir le choc du retour du marché des mémoires avec sur les trois exercices à venir un chiffre d’affaires stable autour de 30 milliards de dollars et un bénéfice net de 10 à 13 milliards de dollars. Rien à avoir avec le trou d’air de l’exercice 2016. Mais à long terme, l’incertitude reste de mise. En 2019, commencez la déferlante chinoise sur le marché avec le risque de créer des surcapacités de production et de provoquer l’effondrement des prix. Sans compter la perte d’une partie importante du marché chinois, le plus gros au monde pour cette famille de puces.

Le PDG Sanjay Mehrota a beau assurer ne pas craindre cette concurrence à venir, Micron Technology, le plus petit des trois premiers fabricants de mémoires dans le monde et donc le plus vulnérable, prend la menace chinoise très au sérieux. C’est pourquoi il se montre agressif dans la défense de ses intérêts, n’hésitant pas à attaquer les futurs entrants chinois et leurs alliés taiwanais pour vols de secrets technologiques. Une tactique qui lui vaut de voir, en signe de rétorsion, une partie de ses produits interdite à la vente en Chine.

Avec l’arrivée d’acteurs chinois, un autre chapitre de la bataille des puces mémoires s’ouvre. Micron Technology saura-t-il résister cette-fois comme il a su le faire face aux Japonais? C’est là toute la question.

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